Le condamné Djaffar, roi du kidnapping, a été exécuté d'une balle dans la tête, vendredi, sur la route vers Tsiafahy. C'était un guet-apens, selon la gendarmerie.
Fin de l'histoire pour Djaffar Younouss. Il a mortellement reçu une balle en pleine tête, vendredi, vers 22h, sur la route vers la maison de force de Tsiafahy. Il se trouvait à bord d'une Renault Kangoo, une voiture de la section des recherches criminelles, assis sur la banquette arrière, escorté par cinq gendarmes, quand quatre individus à moto les ont arrosés de projectiles.
Un ancien détenu de Tsiafahy a purgé sa peine et s'est présenté à la gendarmerie dès sa sortie. D'après lui, Djaffar a voulu le mettre dans un énorme coup, un kidnapping qu'il prépare et commettra une fois libre avec une nouvelle formation. L'arsenal serait déjà prêt. L'informateur raconte que l'Indien restait toujours en contact avec la célèbre Stéphanie incarcérée à la maison centrale d'Antanimora pour rapt. Une enquête a été menée tambour battant. Les fins limiers ont pu vérifier que Djaffar a réellement utilisé trois numéros mobiles, enregistrés aux noms de ses deux compagnes qui lui rendent service. Chaque semaine, il recevait par mobile money une somme de un million deux cent mille ariary.
Hypothèses
La détenue d'Antanimora est également identifiée comme amante de Djaffar. Elle a révélé à l'équipe judiciaire que ses deux autres copines et lui trempent dans un trafic de drogues dures et d'armes. Le tas de renseignements a amené la section des recherches criminelles à procéder à l'extraction et à l'interrogatoire du protagoniste, vendredi. Selon ses aveux, il a vraiment planifié l'acte et l'opèrera avec Andry Banga et Bogosy. Ces deux « gars » font l'objet d'un avis de recherche et d'une délégation judiciaire. Les armes dont ils se serviront sont cachées dans une maison abandonnée, à Ankadiefajoro, appartenant au défunt Rasamy. Celui-ci avait participé à plusieurs enlèvements contre rançon.
Les gendarmes ont fouillé l'habitation indiquée. Ils y ont découvert un fusil à canon, deux pistolets automatiques de calibre 7,65 mm, chacun avec chargeur, une boîte chargeur métallique pour fusil, cinquante-trois cartouches de 7,62 mm, cinq autres de 7,65 mm et une dernière de 7,5 mm.
Djaffar aurait compté s'enfuir à l'étranger s'il aurait pu perpétrer l'acte. Il aurait espéré que la conjoncture actuelle à Madagascar lui présente un avantage pour s'envoler inaperçu.
Après plusieurs heures d'examen, il a été ramené à Tsiafahy. C'est en cours de route que l'embuscade a eu lieu. « Nous étions fatigués par l'enquête. Nous ne nous doutions pas que les deux motos qui allaient nous croiser transportaient des malfaiteurs. Ils ont tout de suite tiré trois fois sur nous. Notre chauffeur [ndlr : un adjudant-chef] a été touché au bras et Djaffar à la tête », décrit le colonel Tahina Ravelomanana.
Les assaillants portaient un revolver et un fusil de chasse. Avant de prendre le large, ils ont ouvert une série de coups de feu sur le véhicule. « Il n'y a que deux hypothèses, soit ils étaient venus libérer Djaffar, soit le tuer », suppose l'officier supérieur.
Les gendarmes n'ont pas risqué leur vie à poursuivre la bande dans le noir. Leurs collègues responsables du secteur les ont aidés lors du ratissage. Résultat, un des scooters et le revolver du gang ont été retrouvés.
L'adjudant-chef blessé a dû subir une intervention chirurgicale. Quant à Djaffar, son corps sans vie a été déposé à la morgue. La gendarmerie a ciblé une suspecte dans le cadre de cette affaire.
Suite à ses condamnations qui pleuvaient, Djaffar Younouss devrait s'acquitter de quarante-sept ans de réclusion criminelle. Il avait deux fois introduit une demande de confusion de peines. Grâce à cela, il était prévu sortir ce mois d'avril. Hemtalal, Zahid Asgaraly, Pradeep Chandarana, Deep Joshi, Nahid Merally Ballou, Navage Veldjee, Abdoul Aziz Mansour, les patrons de Caromad et Kalidas ont déjà été ses victimes. Un ouf de soulagement pour la communauté indienne richissime. Des proches de Djaffar ripostent que sa mort serait un coup monté.