La Semaine olympique et paralympique qui s'est tenue sur l'ensemble du territoire français ainsi que dans le réseau des établissements français à l'étranger a pris fin, ce samedi 8 avril. L'objectif était de promouvoir la pratique sportive chez les jeunes et les sensibiliser aux valeurs citoyennes inscrites dans l'ADN de l'olympisme et du paralympisme.
À Madagascar, les écoles françaises de la capitale, Antananarivo, ont elles-aussi participé à cette grande mobilisation, en mettant particulièrement l'accent sur le thème de l'inclusion.Plusieurs fédérations handisports de l'île ont accepté l'invitation du lycée français d'Antananarivo permettant ainsi, aux élèves, de s'initier à différentes disciplines et se mettre, le temps de quelques heures, dans la peau de personnes en situation de handicap. « Et c'est le coup d'envoi du match handisport de basket ! Mazotoa daholo, et bon match ! »
Sur le terrain de basket du lycée français d'Antananarivo, deux équipes de la capitale s'affrontent. Au bord de la ligne des trois points, Aaron, élève de terminale, est concentré. En tant que « jeune officiel », il arbitre le match. C'est la première fois qu'il officie dans une compétition de ce genre.
« C'est un peu plus compliqué, on va dire, parce qu'il faut surtout faire attention à leurs bras... Ils doivent pousser deux fois. Il faut regarder le nombre de poussées qu'ils font avec leurs fauteuils... S'ils poussent plus de deux fois, c'est considéré, du coup, comme un « marcher » et ça, c'est faute. Vous voyez là, là ! Ya faute !! Latérale droite ! », explique Aaron.
Une leçon de vie
Le match est intense. Les passes s'enchaînent et les fauteuils métalliques s'entrechoquent. Dans les gradins, les yeux sont rivés sur les joueurs dont la niaque et la dextérité forcent l'admiration.
Elodie et Lou, élèves de quatrième, n'en reviennent pas : « C'est la première fois qu'on assiste à un match de basket pour personnes à mobilité réduite. C'est plutôt impressionnant parce qu'en fait, je ne m'étais jamais dit qu'il était possible de faire un sport qui nécessite beaucoup de mouvements au niveau des jambes, alors qu'on a des difficultés ou des handicaps comme ici. Cela doit demander une force incroyable au niveau des bras pour pouvoir bouger à cette vitesse ! Et la détermination qu'ils ont ! Regarde là, il y en a un qui vient de tomber ! Il est remonté direct dans son fauteuil ! C'est une leçon de vie ! »
Une leçon de vie et la preuve aussi que le sport est un formidable moyen d'insertion sociale. De cela, Fabienne Ranoromihaja, vice-présidente de la Fédération paralympique de Madagascar, en est convaincue : « C'est vraiment important pour les athlètes de la capitale de faire des démonstrations de basket sur fauteuils et surtout c'est une occasion d'avoir une certaine sensibilité et de sensibiliser les jeunes sur les sports paralympiques. Les mentalités sont en train de changer mais ce n'est pas encore suffisant. »
Lova : « Loïc, Loïc d'Antsirabe, tu prends un fauteuil s'il te plaît. Hugo ... »
Puis c'est au tour des lycéens de s'initier à la pratique du basket en fauteuil : « Kayan, ne quitte pas ton fauteuil... là tu triches là. Merci. »
« Le sport c'est une manière de montrer cela, de s'aligner avec les valides »
Après avoir cédé le sien, Dimby Rajaofetrison, joueur et président du Club omnisport d'Analamanga des handicapés physiques (Cosahp), s'installe à son tour au bord du terrain pour observer les jeunes novices.
« Il y a encore beaucoup d'efforts à faire parce qu'on est encore sous-estimés dans tout ce qu'on fait. Les gens n'ont pas confiance en nous pour ce que nous sommes capables de faire. Donc, le sport c'est une manière de montrer cela, de s'aligner avec les valides...Là par exemple, il n'a pas pu bouger avec le fauteuil. On voit qu'il essaie de rattraper la balle mais il n'a pas pu bouger avec le fauteuil et donc, il a perdu la balle. Le plus dur, après cette partie-là, c'est que ces jeunes-là vont avoir des courbatures partout ! » rit-il.
Des courbatures, sans doute mais aussi des souvenirs mémorables : « Mais ça fait super mal aux épaules ! Oh les épaules ! Ils sont trop musclés, c'est grave ! À force de pousser dans les virages, de contrôler, de faire attention à ne pas contrer, au bout d'un moment il n'y a plus de force pour tirer ! Et quand on accélère et qu'il y a une personne qui arrive et qu'il faut arrêter d'un coup, c'est dur ! », poursuit-il.
Basket, tennis de table, escalade... autant de disciplines que les élèves ont pu tester aux côtés d'athlètes handisports inspirants, un coup de projecteur réussi pour faire bouger les lignes et les mentalités.