Tunisie: Droit de réponse

8 Avril 2023

En réponse à un article d'opinion paru le 20/03/2023 au journal La Presse sous le titre : «Rupture entre élite et population, l'Observatoire national pour la défense du caractère civil de l'Etat comme exemple», nous avons reçu ce droit de réponse de la part de M. Mounir Charfi, président de l'Observatoire national pour la défense du caractère civil de l'Etat. Le journal La Presse est et restera un espace d'échange d'idées pour faire avancer le débat sur les questions de société, sans tabou ni censure.

L'article signé de M. Karim Ben Saïd dans l'édition du 20/03/2023 du journal La Presse Sous le titre : «Rupture entre élite et population, l'Observatoire national pour la défense du caractère civil de l'Etat comme exemple» ne laisse pas indifférent par son opportunisme.

Passons sur les expressions imaginées et outrancières de l'auteur de l'article censées donner du sens et de la force à son propos telles que «colère contre le président», «scandale», «blasphème», «sacrilège», «vomir»... avant de finir par taxer le dernier communiqué de l'Observatoire rien moins que de «délire» et invitant à «changer de disque».

Passons aussi sur la contradiction qu'il y a dans le propos de l'auteur à préciser qu'il «ne juge pas la liberté pour chacun d'exprimer ses opinions» pour aussitôt qualifier de «délire» le communiqué de l'Observatoire parce qu'il a exprimé une opinion non conforme à la sienne.

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Rappelons, d'abord, que l'Observatoire a pour vocation première et objectif essentiel de défendre la séparation entre la politique, activité à caractère profane, relatif et éphémère consistant à gérer la chose publique et le vivre-ensemble et la pratique religieuse en rapport avec le caractère sacré et absolu du message divin qui fonde la relation directe, sans intermédiaire, entre l'homme et son créateur.

Rappelons, ensuite, que l'Observatoire a toujours défendu l'islam, religion de l'écrasante majorité des Tunisiens et ses hautes valeurs éternelles et appelé à le placer au-dessus des contingences, des calculs sordides et de toute exploitation à caractère politicien.

En diffusant le communiqué, l'Observatoire n'a donc fait que remplir son rôle de veille et faire son devoir de vigilance, surtout après la décennie catastrophique d'un islamisme importé qui a démantelé l'Etat national et ses institutions, vidé ses caisses, dévasté l'économie du pays et propagé pauvreté, corruption, violence, terrorisme et assassinats politiques.

Aujourd'hui, notre pays n'est pas à l'abri de l'influence et des méfaits de la mouvance islamiste qui oeuvre toujours, tapie entre nos murs, et diffusant la culture mortifère qui l'anime.

Nier cette réalité est la meilleure façon de laisser venir le pire.

En l'occurrence, il n'y a pas de «petite phrase» ni de «petit fait» qui ne banalisent pas, comme le laisse entendre l'article, le mélange toxique qui peut être fait entre la politique et la religion.

Il arrive, en effet, aux présidents Macron et Biden, puisqu'ils sont cités, d'évoquer Dieu en certaines circonstances.

Mais imagine-t-on ces deux présidents fêter, chacun de son côté, le 14 juillet et le 4 juillet dans une église sous prétexte que les Français et les Américains sont en majorité chrétiens ? Les imagine-t-on visiter une église à l'occasion des fêtes de Noël ou de Pâques pour discourir sur les rapports entre religion, corruption, spéculation et hausse des prix ?

Il faut avoir la mémoire courte pour oublier la première mouture «Nahdhaouia» du projet de Constitution de juin 2013, heureusement bannie grâce au sit-in «Arrahil», Abou Yadh et Ansar Achariâa, l'invasion d'El Abdellia, l'attentat du Musée du Bardo, l'assassinat des martyrs Belaid, Brahmi, Nagdh, des militaires et des policiers, «l'école» de Regueb et les écoles coraniques clandestines ayant poussé comme des champignons, l'opération «Tassfir» qui a fait de la Tunisie le plus grand exportateur d'apprentis terroristes au Moyen-Orient et en Europe. On en passe et des pires.

Plus près de nous encore, la suppression dans la nouvelle Constitution de la mention du caractère civil de l'Etat, l'inclusion du mot Achariâa dans le texte constitutionnel et l'octroi à ce même État l'exclusivité d'en interpréter et définir, à sa guise, les finalités, la tolérance, contre la loi, de l'existence actuelle de Hizb Ettahrir qui, lors de chaque manifestation, va narguer le ministère de l'Intérieur jusque sous les fenêtres de son siège, récusant le régime républicain, appelant impunément à l'instauration du Califat et arborant le drapeau noir de Daesh. Sans parler de la présence imposée de l'annexe devenue indéboulonnable de la nébuleuse Qaradhaoui, déclarée terroriste.

C'est dire, in fine, que l'article en question, consciemment ou non, fait le lit d'un islamisme rampant, toujours présent, que l'on doit continuer de débusquer, qui n'a rien à voir avec la pureté de notre religion vraie, celle qui est pratiquée avec foi et attachement par nos concitoyens. Aussi, c'est à lui de «changer de disque» mais aussi et surtout de logiciel.

Mounir CHARFI

Président de l'Observatoire national pour la défense du caractère civil de l'Etat

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