Nouveau et troisième rapport de la Chambre des Comptes du Cameroun sur le « Fonds spécial de lutte contre le coronavirus et ses répercussions économiques et sociales».
Le texte n'a pas été présenté officiellement, mais il circule depuis plusieurs jours sur les réseaux sociaux. Il y a deux ans, le premier audit avait dénoncé des manquements « graves » dans la gestion de cette enveloppe de 180 milliards de francs CFA. Cette fois, l'examen de l'exercice de 2021 est moins sévère, mais la Chambre des comptes, chargée de s'assurer du bon usage de l'argent public, formule des recommandations et ouvre une procédure en matière de discipline budgétaire et financière.
Il y a deux ans, en avril 2021, l'organisation de la riposte sanitaire change. Une « task force » dédiée est créée à la présidence. La Chambre des comptes constate que la gestion des marchés s'en trouve partiellement améliorée. Délais raccourcis, régularisation des impayés, meilleure maîtrise des prix. Mais selon le rapport, la coordination entre la Présidence et le ministère de la Santé reste insuffisante.
Sur le plan économique et social, plusieurs milliards de francs CFA devaient être dédiés au soutien aux entreprises (volet « soutien aux entreprises » du programme du Minepat doté de 10 milliards de francs CFA) et aux ménages vulnérables (volet « filet social d'aide aux ménages vulnérables » doté de 16 milliards de francs CFA) face aux conséquences économiques de la pandémie. La Chambre des comptes note que la majeure partie de ce budget n'a pas été mis en oeuvre.
En matière de rigueur budgétaire, selon le rapport, « la gestion du Fonds spécial n'a été ni efficace, ni transparente. » Avec, par exemple, 70 milliards de francs CFA « qui n'ont pas transité par les comptes du Payeur spécialisé » ou encore des ministères qui ont fait des prévisions sans connaître leur enveloppe budgétaire.
La Chambre des comptes relève aussi un surcoût de plus de 21 milliards de francs CFA pour des tests commandés par le ministère de la Santé plus chers que le prix de référence.
Dans ses recommandations, la juridiction appelle à interroger rapidement la pertinence de maintenir des tests de dépistage rapide aux frontières.
La Chambre des comptes écrit qu'elle produira cette année un rapport spécial sur les suites données par l'exécutif à toutes ses recommandations émises au fil de son audit de la gestion des ressources affectées à la pandémie de Covid.