L'urbanisation est aujourd'hui un phénomène planétaire, elle produit un mode de vie particulier et est à l'origine des bouleversements sociaux et culturels importants. Il me semble indispensable de porter désormais un regard singulier sur nos villes, dans l'optique de contrôler leur fonctionnement et leur évolution. Et en cela, l'anthropologue peut apporter une réponse significative.
Aujourd'hui mieux qu'hier, Douala est une ville de nouveaux venus ayant apporté avec eux leur langue, leur tradition, leur religion et dont il faut désormais accompagner l'intégration. On a coutume de dire que Douala est une ville cosmopolite, mais est-ce que les pouvoirs publics intègrent ce que cela implique comme conséquence ?
Le mardi 04 avril dernier, aux environs de 9h du matin au quartier Ndogbati, précisément à l'entrée du collège Bénédicte, j'ai assisté impuissant à un événement particulièrement traumatisant. En effet, il s'agissait d'un accident de la circulation comme on observe très souvent à cet endroit. Une collision entre un camion poids lourd appartenant à la première entreprise brassicole au Cameroun et une moto qui transportait 4 personnes. Parmi les blessés, deux cas préoccupants relevés, j'ose croire qu'il n'y a pas eu de mort une fois à l'hôpital.
Face à certaines situations de la vie, on se rend compte de la fragilité de notre existence et surtout du niveau de désorganisation de la société dans laquelle nous vivons. Chez nous par exemple, vous pouvez être victime d'un accident et mourir sur place pas tant que le choc était grave mais plutôt parce que vous n'avez pas été pris en charge assez rapidement. Il n'y a rien de prévu pour réagir promptement quand il y a un accident sur la voie publique dans le sens de secourir les blessés. Il faut le plus souvent attendre qu'un membre de votre famille arrive sur le lieu de l'accident ou qu'une âme de bonne volonté prenne l'initiative de vous transporter vers un centre hospitalier. Les services de secours sont inexistants.
Un autre aspect a interpelé ma curiosité ce jour-là, les quatre personnes qui étaient sur la moto étaient visiblement ressortissants du Grand Nord, et l'attitude du conducteur m'a fait douter de sa compétence en matière de conduite. Avait-il seulement un permis de conduire (CATÉGORIE A), je ne pense pas. Sans aucune stigmatisation, c'est un secret de polichinelle si je dis ici que ces compatriotes motos-taximen sont impliqués de plus en plus dans les accidents de la circulation à Douala et ce n'est pas le fait du hasard.
Il est peut-être temps que les autorités en charge de la ville et des organisations en la matière mettent sur pied un programme spécifique d'intégration communautaire dans la ville par ricochet une prise en charge spécifique des ressortissants du grand Nord. On observe bien que ces derniers sont en difficultés dans la ville du fait de nombreux paramètres, manque de repère, niveau d'instruction basique, connaissance approximative des langues officielles...
Ils ont besoin d'aide et d'accompagnement !
Comme l'a rappelé M.Gluckman « un citadin africain est un citadin » pour dire que dans les grandes villes africaines aujourd'hui notamment à Douala, il existe des procédés communs à tous les citadins du monde. Il s'agit précisément de l'individualisme des citadins et leur attitude de réserve et de distance devant la diversité des situations rencontrées dans les espaces publics. Dans ce contexte indéniable, les autorités en charge de la ville de Douala ont le devoir de faire en sorte qu'un compatriote ne soit pas marginal dans cette ville d'accueil.