L'annonce de l'expulsion vendredi 7 avril de l'ambassadeur allemand Jean Christian Gordon Kricke continue à susciter des réactions dans le milieu politique tchadien.
Le gouvernement tchadien reproche au diplomate d'avoir eu « une attitude discourtoise » et évoque « le non-respect des usages diplomatiques selon la Convention de Vienne ». Plus précisément, selon plusieurs sources proches du pouvoir, l'ambassadeur Gordon n'avait pas mâché ses mots, critiquant l'organisation des élections à venir et la décision qui permet au président de la Transition Mahamat Idriss Déby Itno de se présenter à la présidentielle. « Ce sont des points de vue peu diplomatiques, des points de vue personnels tenus lors de rencontres publiques », incompatible avec la fonction d'ambassadeur, explique une source,
Pour le moment, les autorités tchadiennes ne souhaitent pas en dire plus. Mais Abderaman Djasnabaille, président de la CTDD, parti de la mouvance présidentielle, estime que l'expulsion est justifiée : « Ce n'est pas simple d'expulser un ambassadeur [d'un pays] de grande taille comme la République fédérale d'Allemagne, donc si cela a été fait, le gouvernement a des raisons de le faire. Dans un premier temps, ce sera difficile, mais je pense que l'intérêt général va l'emporter et qu'[il n'y a] pas de rupture avec la République fédérale d'Allemagne. »
Pour l'opposition en revanche, cette décision est irréfléchie. « Ils bombent le torse pour pouvoir éconduire un ambassadeur, c'est extrêmement grave, et nous attendons à ce qu'une clarification nette soit faite. On ne notifie pas à un ambassadeur son départ d'un pays sur la base d'un communiqué. Nous sommes dans quel pays ? », s'insurge Max Kemkoye, un des porte-parole du Groupe de concertation des acteurs politiques au Tchad.
Selon le gouvernement, les autorités tchadiennes sont prêtes à examiner la demande d'agrément d'un nouvel ambassadeur.