Congo-Kinshasa: La MONUSCO invite à déconstruire les narratifs discriminants à l'égard des femmes politiques

communiqué de presse

Carine Tope

En marge de la clôture du mois de mars dédié aux droits des femmes, la MONUSCO a organisé jeudi 30 mars à Kinshasa, en partenariat avec l'association DYNAFEC, une journée d'échange avec des femmes candidates aux prochaines élections de 2023 en RDC.

Une centaine de femmes venues de différents partis politiques ont participé à cet atelier placé sous le thème du leadership féminin.

Nathalie Ndongo-Seh, directrice de cabinet de la cheffe de la MONUSCO et représentante de la Bintou Keita à cette rencontre, a rappelé aux femmes qu'il est temps qu'elles se battent pour une meilleure représentativité à tous les niveaux dans les organes étatiques et aussi au sein du gouvernement. Pour y arriver, elle les a exhortées à ne pas baisser les bras face aux obstacles. « Je vous invite à persévérver jusqu'à atteindre des résultats », a-t-elle plaidé.

Nathalie Ndongo-Seh les a aussi exhortées à croire en elles et à mûrir l'estime de soi : « La confiance en soi est une clé importe dans la marche vers ses objectifs », a-t-elle rappelé.

Message apprécié à l'unanimité. Les femmes congolaises qui aspirent à la gestion de la chose publique se sont dites déterminées et prêtes à franchir un à un les obstacles auxquels font face les femmes candidates en RDC.

La femme a longtemps été reléguée au second plan, cette fois-ci, et avec cette sensibilisation, nous irons jusqu'au bout

Ceci part des stéréotypes négatifs construits autour de la réputation des femmes engagées dans le monde politique, leur relégation au second plan dans leur propre parti politique, leur utilisation seulement à des postes administratifs et marketing par leurs camardes hommes, supposés avoir de meilleurs atouts et compétences pour représenter les partis à divers échéances électorales et la gestion de la Res Publica, etc.

Rosemine Mitonga, l'une des femmes candidates, souligne que « la femme a longtemps été reléguée au second plan, cette fois-ci, et avec cette sensibilisation, nous irons jusqu'au bout ».

Plusieurs thèmes ont été développés au cours de cet atelier pour outiller les femmes afin qu'elles peaufinent de bonnes stratégies de campagne pour espérer se faire élire à différents niveaux.

La Mission et son mandat politique

Le directeur des affaires politiques de la MONUSCO, François Grignon, a édifié le public sur l'agenda « Femmes, paix et sécurité » des Nations Unies. « Cet agenda est une responsabilité collective de l'ensemble du système de l'ONU et de la MONUSCO », a-t-il rappelé.

Monsieur Grignon est revenu sur le mandat politique de la Mission : « Nous avons un rôle de bons offices. Nous avons donc la responsabilité de rencontrer et d'échanger avec les autorités politiques du pays pour appuyer et plaider pour une grande participation des femmes au niveau politique ».

Et de poursuivre : « Ce mandat est inclusif. Nous, en tant que Mission, nous luttons pour briser toutes formes de discrimination à l'égard des femmes qui ont des ambitions politiques ».

Il a insisté sur le fait que la MONUSCO et d'autres agences de l'ONU développent des activités qui permettent de mettre fin aux stéréotypes et aux préjugés à l'égard des femmes politiquement engagées.

Ceci va dans le sens de la lutte contre la désinformation pour cette catégorie de femmes. « Il est important de contrer les narratifs discriminants a l'égards des femmes politiques, il est de notre devoir de les déconstruire », affirme-t-il.

Les femmes doivent pouvoir battre campagne et avoir les mêmes opportunités que les hommes. Il a soutenu qu' « elles ne doivent en aucun cas être discriminées du fait d'être femme, tout le monde doit être traité sur un même pied d'égalité ». C'est ce que dit la constitution congolaise, a encore rappelé le directeur des Affaires politiques de la MONUSCO.

Poursuivant sa description, il a enfin plaidé pour un accès équitable des femmes candidates tant dans la sphère médiatique traditionnelle que sur les réseaux sociaux pour que l'environnement politique congolais soit équitable.

Il a enfin plaidé pour une masculinité positive qui peut créer un environnement politique favorable à l'égard des femmes.

La loi électorale favorise les femmes

Madame Odette Diku, chargée des affaires juridiques de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a passé en revue les innovations de la nouvelle loi électorale. Cette loi a ouvert une brèche pour encourager les partis politiques à considérer les candidatures féminines. Il a fait allusion à l'exonération du paiement de la caution pour les listes électorales qui auront atteint le seuil de 300 candidatures féminines.

Cet expert de la CENI a encouragé les femmes à saisir cette opportunité et à faire du lobbying auprès des responsables de leurs partis pour capitaliser cette disposition de la loi électorale. « Femmes, n'acceptez plus d'être les marches-pieds ou les tremplins de vos camarades hommes, battez-vous, et faites-vous élire, vous le méritez bien ».

Les femmes se sont dites suffisamment outillées. Plusieurs d'entre elles ont néanmoins soulevé la question d'accès au financement pour battre campagne. Les femmes étant majoritairement dépendantes sur le plan économique.

Sur cette question, les responsables de la section Genre de la MONUSCO les ont encouragées à être autonomes pour faire face à ce défi qui constitue l'un des handicaps importants que rencontrent les femmes qui veulent embrasser une carrière politique.

Marie Nyembo Zaina a pour sa part soulevé la question de la sécurisation des femmes candidates. « En 2018, j'étais candidate à la députation nationale, mais j'étais constamment menacée de mort, j'étais obligée de me cacher, parce que j'étais populaire et je faisais peur aux autres candidats », se souvient-elle.

Réagissant, la directrice de cabinet de la cheffe de la MONUSCO a insisté sur le fait que les dispositions prises en matière de protection des civils sont aussi applicables aux femmes candidates.

Nathalie Ndongo-Seh a cependant affirmé que, pour ce qui de la protection de manière particulière, des discussions sont en cours au niveau de la Mission pour la sécurisation du processus électoral de 2023 en RDC

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