L'archevêque de Kinshasa a profité des fêtes de Pâques pour incriminer la proposition de loi sur la « congolité » qui interdit l'accès aux fonctions de président de la République et autres fonctions régaliennes aux Congolais ayant un parent étranger.
Le cardinal Ambongo ne s'était pas exercé à ses prises de parole fracassantes depuis de nombreux mois. À l'occasion de la veillée pascale, à la cathédrale Notre-Dame du Congo, le prélat catholique s'en est ouvertement pris au projet de loi sur la « congolité », en dénonçant une proposition de loi dangereuse.
« Nous avons déjà des conflits à l'Est, à l'Ouest et un peu partout à travers le pays. Je suis convaincu que cette loi sur la "congolité" viendra ajouter un grand conflit sur ce que nous connaissons déjà. Les conséquences : nous n'aurons peut-être que nos yeux pour pleurer », a-t-il averti.
Si le texte, porté par un député de la majorité et déposé à l'Assemblée, était adopté, seuls les Congolais ayant deux parents congolais pourraient être élus président de la République ou exercer des fonctions régaliennes. « Au lieu de nous focaliser sur l'examen d'une telle loi qui nous divise, nous ferions plutôt mieux de nous resserrer les coudes pour déceler le jeu funeste des ennemis de notre patrie avec leurs velléités de balkanisation de notre pays », a encore tonné l'archevêque de Kinshasa.
Ces paroles ont été accueillies par des applaudissements des fidèles, pendant et après le culte, certains saluant le « courage » du cardinal, d'autres appelant les autorités congolais à réfléchir à cette question « pour éviter ce qu'il s'est passé en Côte d'Ivoire ».
Mgr Fridolin Ambongo a également fustigé la persistance des violences dans le territoire de Kwamouth, à l'Ouest du pays. Les attaques intercommunautaires ont fait au moins 300 morts, depuis juin dernier, selon Human Rights Watch.