Les avocats du leader du parti PASTEF ont fait face à la presse hier, jeudi 6 avril, après la condamnation de leur client pour diffamation à deux mois de prison avec sursis et 200 millions de FCFA en guise de dommages et intérêts dans l'affaire l'opposant au ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang. Selon eux, les appels introduits par le Procureur et le ministre visent à rendre inéligible leur client pour la prochaine élection présidentielle.
Eligibilité ! L'objectif recherché dans les appels introduits par le Procureur et le ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang est d'écarter le leader du parti PASTEF Ousmane Sonko de la prochaine élection présidentielle. C'est la conviction des avocats du maire de Ziguinchor qui ont organisé une conférence de presse hier, jeudi 6 avril. «La partie civile s'était dite satisfaite lorsqu'elle était sortie de l'audience et a remercié tous les Sénégalais. Quelque temps après, Mame Mbaye Niang a été reçu en conférence de presse et il a dit ceci : «Ousmane Sonko n'a pas encore échappé à l'inéligibilité.
Donc, la réponse à savoir qu'est-ce qui les motive, est claire. C'est pour le rendre inéligible, pour qu'il ne participe pas aux élections présidentielles en 2024», a déclaré Me Bamba Cissé. En effet, reconnu coupable du délit de diffamation contre Mame Mbaye Niang, Ousmane Sonko a été condamné en première instance à une peine de deux mois avec sursis assortie de 200 millions de FCFA en guise de dommages et intérêts le 30 mars dernier.
Selon Me Bamba Cissé, l'appel du procureur peut durcir la peine. «L'appel de Mame Mbaye Niang ne peut porter que sur ses intérêts civils, seul l'appel du parquet peut remettre en cause les dispositions pénales du jugement. Or, seul cet appel peut permettre de corser la peine. On passera de deux à trois mois et si on est à trois, Sonko ne sera plus candidat. S'il est condamné à une amende supérieure ou égale à 200 mille FCFA, il ne sera plus candidat, si la cassation confirme la position de principe du juge d'appel», explique la robe noire.
Sur ce, Me Bamba Cissé qui affirme que la justice ne doit pas être «utilisée» pour écarter des adversaires politiques, dit constater une célérité dans le traitement du dossier de leur client. Ce que confirme Me Amadou Diallo. « Il y a de la précipitation et nous le savons tous, le temps de la justice n'est pas le temps des politiques, des médias. Donc, aujourd'hui si cette justice-là s'inscrit dans la précipitation parce que dans le passé, il y a eu des antécédents, il est évident que personne n'est dupe. On a compris qu'il y a un agenda qui lui (procureur) est imposé. Ce qui est inacceptable dans un Etat de droit parce qu'une justice expéditive est une justice sous commande», a regretté Me Amadou Diallo.
Me Ousseynou Ngom de renchérir : «La décision est rendue le 30 mars. Le lendemain, nous sommes informés que des pressions ont été mises au niveau du service du greffe, du préposé à l'appel pour faire la mise en état du dossier et pour son transfert au niveau du procureur qui va diligenter le dossier et transférer au procureur général. Le lundi 3 avril, on reçoit l'information que le jugement est en phase d'être disponible. Une personne a été diligentée pour se rendre très rapidement au service des impôts et domaines pour l'enregistrement et le mercredi à 7 avril, on m'appelle pour m'informer que le jugement est disponible et vous ne pouvez le prendre que sur demande». Allant plus loin, Me Massokhna Kane soutient que l'inéligibilité d'Ousmane Sonko «mettra le pays à feu et à sang parce que personne ne l'acceptera».
Revenant sur le déroulement du procès, les avocats d'Ousmane Sonko soulignent que les droits de leur client ont été foulés au pied. «Dans cette affaire, il n'y a pas eu de procès. Le procès, c'est aussi le contenu. Dans le contenu, tous les droits de Sonko sont bafoués. Son droit d'être assisté par un avocat. Sa liberté d'aller et de venir. Le choix fait par ses partisans de l'accompagner pour assister à un procès public. Tout cela n'a pas été respecté en ce qui concerne Sonko», a fait savoir Me Amadou Diallo. Pour Me Massokhna Kane, «c'est délibérément que le tribunal a refusé que les avocats expliquent les motifs de l'absence de leur client» le jour du procès. Et d'ajouter, «Les témoins que nous avions cités, Birahim Seck et Clédor Sène n'ont pas été entendus par le tribunal alors qu'il a accepté de prendre leur citation». Cependant, les avocats d'Ousmane Sonko comptent s'organiser pour défendre les droits de leur client.