Congo-Brazzaville: Voir ou revoir - « Mayouya » de Claudia Yoka

Long métrage comédie sorti l'an dernier lors du festival de Cannes, « Mayouya : un film africain sans budget » présente la bataille des cinéastes congolais, et plus largement des artistes africains, à pouvoir faire vivre l'industrie culturelle et artistique par des efforts personnels.

Si au sens propre dans le jargon lingala, l'une des langues nationales du Congo, « Mayouya » peut se donner à comprendre comme une magouille, pour son récent long métrage, Claudia Yoka aborde le terme sous le prisme de la débrouillardise, de la résilience et de la stratégie comme art de survie. Lesquelles aujourd'hui permettent à bon nombre d'artistes congolais de produire, de rayonner à l'international et d'espérer un lendemain meilleur. Pour ce faire, la trame dénonçant cette frustration est vaillamment portée haut par plusieurs artistes, congolais et d'ailleurs, dont Sorel Boulingui, Monie Lek, Fortuné Bateza, Mira Loussi, Herman Kimpo, Passi, Tatiana Rojo, Marie Philomène Nga, Phil Darwin, Stana Roumillac, Tata Osca, Habi Touré, Serge Abessolo, Kader Gadji, etc.

« Après sa demande de financement rejetée pour son film sur l'excision, Frédérique, jeune réalisatrice, est choquée par la proposition du directeur de la banque de faire d'elle sa maîtresse en lieu et place. Elle décide de le déstabiliser. Avec l'aide de son mystérieux ami Jo, recherché pour plusieurs braquages, et de son frère Gérard, un habitué des commissariats, Frédérique recrute des femmes aux aptitudes exceptionnelles pour braquer la banque virtuellement. Pour commencer, elle obtient du banquier la faveur de tourner quelques scènes dans ses locaux. Réussira-t-elle à porter son film sur grand écran malgré beaucoup de quiproquos amusants ? », renseigne le synopsis du film.

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Par ce film d'environ 1h 52 min réalisé en français, majoritairement au Congo, la réalisatrice congolaise montre une fois de plus son attachement à des sujets engagés. Sur fond d'humour, Claudia Yoka met en lumière les difficultés liées au manque de financement adéquat pour mettre sur le marché du cinéma des oeuvres de l'esprit de qualité, capables de redorer le blason de l'art congolais. Une réalité qui ne touche pas que le cinéma, mais plutôt tous les secteurs artistiques dans l'ensemble.

Véritable cocktail panafricain de talents internationaux et nationaux, « Mayouya » a rassemblé plusieurs pays autour d'une même cause, à savoir le Congo, la Côte d'Ivoire, le Sénégal, le Cameroun, la Guyane, la République démocratique du Congo, la République centrafricaine, le Gabon, la Guadeloupe, etc.

Née en mai 1974 à Brazzaville, Claudia Yoka est titulaire de diplômes supérieurs. Fascinée par l'univers du cinéma africain dès sa jeunesse, elle se forme alors en réalisation et marketing de films courts. En août 2002, elle crée l'association Clapcongo qui milite pour la relance du cinéma congolais et aide les cinéastes en herbe à se former en récoltant des fonds auprès des entreprises privées au Congo. Réalisatrice et coproductrice, elle compte à son actif plusieurs réalisations : Brazza Blues (2000) ; Bozoba (Absurdités en Lingala)/ selection écrans noirs ; Circonstances atténuantes (2005) ; Manigances (sélection Fespaco 2007) ; Mères chefs ; Mayouya : un film africain sans budget (2022 /prix Sanza de la M'foa).

Claudia Yoka est également la fondatrice et directrice du Festival du film des femmes africaines « Tazama » depuis 2014. Dans le cadre de sa lutte pour la promotion du cinéma congolais, le festival du film congolais a créé, à Pointe-Noire en août 2022, le prix Claudia Yoka, récompensant les jeunes réalisatrices congolaises.

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