Maroc: Montée des protestations contre la terrible inflation qui touche le pays

Souk marocain

Le Maroc subit une terrible inflation depuis le début de la guerre en Ukraine, à laquelle s'ajoute la pandémie de Covid-19 et la sécheresse. Marches de protestations, grèves, le contexte social est tendu. Depuis un an, les prix des aliments ont augmenté de 20% et en plein mois de ramadan, les manifestants réclament au gouvernement des mesures d'urgence. Des rassemblements se sont tenus dans près de cinquante villes à travers le pays.

À Ouarzazate, les 150 manifestants répondant à l'appel du Front social se disent durement touchés par l'inflation qui frappe le pays. Depuis un an, le prix des aliments a augmenté en moyenne de 20% et en plein mois de ramadan, cette femme explique ne pas arriver à joindre les deux bouts : « Nous vivons une situation horrible vraiment. Nous vivons pauvrement, nous n'avons rien à manger et personne ne nous écoute ». Même constat pour cet homme d'une soixantaine d'années : « Il y a la hausse des prix en ce qui concerne les légumes, en ce qui concerne les aliments. On n'a pas les capacités de rejoindre les marchés pour acheter ce dont on a besoin ».

Une politique qui va porter ses fruits

La semaine dernière, le Premier ministre, Aziz Akhannouch, a affirmé que sa politique de relance économique allait finir par porter ses fruits. Mais l'organisateur du rassemblement ne croit pas les promesses ministérielles : « Ce n'était que des paroles en l'air. Au final, ce gouvernement n'est là que pour enrichir les riches et appauvrir les pauvres. Les avantages sont donnés aux entreprises, et pas aux citoyens. Nous voulons un État démocratique dans lequel il y a une juste répartition de la richesse, un respect des libertés publiques et la libération des prisonniers d'opinion ». Par peur des représailles, après le rassemblement, tous nos interlocuteurs ont préféré rester anonymes.

Alors que le Haut-commissariat au plan a déclaré que le pays était revenu à son niveau de pauvreté de 2014, Najib Akesbi, économiste marocain, demande que le gouvernement régule deux secteurs clés, les produits pétroliers et l'alimentation. Pour le chercheur, la hausse des subventions du sucre, du gaz, et de certaines farines sont insuffisantes. Et il faut réformer en profondeur le système de distribution : « C'est du replâtrage qui n'est même pas efficace. Le gaz butane, c'est important, et la subvention est importante. Mais le reste ne pèse pas beaucoup dans le panier de la ménagère. Tous les autres produits sont dits libres. Donc, vous comprenez que la ménagère qui arrive sur le marché est "électrocutée", je peux vous assurer. »

« Un minimum de bon sens impose simplement une régulation »

« Pour les produits pétroliers, dit encore cet économiste, c'est évident qu'il faut repenser un processus de libéralisation qui a été vraiment anarchique. On a arrêté l'unique raffinerie. Le fait de la remettre en activité permettrait de gagner 3 à 4 dirhams sur le prix. Vous imaginez ! Il faut plafonner les prix. C'est une nécessité absolue, même si elle n'est pas appelée à durer. Vous avez l'autre secteur, les produits alimentaires. Il est clair qu'il faut établir une vision entre l'exportation et le marché intérieur. Nous sommes en train de parler de sécurité alimentaire. On ne peut pas comme ça laisser des exportateurs exporter ce qu'ils veulent et assécher le marché. Un minimum de bon sens impose simplement une régulation. Il y a à réformer de bout en bout la filière de distribution, de commercialisation. C'est un système qui est complètement hors-sol et hors temps », conclut Najib Akesbi.

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