Après Rouen en janvier dernier, l'activiste gabonaise, Nina Dickambi, a réaffirmé lundi 3 avril 2023 à Evreux, une commune française, préfecture du département de l'Eure en Normandie, sa détermination à dénoncer et à lutter contre les crimes rituels, une pratique courante en période électorale au Gabon.
« Ils sèment la peur dans les foyers, avec une recrudescence en période pré-électorale. Ce sont les crimes rituels, ou assassinats avec prélèvements d'organes. Un phénomène qui touche profondément et sérieusement le Gabon. A quelques mois des élections, nous voulons tout simplement, à travers ce point de presse, dénoncer et condamner les sacrifices humains qui visent à favoriser une promotion politique ou professionnelle pour les commanditaires. Dans mon pays le Gabon, l'assassin et le commanditaire sont rarement arrêtés et jugés. Différentes contraintes bloquent l'action judiciaire : menaces et pressions contre les familles, corruption des agents de l'État, coût trop élevé des procédures ou des autopsies », dénonce cette rescapée, mère de trois enfants.
« Il faut que ça s'arrête. La vie humaine est sacrée et ne peut pas être banalisée au Gabon », a martelé la jeune activiste gabonaise sous les applaudissements nourris et prolongés de l'assistance très colorée.
« Les crimes rituels au Gabon sont liés à une perception autre du pouvoir en place depuis des années et de ses sources, mais l'émergence d'un pays se base sur l'instauration d'un Etat de droit, dans lequel il faut instaurer la méritocratie changer de comportement, éduquer le peuple gabonais, mettre fin surtout à l'impunité », a précisé Nina Dickambi.
On rappelle qu'un bilan de l'association de lutte contre les crimes rituels (ALCR), publié en mars 2016, faisait état d'une hausse de ce type d'assassinats depuis 2012.
En 2013, 40 corps mutilés par des crimes rituels ont été retrouvés contre 38, en 2014, 45, en 2015, et 16 pendant le premier trimestre de l'année 2016.