Dakar — Le Groupe élargi de concertation et de coordination des partenaires au développement du Sénégal (G50) recommande aux autorités sénégalaises de "veiller au renforcement de la stabilité [...] politique" de leur pays et à "la mise en oeuvre effective des priorités économiques et sociales du gouvernement".
"Nous suggérons au gouvernement du Sénégal de veiller au renforcement de la stabilité [...] politique et de la fiabilité du cadre juridique. C'est un aspect tout aussi important pour le forum 'Invest in Sénégal' prévu en juin 2023, qui devrait attirer davantage d'investissements au Sénégal", a dit l'ambassadeur de l'Union européenne (UE) au Sénégal, Jean-Marc Pisani.
M. Pisani parlait au nom du G50, une association de pays et d'institutions internationales, qui sont des partenaires financiers et économiques de l'Etat du Sénégal.
Le forum "Invest in Sénégal" va "attirer davantage d'investissements" dans le pays et "contribuer à [sa] croissance économique", a-t-il dit à la fin d'une réunion du G50 avec le Premier ministre sénégalais, Amadou Ba, et d'autres membres du gouvernement.
La rencontre était une "opportunité", pour ce groupe de partenaires économiques et financiers de l'Etat, de discuter de "sujets d'intérêt commun", selon l'ambassadeur de l'UE.
Les ministres Ismaïla Madior Fall (Justice), Aïssata Tall Sall (Affaires étrangères), Antoine Diome (Intérieur), Mamadou Moustapha Ba (Finances et Budget), Oulimata Sarr (Economie, Plan et Coopération) et Abdou Karim Fofana (Commerce) ont pris part à la réunion.
Le G50 a également invité le Sénégal à "finaliser" son document de politique migratoire dont les premières propositions ont été lancées en 2018.
"Ce document devrait permettre une clarification des rôles, moyens et responsabilités des acteurs dans le domaine migratoire", a relevé M. Pisani.
Le Premier ministre Amadou Ba a dit prendre "bonne note" des recommandations des partenaires au développement.
Il s'est félicité d'un "partenariat fécond et fructueux qui se construit entre le Sénégal et ses partenaires au développement dans le cadre d'un dialogue franc et sincère permettant un alignement de vos différents appuis sur les priorités définies par le Sénégal".
Il a par ailleurs insisté sur la nécessité de trouver "une stratégie commune pour mieux coordonner nos efforts, maximiser l'impact de nos interventions et renforcer la durabilité des résultats obtenus".
Amadou Ba faisait notamment allusion aux retards dans l'instruction des dossiers de marché et de paiement, à la multiplicité des conditions préalables d'entrée en vigueur et/ou de premier décaissement, qui, selon lui, méritent d'être rationalisées.
Il a aussi évoqué "l'absence ou retard de notification formelle des décaissements effectivement réalisés, qui empêchent un meilleur suivi par nos services compétents".
Jean-Marc Pisani, également vice-président du G50, a demandé au Premier ministre et au gouvernement sénégalais d"'informer [...] régulièrement" leurs partenaires financiers de la mise en oeuvre des recommandations" qu'ils ont faites aux autorités du Sénégal en vue de la poursuite des enquêtes menées sur des fonds présumés détournés dans certains ministères.
Une partie des fonds en question provient de contributions des membres du G50 et était destinée à la lutte contre la pandémie de coronavirus au Sénégal.
En demandant aux autorités du pays de les informer régulièrement des enquêtes, les partenaires financiers de l'Etat réitèrent une demande qu'ils avaient faite en janvier dernier à la suite de la publication d'un rapport de la Cour des comptes.
"Nous restons dans l'attente de la publication des rapports annuels de la Cour des comptes 2018, 2019, 2020 et 2021, ainsi que des rapports d'exécution des lois de finances 2020 et 2021", a déclaré Jean-Marc Pisani.
Les enquêtes judiciaires sur la gestion des fonds destinés à la lutte contre la pandémie de Covid-19 continuent d'être menées "avec toute la diligence" nécessaire, a assuré, le 28 mars, à Dakar, le procureur général de la cour d'appel de Dakar, Ibrahima Bakhoum.
"La Division des investigations criminelles a fait des auditions", avait-il dit.
Des agents des ministères concernés par la gestion des fonds en question ont été auditionnés par les enquêteurs, selon le procureur général de la cour d'appel de Dakar.
Il s'agit notamment de fonctionnaires chargés de l'administration générale et de l'équipement dans les ministères de la Famille, des Sports, du Développement communautaire, des Petites et moyennes entreprises, avait-il précisé lors d'une conférence de presse.
Jean-Marc Pisani a évoqué aussi les récentes violences survenues en marge du procès en diffamation entre le ministre Mame Mbaye Niang et l'opposant Ousmane Sonko.
Elles ont engendré la mort de trois personnes, selon plusieurs médias.
"Je ne saurais terminer sans vous faire part de l'attention avec laquelle les partenaires du Sénégal suivent le développement politique et la montée des tensions, à moins d'un an de la tenue de l'élection présidentielle", a dit M. Pisani.
"Le contexte est particulier et ses développements pourraient impacter la mise en oeuvre effective de ces priorités économiques et sociales du gouvernement", a-t-il averti.
"Une participation politique pacifique et inclusive"
Le G50 estime qu'il est nécessaire de "maintenir un climat apaisé et propice au dialogue et à une participation politique pacifique et inclusive", a dit son vice-président et porte-parole. Il appelle par ailleurs à "préserver la stabilité et la démocratie au Sénégal".
Le Premier ministre a dit avoir pris "bonne note" des recommandations des partenaires financiers du Sénégal.
Il a salué le "partenariat fécond et fructueux qui se construit entre le Sénégal et ses partenaires".
Les deux parties entretiennent "un dialogue franc et sincère", selon Amadou Ba.
L'Etat du Sénégal et le G50 doivent élaborer "une stratégie commune, pour mieux unir [leurs] efforts et maximiser l'impact" des investissements publics, a-t-il dit.
Amadou Ba a fait allusion aux conditions fixées par les partenaires financiers de l'Etat pour le décaissement des contributions étrangères à l'économie sénégalaise.
"Le Sénégal s'est résolument engagé à protéger les droits et les libertés en garantissant l'exercice de ceux-ci, sous le contrôle permanent du pouvoir judiciaire", a assuré M. Ba.