Tchad: Répression du 20 octobre - Après la libération de 259 prisonniers, qui reste détenu?

Des manifestants brûlent des pneus usagés dans un quartier de la capitale, N'Djamena.

Officiellement, le gouvernement avait reconnu avoir transféré à Koro Toto 621 détenus, dont ceux qui viennent d'être libérés, ou encore ceux qui ont été libérés parce qu'ils avaient été condamnés par contumace ou blanchis.

Le procureur de Ndjamena n'a pas voulu donner de chiffres actualisés, mais il resterait en prison, si l'on s'en tient aux chiffres du gouvernement donné depuis des mois, 137 détenus dont les dossiers sont toujours en cours d'instruction et qui sont visés par de charges plus lourdes, ce qui fait polémique.

Le chiffre est décrié par toutes les organisations des droits de l'homme, locales et internationales, comme la Commission nationale des droits de l'homme, un organe nommé par le gouvernement.

Après plusieurs mois d'une enquête minutieuse, la CNDH a rendu public un rapport en février qui recense au moins 923 personnes arrêtées à Ndjamena et dans quatre autres villes du sud pays. Ce rapport décompte également 128 personnes tuées par les forces de l'ordre et 12 autres portées disparues. On est là aussi loin des 75 morts reconnus par Ndjamena.

Cela fait donc une différence de plus de 300 personnes arrêtées dans le cadre de la répression sanglante des manifestations du 20 octobre dernier, dont elle n'a pas retrouvé la trace.

Le Comité des Nations unies contre la torture a évoqué quelque 1300 personnes arrêtées, alors que le parti d'opposition des Transformateurs, fer de lance de la contestation du 20 octobre dernier parle lui de 1500 à 2000 personnes arrêtées et quelque 300 tués.

« Faux » a réagi à RFI le porte-parole du gouvernement de transition tchadien. « Des centaines de militants des Transformateurs ont pris peur et se sont réfugiés au Cameroun et en Centrafrique », assure Aziz Mahamat Saleh.

Il compte sur leur retour pour prouver que les chiffres gouvernementaux sont les bons. Quant à leur demande d'une enquête internationale indépendante, Mahamat Saleh renvoie ces organisations à celle menée par la Communauté économique des États de l'Afrique centrale, dont elles ne veulent pas entendre parler.

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