Congo-Brazzaville: Agro-industrie. Gilbert Ondongo - 'Maloukou produira jusqu'à 3000 tracteurs l'an'

interview

Représentant personnel du président de la République, chargé du suivi et de l'évaluation des plans et programmes, Gilbert Ondongo dévoile aux « Dépêches de Brazzaville » les suites de l'implantation dans la Zone industrielle et commerciale de Maloukou de l'usine Eco-Comaco spécialisée dans le montage des machines agricoles. Issue d'un partenariat entre l'entreprise chinoise Yto, premier fabriquant des tracteurs au monde, la société congolaise Eco-Oil Energie et l'Etat congolais, Eco-Comaco est un pari que fait le président de la République sur l'industrialisation et la diversification de l'économie congolaise, estime Gilbert Ondongo. Entretien exclusif.

Les Dépêches de Brazzaville (L.D.B.) : Monsieur le représentant personnel du président de la République, en quoi consiste la réception par l'Etat congolais, ce 6 avril, de l'usine Eco-Comaco ?

Gilbert Ondongo (G.O.) : L'industrie est quelque chose de très complexe. Nous avons une première étape qui nous a permis de créer, en 2019, un partenariat avec une entreprise chinoise, une entreprise privée congolaise et l'Etat. Il se trouve que la pandémie de covid-19 survenue à la fin de la même année avait tout arrêté. Nous avons donc assisté à un passage à vide jusqu'en 2022 du fait de cette crise sanitaire. Maintenant que la Chine, restée longtemps confinée, s'ouvre à nouveau au monde, nous avons pu faire venir nos partenaires chinois parce que ce sont eux qui s'occupent de la partie technique de l'usine et de monter la chaîne de production. C'est ce module qui nous a été livré aujourd'hui, avant le lancement effectif de la production. Nous allons nous organiser de façon provisoire avec le concessionnaire du parc industriel de Maloukou (l'opérateur rwandais Crystal Ventures-NDLR) qui a promis de mettre en place, dans six mois, une centrale avec des générateurs pour fournir l'électricité qui pourrait permettre à notre entreprise commune, dans une deuxième phase, de démarrer la production.

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L.D.B. : A la phase active de production, combien de machines pourront être montées et à quel rythme ?

G.O. : Les partenaires chinois estiment, en fonction de la qualification des ouvriers, que l'usine a été dimensionnée pour produire 3000 tracteurs l'année. Dans le meilleur des cas, ils pourront produire 30 tracteurs par jour et donc, à terme, dépasser 3000 tracteurs l'année. Comme n'importe quel produit industriel, on pourra vendre au niveau national tout comme à l'étranger. Les machines destinées à l'importation seront naturellement acheminées vers le Port de Pointe-Noire. Pour les tracteurs destinés à la vente locale, nous avons un espace suffisant pour l'entreposage, mais ceci relève de la stratégie de management. L'Etat est actionnaire et l'entreprise aura son organigramme ainsi qu'une direction générale pour définir sa stratégie commerciale. Dans un premier temps, quelque 200 emplois directs seront créés, et en règle générale, en économie un emploi direct appelle au moins trois emplois indirects, voire jusqu'à dix emplois indirects dans certains cas.

L.D.B. : Vous évoquez cette aide promise par le partenaire rwandais concernant l'électricité, à long terme ne pensez-vous pas que l'Etat devra oeuvrer à l'autonomie d'ECO-Comaco sur ce plan ?

G.O. : En créant cette zone économique à Maloukou, l'Etat a naturellement prévu de l'approvisionner en électricité de façon pérenne. Dans le cadre du boulevard énergétique national, les travaux pour connecter la Zone industrielle de Maloukou sont en cours. Grâce à un emprunt de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique, nous apporterons l'électricité jusqu'à Maloukou. On ne peut pas concevoir une zone industrielle et ne pas penser à l'alimenter en électricité.

L.D.B. : Il y a ce rêve de faire de Maloukou une grande zone de production industrielle dans la perspective du pont route-rail Brazzaville-Kinshasa qui devrait être implantée de ce côté-là.

G.O. : Voici la vision du président de la République : depuis son premier projet de société « La Nouvelle espérance » jusqu'à celui qui est en cours « Ensemble poursuivons la marche », permettez que je le dise avec ces mots, il est obsédé par le développement de son pays. Il a réfléchi et il sait par où passer pour aller au développement. Il sait qu'il faut une population bien formée : éducation, formation qualifiante. Une fois cet aspect humain considéré, il est aussi établi que partout au monde, le développement arrive avec l'industrialisation. Ce n'est pas pour rien que l'on dit des pays développés qu'ils sont des pays industrialisés. Le développement d'un pays est donc en grande partie lié à son industrialisation. On peut citer l'exemple des nouveaux pays industrialisés, notamment ceux d'Asie du Sud-Est.

Le président de la République a compris que pour se développer , il faut mettre l'accent sur l'industrialisation. Voilà pourquoi il a pris sur lui de pousser l'industrialisation du pays en pensant aux zones économiques spéciales qui sont des supports pour industrialiser le pays et donc le développer.

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