Sénégal: Mamadou Bamba Ndiaye, Porte-Parole du Parti des Libéraux et Démocrates (Pld)/And Suqali - « Nous aurons un candidat à la présidentielle et ce sera celui de BBY »

8 Avril 2023
interview

Le vice-président et porte-parole du Parti des libéraux et démocrates (Pld)/And Suqali, Mamadou Bamba Ndiaye, regrette « la tension virtuelle basée sur l'exaltation de la violence verbale et physique qui est la stratégie de défense choisie par l'opposant Ousmane Sonko pour sortir des nombreux dossiers judiciaires dans lesquels il s'est empêtré ». Pour lui, la défiance à l'égard de l'institution judiciaire ne s'explique pas, parce que le verdict rendu, dans l'affaire opposant Mame Mbaye Niang à Ousmane Sonko, a prouvé, à la face du monde, l'indépendance de notre justice. En vue de la présidentielle de 2024, M. Ndiaye indique que son parti va soutenir le candidat de la majorité.

Actuellement, il y a une forte tension sociopolitique dans le pays, du fait de dossiers judiciaires impliquant l'un des leaders de l'opposition, Ousmane Sonko. Comment appréciez-vous cela ?

Cette tension est plus virtuelle que réelle. Il y a surtout des menaces et des craintes de troubles. Il suffit de comparer avec d'autres pays pour constater qu'au Sénégal, il y a, pour l'instant, plus de paroles bruyantes qu'autre chose. Ce qui s'est passé ces derniers jours prouve d'ailleurs que la capacité de nuisance de ons encore une fois de prendre le virtuel pour le réel, une perception de tension pour une insécurité réelle. Il n'y a aucune raison valable de douter du déroulement pacifique de la prochaine présidentielle.

Je ne dis pas qu'il n'y aura pas d'incidents, mais je rappelle simplement que les mêmes craintes existaient l'année dernière, à la veille des élections législatives. À quelques jours de l'ouverture de la campagne électorale, il y avait des émeutes. C'était pire en 2012, avec des émeutes en pleine campagne. Et pourtant, dans les deux cas, les élections ont eu lieu dans une parfaite tranquillité et les résultats ont été acceptés par tous. Tout permet de penser que ce sera la même chose en février 2024.

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Qu'est-ce que les différents acteurs doivent faire pour la stabilité du pays et la préservation de la démocratie sénégalaise, longtemps citée en exemple en Afrique ?

À mon avis, la première urgence est l'éradication de l'extrémisme violent, qui a pris sur l'échiquier politique sénégalais une place qu'il n'aurait jamais dû occuper. Je parle, bien sûr, des dérives de M. Sonko et du parti Pastef dont toute l'activité représente un viol permanent des obligations constitutionnelles des partis politiques, notamment celles relatives au respect de la laïcité et des institutions de la République. Ce type de dérives doit absolument être stoppé. C'est devenu une demande sociale de construire un véritable cordon sanitaire autour de cette mouvance extrémiste. Au-delà de cette nécessité absolue, il me semble que la démocratie sénégalaise est suffisamment forte et outillée pour permettre les plus vives compétitions sans débordements excessifs. Il n'y a rien à craindre de ce point de vue. Dans le pouvoir comme dans l'opposition, nous avons des responsables politiquement bien formés et parfaitement conscients de leurs responsabilités. Les agissements d'une minorité ne doivent pas le faire oublier.

Votre parti, le Pld/And Suqali, est dans la majorité présidentielle depuis un certain temps. Quel bilan tirez-vous de votre compagnonnage avec le Président Macky Sall ?

Nous ne pouvons qu'en être satisfaits. Rappelez-vous que le Pld/And Suqali a été l'une des forces motrices du dialogue national et que c'est dans cette logique que ce compagnonnage avec le Président Macky Sall a été construit. À l'époque, notre analyse du contexte politique ouest-africain nous avait amenés à la conclusion que nous devions oeuvrer pour une union sacrée des forces vives de la Nation en vue de sauvegarder l'intégrité et la stabilité de notre pays. Nous avions également noté les appétits carnassiers de certains intérêts privés attirés par la perspective de l'exploitation du gaz et du pétrole. Et qui ont été à l'origine de la déstabilisation de plusieurs États africains. Le Président Macky Sall a eu le flair politique de tendre la main à tous et de lancer une dynamique de rassemblement des forces politiques.

Au vu des évènements de ces deux dernières années, des tentatives de déstabilisation dont notre pays fait l'objet, cette démarche aura été salutaire. Que se serait-il passé sans ce rassemblement préventif initié par le Président Macky Sall ? Peut-être qu'on aurait été, aujourd'hui, dans une tout autre situation. C'est cela l'essentiel pour nous. Nous croyons qu'il est impératif de renforcer cette union sacrée. Ce n'est pas l'heure de nous diviser, mais le moment de renforcer et d'élargir le rassemblement. C'est la meilleure voie pour permettre aux Sénégalais de commencer à profiter des fruits de tout le travail accompli ces dernières années, notamment en matière d'exploitation des ressources naturelles. Et ce, dès 2024.

Pour la présidentielle de 2024, comment le Pld compte aborder ces joutes électorales ?

Nous avons réuni notre Conférence nationale le 29 octobre dernier au Grand-Théâtre. C'est la plus haute instance de notre parti, après le Congrès. Cela a permis des échanges approfondis entre responsables et militants sur la situation du pays et les tâches politiques du parti. Cette instance a décidé, à l'unanimité, de lancer un appel pour une candidature unique de la majorité présidentielle en 2024. C'est dans cette perspective que nous travaillons. Cette décision s'inscrit en droite ligne de l'analyse que j'ai rappelée en répondant à votre précédente question. À la veille du tournant que constituent les premières retombées du pétrole et du gaz, ce n'est pas le moment des divisions, de grandes remises en cause. Nous tous Sénégalais, avons intérêt à serrer les rangs pour traverser ce cap qui a pu être périlleux pour tant de pays.

Aurez-vous un candidat ou allez-vous soutenir celui de Bby, voire de l'Alliance pour la République (Apr) ?

Comme les militants l'ont réaffirmé au cours de la Conférence nationale, nous sommes tout à fait prêts à proposer un candidat issu de notre parti, si telle était la décision de la coalition Bennoo à laquelle nous appartenons. Je vous répondrais donc oui. Oui, nous aurons un candidat. Oui, ce sera celui de Bby. Pour le reste, le temps nous dira.

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