L'hôpital Général Idrissa Pouye (HOGIP) de Grand Yoff «agonise», selon l'intersyndicale des travailleurs de ladite structure. En point de presse hier, mercredi 5 avril, leur porte-parole, Cheikh Seck, a avancé que l'hôpital manque d'appareil d'urgence pour prendre en charge les malades, surtout pendant et après les opérations. «Actuellement, pour opérer, vous avez besoin de matériels de stérilisation, l'autoclave est en panne depuis un mois. Après l'opération, vous avez besoin d'amplificateur de brillance et sur les 14 salles, un seul fonctionne» a-t-il renseigné. L'intersyndicale a aussi fustigé la gestion du directeur et compte le poursuivre en justice.
Depuis plusieurs mois, le mécontentement des travailleurs de l'hôpital Général Idrissa Pouye (HOGIP) de Grand Yoff ne fait que monter. Les acteurs multiplient des sit-in, des grèves pour se faire entendre. Ils réclament de meilleures conditions de travail, le renforcement de matériels médicaux mais aussi une meilleure considération salariale. Malgré leurs nombreuses sorties, la Direction reste toujours muette face à ces accusations surtout de mauvaise gestion dudit hôpital de niveau III. Hier, mercredi 5 avril, l'intersyndicale des travailleurs de l'hôpital Général Idrissa Pouye a encore tenue une assemblée générale suivie d'une point de presse.
Selon Cheikh Seck, porte-parole de l'intersyndicale, par ailleurs représentant du personnel au sein du Conseil d'administration de l'hôpital, la «santé pour tous est un droit pour tout sénégalais». Seulement, à HOGIP, «nous posons la question de savoir : est-ce qu'on est dans un État ? Car un Etat cherche d'abord des moyens pour permettre à la population d'avoir accès à un droit fondamental qui est dans la Constitution sénégalaise et qui est le droit à la santé», a-t-il fait savoir. Et de poursuivre : «notre responsabilité, en tant qu'agents de santé qui avons prêté serment, est de veiller à ce que toute personne qui vient dans cet hôpital et qui a besoin de soin, puisse avoir une satisfaction. On ne peut pas donner des moyens à cet hôpital avec un budget de 9 milliards. Et chaque fois que l'argent entre, on a l'impression que c'est mis dans un sac troué».
Pour les camarades de Cheikh Seck, la gestion de la Direction de HOGIP est en train de porter atteinte à la qualité des prestations dans ledit hôpital. «Allez au bloc opératoire, au niveau des urgences, de la chirurgie générale, de la neurochirurgie, de l'orthopédie, des malades qui ont fait des traumatismes attendent 20 jours avant d'être opérés. Certains qui ont les moyens, préfèrent aller vers les cliniques privées», se désole M. Seck. Et d'ajouter : «actuellement, ne serait-ce que pour opérer, vous avez besoin de matériels de stérilisation, l'autoclave est en panne depuis un mois. Quand vous opérez, vous avez besoin d'amplificateur de brillance et sur les 14 salles, un seul fonctionne et c'est dangereux».
UN PERSONNEL «NON» QUALIFIE POUR LE TRAVAIL D'UN PROFESSIONNEL
Selon l'intersyndicale de l'hôpital Général Idrissa Pouye de Grand Yoff, des étudiants en médecine ont été dépêché par la Direction de l'hôpital pour assurer le service lors de leurs précédentes manifestations. «Quand nous sommes allés en grève, ils sont allés prendre des étudiants qui ont installé de gros malades. Un des patients est même mort sur la table et nous ne comptons pas laisser cela sans suite. Il faut que la population fasse attention. Quand les gens sont en grève, on met à leur disposition des personnes qui n'ont ni la compétence, ni la qualification. A ce niveau, nous interpellons directement le ministre de la Santé qui est médecin et qui sait ce que c'est prendre la responsabilité de prodiguer des soins à un malade», a avancé Cheikh Seck.
L'intersyndicale a aussi fustigé les ponctions sur les salaires, après les états d'humeur. «Les agents de santé qui ont travaillé le matin, jusqu'à 10 H, pour aller en sit-in, se retrouvent avec des ponctions sur leurs salaires. Ce mois-ci, la Direction leur a coupé plus de 80 mille FCFA sur leurs salaires mensuels. Il y a des éléments dont on doit tenir compte pour faire une opposition de salaire ; malheureusement, ils n'existent pas. Sur ce point précis, nous ne nous laisserons pas faire», a-t-il estimé.
Face à tous ces manquements relevés par l'intersyndicale, les camarades Cheikh Seck appellent à revoir les critères de nomination des préposés à des postes de Direction des hôpitaux. «On choisit des agents fonctionnaires de l'Etat à qui on donne des Directions. Mais, il faut un contrôle ; comme dans toute mission, il faut savoir ce que les gens sont en train de faire. Savoir si cela répond réellement à la politique définie par l'Etat», a indiqué le porte-parole qui dénonce les voyages coûteux du responsable de la structure sanitaire.
Pour ces agents, admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite, à compter du 1er avril, tous les actes que le directeur posera ne les engage pas. Aussi, il compte le poursuivre en justice.