Tunisie: Le Parquet doit parler

4 Avril 2023

Depuis l'instruction d'une affaire de « complot contre la sûreté de l'Etat » et l'interpellation de plusieurs personnes entre hommes et femmes politiques, d'affaires ou journalistes, le parquet se mure dans un silence sans fin.

Ce n'est pas uniquement le comité de défense de ces personnes qui exige des explications mais ce sont aussi les médias et les citoyens qui veulent connaître les chefs d'inculpation contre les personnes présumées impliquées dans cette affaire. Du temps, pour ne pas compromettre le cours de l'instruction judiciaire, le parquet en a disposé largement. Mais le fait que ces personnes arrêtées moisissent en prison dans des conditions pénibles sans que leurs avocats ou même l'opinion publique ne soient informés des détails ou des preuves en possession contre ces personnes, cela ne peut que compromettre les conditions d'un procès équitable dans une affaires aussi délicate et où les accusés risquent des peines très lourdes.

Jusqu'ici, une seule version des faits incriminant les personnes interpellées, à savoir celle du Front de salut national, des autres partis de l'opposition et du collectif de défense, circule dans les médias. Entre-temps, le parquet garde le silence près de deux mois depuis la vague d'arrestations et s'est retenu à éclairer l'opinion et à répondre aux déclarations de ce collectif qui confirment le non-fondé des accusations contre les personnes arrêtées, pointant du doigt « une affaire politique créée de toutes pièces, nuisant crucialement à l'indépendance de la Justice ».

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C'est donc le clair-obscur qui entoure cette affaire, d'où la nécessité d'informer publiquement au moins du résultat des enquêtes préliminaires ou d'obtempérer à la demande de libération présentée par la défense des accusés. En effet, ce flou qui perdure ne peut que profiter à alimenter les rumeurs et les joutes verbales sur les réseaux sociaux et les plateaux des médias dans un pays où la parole, en l'absence de preuves tangibles, reste puissante dans les esprits.

Les présumés accusés ont le droit de savoir de quoi ils sont accusés, leurs familles et leurs avocats aussi. Sinon l'on continuera à tort ou à raison de nier qu'il existe dans notre pays un réel pouvoir judiciaire indépendant et fort. Il est temps de parler.

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