Afrique de l'Ouest: Une étude recommande la mise en place d'un système de management des risques du marché financier de l'UMOA

Atelier sur la cartographie des risques du marché financier de l'Union monétaire ouest africaine (Umoa), le 06 avril 2023 à Dakar
6 Avril 2023

L’Autorité des marchés financiers de l’Union monétaire ouest-africaine (AMF-UMOA) a présenté ce jeudi 6 avril à Dakar, la cartographie des risques du marché financier de l’UMOA et la mise en place d’un système de management de ces risques.

Le secrétaire général de AMF-UMOA, M. Ripert Bossoukpe rappelle que c’est dans le cadre de la réalisation des chantiers de réforme visant à faire de notre place financière, un espace sûr, dynamique et sécurisé, que l'Autorité a entrepris de doter le marché financier régional de l'UMOA d'une cartographie des risques et d'un système de management de gestion des risques.

Pour lui, l'enjeu de la mise en place d'une cartographie des risques est, d'une part, de distinguer la problématique liée au développement du marché et aux risques supportés par les investisseurs et, d'autre part, de réaliser l'un des objectifs importants de régulation des marchés financiers à savoir la réduction des risques systémiques.

A son avis, la mise en place de cet outil devrait non seulement permettre à l'AMF-UMOA de faire évoluer son approche de régulation et de supervision en la fondant sur les risques, et aux acteurs, d'améliorer leur processus de management des risques pour orienter et développer leurs activités.

Avant de notifier qu’il en est de même du Comité de Stabilité Financière, instance mise en place par les superviseurs du secteur financier de l'Union monétaire Ouest Africaine, dont l'objectif est de limiter le risque systémique en traitant les principales externalités du système financier, notamment les défaillances collectives des établissements dues à leurs interrelations et à leurs expositions communes.

De l’avis du secrétaire général de l’autorité, des marchés financiers, cette cartographie sera par conséquent, un outil de définition de sa politique de supervision macro-prudentielle.

L'objectif de cet atelier était de permettre aux initiateurs de s’assurer que les conclusions des travaux, répondent aux attentes de la place, en termes d'identification des risques significatifs du marché et des mesures de leur mitigation. Ce qui, d’après M. Bossoukpe, contribuera, à n'en point douter, à rendre le marché financier régional, plus robuste et conforme aux standards internationaux.

Il est également attendu des conclusions de l’étude de permettre aux acteurs de s'assurer que les vulnérabilités et menaces identifiées intègrent les nouveaux risques induits par l'environnement régional et international actuel marqué par les tensions dans plusieurs zones.

Il nous faudra donc nous assurer de la prise en compte des risques systémiques, pouvant découler des interconnexions avec les autres segments du système financier régional ainsi qu'avec l'environnement financier international, dira-t-il.

Un marché à haut risque malgré le potentiel

Le cabinet Mazars qui a été commis pour faire cette étude fait état d’activités du marché des titres publics par adjudication (UMOA-Titre) avec des voies d’émission sur le marché des titres publics de MFR qui sont peu diversifiées et des titres publics majoritairement émis par la voie d’adjudication.

Pour le compte du cabinet d’étude, M. Babacar Sène, Directeur des études et des statistiques de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar faits savoir que l’évolution du nombre de transactions des titres publics enregistre une saisonnalité marquée par une période de baisse au 2ème et 3ème trimestre de l’année et une période de hausse au 4ème trimestre de l’année.

A l’en croire, les Obligations assimilables du Trésor (Oat) ayant un coupon élevé sont soumis à un faible volume de transactions sur le marché des titres publics. Ils ont généralement une maturité longue et sont moins liquide sur le marché des titres publics.

D’après lui, cette faible liquidité est due à leur cherté sur le marché et que le volume de transactions des BAT enregistre une croissance au cours de ces dernières années.

Concernant les activités du marché des titres publics par syndication (Brvm), M. Sène confie que les émissions de titre par voie de syndication sont un moyen très efficace de faire de la gestion active de la dette publique.

Cependant, s’est-il désolé, à part la Côte d’Ivoire, très peu d’Etat de l’union, utilisent ce mode d’émission.

Avant de préciser que c’est le mode d’émission privilégié pour les émissions de long terme, ces émissions sont effectuées avec le concours du trésor public.

Pour les activités du marché des titres privés (Brvm), l’étude renseigne que le marché des actions a connu des moments de croissance et de récession.

A en croire ses auteurs, la politique de fractionnement du capital sur le marché financier établie pour améliorer la liquidité sur le marché des actions a connu un effet inverse sur la période de 2017 à 2020.

Selon eux, le nombre de transactions ainsi que la capitalisation boursière sur le marché des actions ont connu une baisse dans cette même période.

Avant de préciser que cet effet inverse est dû à une mauvaise communication des informations sur le marché financier.

Et d’ajouter que le nombre de transactions sur le marché obligataire a une évolution croissante à l’inverse du marché des actions. Le marché obligataire enregistre des risques de marché moins faible.

Par contre, fait remarquer la même source, les obligations à longue maturité sont soumises à des risques de taux et des risques de fluctuation du prix du titre à long terme.

Selon le cabinet, la politique de fractionnement du capital a réduit les indices boursiers de chaque secteur d’activité ainsi que le ratio prix sur bénéfice des sociétés cotées.

Il ajoute que le marché des Organisme de Placement Collectif en Valeurs Mobilières (Opcvm) est peu liquide. En effet, on note une stationnarité du rendement sur le marché des OPCVM causée par une variation faible de la valeur liquidative

Des réformes nécessaires pour changer la donne

Le cabinet Mazars reconnait que le Marché financier régional a connu des avancées significatives ces dernières années. Toutefois, a-t-il souligné, des réformes sont nécessaires pour lui permettre de remplir sa fonction essentielle de financements efficients des économies de l’UEMOA.

Nos spécialistes estiment que des réformes sont nécessaires à plusieurs niveaux notamment la Réduction de l’étroitesse des marchés primaire et secondaire en renforçant le nombre de sociétés cotées et en mettant en place des mécanismes destinés à augmenter la liquidité.

Il s’agira aussi de mettre en place des mesures incitatrices pour renforcer la dynamique des sociétés cotées en Bourse après avoir bénéficié de financement d’une société de capital investissement disposent de plusieurs atouts (discipline financière, création de valeur, réduction des asymétries d’information, etc.).

Il sera également question  d’améliorer la culture boursière grâce à des actions de communication, de formation et de certification des praticiens du marché Proposer des certifications pour les praticiens du marché, tels que la certification CISI-UMOA proposée par UMOA-Titres.

Mais aussi proposer des certifications en lien avec les activités de la BRVM en s’inspirant également des modèles de l’Autorité des Marchés Financiers (AMF France). Sans oublier des certifications pour garantir la qualité des transactions financières.

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