Tunisie: Economie de la surveillance - Un monde sans limites !

8 Avril 2023

D'après les constatations des sociologues et même de certains économistes, les technologies numériques transforment en profondeur les sociétés.

Big data, intelligence artificielle prennent des positions dominantes dans les domaines majeurs de la consommation, de la finance, de la culture, des médias... Les géants du numérique des pays occidentaux fondent leur business model sur l'exploitation de nos données personnelles. Et souvent à notre insu et en tant qu'utilisateurs d'Internet, nous sommes devenus les fournisseurs des données comportementales gratuites exploitées par les entreprises numériques pour faire des prédictions sur nos vies.

Savez-vous que dès la rentrée 2023, les petits écoliers français vont recevoir un objet un peu particulier. D'apparence normale, il est une révolution pour le monde de l'éducation. Cet objet va permettre de filmer les enfants dès lors qu'ils l'utilisent et est en mesure de communiquer aux enseignants et aux parents la moindre prise de note. Cette révolution technologie de taille sera un nouvel outil au service d'un capitalisme de la surveillance.

Vous vous direz «pourquoi pas ! Ce gadget faciliterait la vie de tout le monde et rapprochera enseignants, élèves et parents». Mais non, la question est beaucoup plus complexe qu'elle le parait. Ce stylo bien particulier avait déjà fait mouche en Chine ! Il a été fourni à un maximum d'élèves chinois du primaire et du secondaire en août 2022... Pour le ministre de l'Éducation de la République populaire de Chine, l'objectif serait de faciliter la «gestion des devoirs» et d'en avoir une «utilisation scientifique». Pourquoi pas ?

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Les radars thermiques, du nouveau pour le capitalisme de surveillance

Paradoxe et non des moindres, le capitalisme de la surveillance -- cette économie qui tire profit de la surveillance numérique de la population -- a toujours un bel avenir en terre communiste, mais pas que !

Il est ainsi facile de constater, qu'en petits pas en petits pas et pour avoir un citoyen tout à fait conforme aux attentes, récupérer de la data, plus rien ou presque n'étonne ! En matière de capitalisme de surveillance, l'Europe, dont la France, n'est pas la dernière à recourir à toutes formes de technologies de surveillance des individus, dans une intention louable cela va de soi.

Que ces technologies soient 100 % fiables ou non, là n'est pas vraiment l'important. Ce qui importe c'est d'abord que l'individu se sente épié.

Pour dire à quel point ce monde de l'économie de surveillance n'a aucune limite, il suffit d'ouvrir l'oeil.

Pour la surveillance des citoyens en Europe, un nouveau pas est en passe d'être franchi ! Bienvenue aux radars de surveillance thermique, qui, du point de vue des sociologues, relèvent d'une surveillance militaire des citoyens.

Une menace pour l'économie

Leur objectif ? Pourchasser les outrecuidants qui utilisent les voies réservées au covoiturage afin de pouvoir détecter, même au travers de vitres teintées, le nombre de passagers «les capteurs thermiques pourront détecter la présence de deux adultes sur les sièges avant ou à l'arrière de la voiture».

Si le système est présenté comme fiable, à ce jour des incertitudes demeurent sur leur capacité à identifier des bébés qui seraient installés dos à la route dans leur siège auto.

Restera alors à savoir si un bébé est une personne ou si un papa ou une maman utilisent cette voie indûment... amener un bébé à la crèche : est-ce du covoiturage ? Les débats ne vont pas manquer d'être palpitants !

Ce capitalisme numérique menace non seulement notre démocratie mais également notre économie.

Car les géants du numérique étatsuniens, les fameux Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft), écrasent aussi les entreprises et les éditeurs européens. Ces oligopoles entravent la concurrence et ralentissent l'innovation.

Les médias perdent de plus en plus leurs parts de revenus publicitaires au profit de Google et de Facebook, et le journalisme de qualité est dépouillé de sa base financière.

Cette thèse du capitalisme de surveillance a le mérite de nous mettre en garde contre une menace réelle. Pour autant, décrit-elle une fatalité ? Il ne faut pas confondre le capitalisme de surveillance avec les technologies numériques qui n'en sont que l'instrument.

Il est possible d'imaginer et de construire une société avec Internet sans cette logique de la surveillance.

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