Au Mali, le onzième anniversaire de la proclamation d'indépendance de l'Azawad a été célébré ce 6 avril 2023 à Kidal, en dépit de la signature d'un accord de paix en 2015 consacrant l'unité de l'État malien. La journée s'est déroulée sans heurts, et c'est pour beaucoup un soulagement. Car, la veille, un avion de l'armée malienne avait survolé la ville à basse altitude. Les ex-rebelles de la Coordination des mouvements de l'Azawad avaient immédiatement dénoncé une violation du cessez-le-feu datant de 2014. Est-ce le cas ?
L'« accord de cessez-le-feu » signé le 23 mai 2014 par l'État malien et les groupes armés du Nord, dont les ex-rebelles indépendantistes aujourd'hui rassemblés au sein de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA), établit une « cessation des hostilités ».
Les ex-rebelles estiment que le survol par un avion de chasse de l'armée malienne - dont les missions ne sont donc ni logistiques ni humanitaires - à basse altitude et par surprise, de positions incombant officiellement à la CMA (une cartographie des différentes implantations avait également été signée à l'époque) contrevient à cet accord.
Acte d'hostilité
Raison pour laquelle le survol du 5 avril 2023, inédit depuis 2012, est perçu non seulement comme une « provocation » mais comme un « acte d'hostilité », selon les termes d'un haut cadre de la CMA, en violation du cessez-le-feu de 2014 et donc de l'accord de paix de 2015.
Dans son communiqué du 5 avril, la CMA précise qu'elle « décline toute responsabilité et conséquences issues de tels agissements ».
Silence des autorités
Ni l'armée malienne ni le gouvernement malien de transition n'ont expliqué les motivations et objectifs de cette manoeuvre militaire. Aucune réaction officielle non plus à la grave accusation formulée par la CMA.
Mais, parmi les soutiens de Bamako, c'est l'indignation : pourquoi l'armée malienne ne pourrait-elle pas survoler tout le territoire national ?
Tirs de sommation
Et de rappeler que l'avion de chasse des Forces armées maliennes (Fama) n'a pas ouvert le feu, contrairement aux combattants de la CMA qui, sans chercher à l'abattre, ont riposté par des tirs de sommation. « Ce sont donc eux qui ont violé le cessez-le-feu », répondent en substance les soutiens de Bamako. Et de rappeler que si la CMA n'organise pas directement les célébrations de l'anniversaire de la proclamation d'indépendance de l'Azawad, chaque 6 avril, elle ne s'en démarque pas non plus. En signant l'accord de paix de 2015, les groupes armés du Nord se sont pourtant rangés derrière l'unité du Mali.
Cette séquence fait en tous cas encore monter d'un cran la tension entre les groupes signataires et le gouvernement de transition, qui ne se parlent déjà plus depuis des mois. Et rend plus difficile encore la tâche du médiateur algérien, qui s'efforce de sauver l'accord de paix et d'éviter une reprise des combats que la moindre étincelle semble susceptible de déclencher.