Niger: Inquiétude de la société civile d'Arlit sur la pollution de sa nappe phréatique

Au Niger, la société civile d'Arlit, dans le nord du pays est inquiète de voir sa nappe phréatique polluée par la mine d'uranium de la Compagnie minière d'Akouta (Cominak)

La mine, proche d'Arlit, dont l'actionnaire principale est la société française, Orano, ex-Areva, a fermé ses portes il y a deux ans. Depuis lors, le groupe réaménage le site. Mais aujourd'hui, les 600 kilomètres de galeries souterraines sont inondées. La société civile d'Arlit redoute que cette eau ne rejoigne une autre nappe, artificielle, issue du terril, c'est à dire du tas de déchets miniers du site.

L'approvisionnement d'Arlit menacé

À terme, ce serait tout l'approvisionnement en eau potable de la ville d'Arlit qui serait menacé, selon Al-Moustapha Alhaçan, président de l'ONG environnementale Aghin in Man, interrogé par Gaëlle Laleix : « La galerie se trouve à 250 mètres de profondeur, donc on est dans les nappes fossiles. C'est de l'eau contaminée, et pire, elle va rejoindre la nappe artificielle créée à partir du stockage du terril pendant des décennies. »

« Et comme dans les terrils il y a de l'acide, dit aussi Al-Moustapha Alhaçan, ça a eu le temps d'attaquer la roche, pour, bien sûr, rejoindre la nappe. C'est-à-dire qu'aujourd'hui on va contaminer la nappe d'eau que les gens sont en train de boire. Le champ de captage de l'eau de la ville d'Arlit se trouve à moins de deux kilomètres, voire un kilomètre dans certains cas, de ce terril. »

« Il faut qu'Orano nous explique comment il va pomper cette nappe-là »

« On a demandé à l'État nigérien de faire des analyses radiologiques de cette eau, mais ils refusent de le faire. Et nous-autres nous n'avons pas les moyens de faire ça, donc on est inquiets par rapport à ça. Il faut vraiment faire des analyses radiologiques pour nous rassurer. Deuxièmement il faut qu'Orano nous explique comment il va pomper cette nappe-là », indique encore le président de l'ONG environnementale Aghin in Man

Une association française spécialisée, la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad), estime elle aussi que les déchets constituent « une épée de Damoclès pour l'alimentation en eau potable ». La Compagnie minière d'Akouta (Cominak), exploitée à partir de 1978 près d'Arlit par le groupe français Areva, devenu Orano, a fermé en 2021 pour cause d'épuisement de ses réserves, après avoir produit 75 000 tonnes d'uranium. Son réaménagement, d'un coût de 150 millions d'euros, écrit l'AFP, est en cours et doit durer dix ans, suivi par au moins cinq ans de surveillance environnementale.

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