A quelques mois de la présidentielle en République démocratique du Congo (RDC), l'on assiste à une recomposition du paysage politique. En effet, alors que l'Union sacrée du président Félix Tshisékedi travaille à renforcer ses rangs avec l'entrée, au gouvernement, de Jean-Pierre Bemba et de Vital Komerhe à la faveur du dernier remaniement ministériel, la coalition Lamuka, elle, se fissure.
Le divorce semble consommé entre Martin Fayulu et Adolphe Muzito qui cornaquaient ladite plateforme de l'opposition portée sur les fonts baptismaux au lendemain de la présidentielle de 2018. En fait, on voyait venir les choses ; tant le fossé avait commencé à se creuser entre les deux hommes jusqu'à ce qu'en fin mars dernier, Martin Fayulu déclare publiquement qu'Adolphe Muzito s'était volontairement retiré de la Lamuka. Le démenti formel apporté par ce dernier n'y fit rien puisque le sieur Fayulu a tout simplement procédé à son remplacement.
Il n'en fallait pas plus pour faire monter de plusieurs crans la tension. Car, sans aller avec le dos de la cuillère, le camp de Muzito accuse Martin Fayulu de travailler à vouloir s'accaparer de la coalition politique qu'il a cofondée avec d'autres leaders de l'opposition. Vrai ou faux ? On ne saurait y répondre.
En étalant publiquement ses divergences au grand jour, la coalition Lamuka se fragilise davantage
Toujours est-il qu'en politique, tous les coups sont permis, surtout que la RDC est dans une année électorale où les uns et les autres font feu de tout bois pour se positionner. Des chamailleries du genre, on en a vu sous d'autres cieux si bien que des alliés d'hier peuvent subitement devenir des adversaires.
Cela dit, en étalant publiquement ses divergences au grand jour, la coalition Lamuka se fragilise davantage et amenuise ses chances de remporter la prochaine présidentielle qui, on le sait, cristallise beaucoup d'attentions. Surtout quand on sait que le camp d'en face, c'est-à-dire l'Union sacrée de « Fatshi », fourbit ses armes et travaille à mettre toutes les chances de son côté. Qui sait d'ailleurs si le camp présidentiel n'y est pas pour quelque chose dans le clash ouvert entre Adolphe Muzito et Martin Fayulu ; l'objectif étant d'isoler le dernier pour mieux le combattre ?
Il est peut-être trop tôt de l'affirmer mais les jours à venir nous en diront plus ; tant il est possible que le sieur Muzito rejoigne, avec armes, bagages et militants, l'Union sacrée. Si tel est le cas, Martin Fayulu n'aura que ses yeux pour pleurer ; lui qui, après sa « victoire volée » en 2018, pensait pouvoir prendre sa revanche sur l'histoire. Mais aucune élection n'étant pliée d'avance, il serait imprudent de vouloir vendre la peau de l'ours...