Ile Maurice: Funérailles de Serge Lebrasse - Un adieu musical rempli d'émotions

«Mama zordi mwalé». Les paroles de cette chanson ont résonné hier à Plaisance et dans les rues de Rose-Hill. Maurice pleurait la mort de celui qui a redonné espoir à tout un peuple, celui dont le sourire était suffisant pour apaiser les maux de plus d'un, celui dont les mots ont consolé plus d'un.

Le grand chanteur et légende de la musique mauricienne Serge Lebrasse s'en est allé. De 1930 à 2023, à 92 ans, Serge Lebrasse laisse derrière lui tout un héritage, un livre qui s'est refermé. Il a eu droit à des funérailles dignes de celles d'une légende, la légende qu'il est, a été et sera pour toujours.

C'est vers 11 h 15 que le convoi mortuaire a quitté la chapelle ardente d'Elie & Sons hier alors que proches, amis, chanteurs, connaissances et fans faisaient le va-et-vient pour dire un dernier au revoir au défunt.

C'est sur la chanson Mama zordi mwalé que le convoi mortuaire s'est rendu au domicile de Serge Lebrasse à Plaisance, Rose-Hill, où une cérémonie musicale attendait ce dernier. Les plus grands titres de ce monument étaient au rendez-vous en passant par Madame Eugène à Mama zordi mwalé. Toto Lebrasse, son fils, s'est aussi mis au micro et à la guitare face à un public en larmes, nostalgique des moments passés avec celui qui a toujours eu le mot. Toto Lebrasse mettra fin à l'hommage musical en reprenant la chanson Moris mo pei.

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Le convoi mortuaire a ensuite mis le cap sur l'église Sainte Anne escorté par les chansons de Serge Lebrasse et des danseuses. En cours de route, Clarel Armel et son groupe ont rejoint le convoi pour reprendre en choeur les chansons de la légende, munis de guitare et de triangles. L'arrivée à l'église était orchestrée par Philippe Thomas et son groupe au son de la trompette reprenant Madame Eugène. Serge Lebrasse repose désormais en paix au cimetière St Jean à Quatre-Bornes.

Adieu à la légende Serge Lebrasse. «Nou rezwenn Lao avek to sourir», diront les artistes l'ayant côtoyé.

Témoignages des artistes

Sandra Mayotte: «J'ai beaucoup de reconnaissance pour Serge Lebrasse»

«Je me souviens d'une visite chez Serge Lebrasse où il m'a raconté son parcours. Je me souviens qu'à chaque fois il sortait ses documents et disait sans cesse, 'Aila mo bann papye la Gisèle, si mo mor, tou mo bann papye la mem'. Je lui disais qu'il n'allait pas mourir. Serge Lebrasse était une personne très disciplinée et très nostalgique ces derniers temps. Chose qui est normale car c'est le sentiment du travail accompli.»

Claudio Veeraragoo: «Il m'a donné l'occasion de chanter dans les hôtels. Un grand homme s'en est allé»

«Deux ans de cela, j'ai passé deux heures chez lui à Plaisance pour son anniversaire. On a beaucoup parlé de notre passé d'artiste surtout. Je me souviens qu'il venait à l'école primaire que je fréquentais pour nous enseigner la musique. Je le remplaçais dans les hôtels aussi. Je lui dis merci. Un grand homme s'en est allé.»

Menwar: «Lao mo ava retrouv li»

«Serge était une personne que j'écoutais depuis tout petit. Je l'ai côtoyé certes mais on n'a pas eu l'occasion de partager une scène ensemble. Je suis déjà parti chez lui plusieurs fois, on a parlé musique aussi avec ses enfants. Kapav Lao mo ava retrouv li.»

Marie Josée Couronne: «Nou ti kouma enn fami»

«On était comme une famille avec beaucoup de partage musical. J'ai perdu un ami, un frère, un exemple pour la musique locale. J'espère que les jeunes vont s'inspirer de lui. Serge Lebrasse était le roi du sega.»

Nitish Joganah: «Enn libreri finn pran dife, finn ale»

«Je me souviens de notre concert au MGI. C'était un ami, comme un frère. Honnêtement, c'est une grande perte pour tout le monde. Se enn libreri kinn pran dife, kinn ale. Une grande perte pour la culture.»

Mario Armel: «Zenes bizin pran Serge couma enn exemple ek aret ekrir ninport kwa»

«Serge était mon enseignant au primaire à l'école La Montagne. J'ai perdu un poteau, un gourou de la musique. Les jeunes doivent prendre Serge Lebrasse pour exemple et arrêter de chanter ou d'écrire n'importe quoi.»

Percy Yip Tong : «Serge Lebrasse a démocratisé le sega pour toucher toute la communauté»

«Serge était un homme simple, un grand homme, un super grand-père modeste. Ti Frer finn fer sega sorti dan linkoni ek Serge Lebrasse finn demokratiz li pou tous tou kominote.»

Denis Claude Gaspard: «On a perdu un monument»

«C'est un monument qui s'en est allé laissant derrière lui toute son écriture. Il a rassemblé toute la communauté autour de sa musique. Mon père Jean-Claude Gaspard n'a pu faire le déplacement étant en fauteuil roulant. Je présente toutes mes sympathies à la famille.»

Steve Augustin: «C'est à travers lui que j'ai commencé à chanter»

«J'ai commencé à travers Serge Lebrasse. C'était un exemple à Plaisance. Je suis triste car nous avons perdu un monument.»

Gérard Louis: «On ne le reverra plus. C'est la perte d'un monument»

«La dernière fois que j'ai rencontré Serge Lebrasse c'était pour reprendre une de ses chansons après une reprise du titre Marsan Pistas. Il s'en est allé dans des moments où on ne s'est pas revu. C'est la perte d'un monument.»

Nezari: «Li ti ena sa vre tayminn dans sega la li»

«C'était un artiste très scénique qui vivait sa musique avec son public. Il avait une manière bien à lui de danser le sega. On danse tous le sega en bougeant à gauche à droite mais Serge ti ena sa vre tayminn dans sega la li.»

Clarel Armel: «Il m'a beaucoup enseigné»

«C'était un père, un gourou. Il a chanté des titres rassembleurs. C'est un roi qui s'en est allé. Li ti fer mwa dekouver kiete sa sant dan lotel. Sa sourir la. Li ti pe dir nou isi bizin plas instriman bien, met nou ti semiz tou korek.»

Maista: «Monn perdi mo granper»

«Je n'ai pas les mots. J'ai perdu un ami, une légende, mon grand-père. Je suis venu chez lui plusieurs fois. On a travaillé ensemble. Monn perdi mo granper.»

Jimmy Veerapin: «On doit avoir notre reconnaissance artistique pour ne pas mourir dans l'oubli»

«Serge Lebrasse est un grand qui s'en est allé. Quand je vois ses funérailles, je suis pris d'un sentiment de tristesse mais aussi d'une réflexion. Il est temps de reconnaître le métier d'artiste car on a l'impression de bosser au noir. Il faut une reconnaissance artistique pour éviter qu'un artiste ne meure dans l'oubli.»

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