Madagascar: Une matrone pour faciliter l'accouchement

Jadis, si, dans certains groupes ethniques, la femme accouche chez sa belle-mère ou celle-ci vient au domicile conjugal, chez d'autres peuples, son mari la ramène chez ses parents.

Quand le moment est venu, la matrone est appelée pour l'aider à accoucher. Comme sa compétence provient non d'une formation, mais d'un « don spécial qu'elle a reçu », avant de commencer son travail, l'accoucheuse obéit à un certain rite. En général, elle demande une piastre « pour que son action soit sacrée », donc ne présente aucun risque pour la mère et l'enfant. Parfois, elle utilise la terre pour dessiner des signes soit sur la main droite soit sur le ventre de la parturiente. À moins qu'elle ne crache dans sa main droite. Pendant tout le travail de la mère, l'accoucheuse masse doucement de sa main droite son ventre pour mettre l'enfant « sur le chemin à suivre ».

Puis, quand l'heure de la délivrance approche, elle utilise ses deux mains pour aider la mère à pousser. Mais avant cette expulsion, quelques mois de grossesse sont à vivre avec des hauts et des bas, des envies irrépressibles parfois même bizarres. Sinon des fureurs incontrôlables. Ces derniers comportements apparaissent dans les premières semaines de grossesse, selon les anciens alors que les rondeurs ne sont pas encore visibles. Généralement aussi, ils ont pour cible privilégiée, la famille de son mari.

À commencer par celui-ci qu'elle semble tout simplement détester et dont une simple caresse peut entrainer une grave dispute conjugale. Vient ensuite sa belle-mère qu'elle abhorre et dont la seule vue parfois, dit-on, peut provoquer des vomissements. Mais cette dernière réaction apparait surtout à certaines odeurs ou devant certains aliments, bien qu'elle adore souvent tout ce qui est viande et tout ce qui est aigre. En tout cas, le mari doit rester calme, sinon stoïque, pour éviter que cela ne dégénère et n'aboutisse à la séparation. Pour éviter que certaines envies n'aient des effets néfastes sur l'enfant qu'elle porte, jadis une liste d'interdits est imposée à la femme enceinte. La première interdiction touche l'installation d'un chambranle de porte. Autrefois, dit-on, de nombreuses femmes enceintes connaissent des complications au moment de l'accouchement parce que leurs bébés se présentent par le siège.

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Les anciens l'imputent au fait qu'elles participent à l'installation d'une porte sur leurs maisons ! Parfois, la femme enceinte éprouve l'envie irrésistible de rire ou une peur incompréhensible à la vue d'une personne difforme ou à quelque chose de monstrueux. D'après les anciens, une telle réaction est très risquée pour le foetus. En effet, la difformité ou la monstruosité dont elle a ri ou a peur, peut déteindre sur son bébé. Il est aussi interdit à la femme enceinte de manger une tortue. Ce reptile se caractérise notamment par sa tête qui apparait et disparait sous sa carapace.

Si la future maman passe outre, elle est menacée de complications au moment de la délivrance, car son bébé peut apparaitre puis rentrer dans son ventre. Un autre interdit touche encore une fois l'entrée d'une maison. Une femme enceinte ne peut rester sur le pas de sa porte comme si elle hésite à entrer ou à sortir. Selon les anciens, elle risque ainsi de ne pas pouvoir expulser son bébé. La femme enceinte ne peut pas non plus, chez certains peuples, porter un collier d'or, d'argent ou du simple toc.

Cela évitera à son enfant, assure-t-on, un étranglement par le cordon ombilical à sa naissance. De même, elle ne doit en aucun cas tuer un être vivant, tel qu'une volaille. Cela peut entrainer sa mort pendant l'accouchement pour avoir, selon la croyance, « tué une créature de Zanahary ». Enfin, pour guérir d'un malaise ou d'une maladie, elle peut recourir à un sorcier qui lui conseille des médicaments dont la prise s'accompagne d'interdits alimentaires. Ou à une masseuse qui est à même de lui donner un « bulletin de santé » du foetus et qui, si cela s'avère nécessaire, peut ordonner des médicaments assortis, évidemment, de « fady ».

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