Résumé
Les États-Unis sont résolus à développer leurs partenariats en Afrique de l'Ouest en vue de prévenir l'apparition de conflits violents ou leur propagation dans la région. La région centrale de l'Afrique, le Sahel, a connu en 2021 plus d'attaques terroristes que toute autre partie du monde, les activités terroristes s'étendant progressivement au-delà des frontières pour gagner les pays voisins de l'Afrique de l'Ouest côtière (AOC). L'extrémisme violent exacerbe la méfiance entre les civils et les acteurs publics et ceux du secteur de la sécurité dans les zones frontalières qui sont traditionnellement désavantagées en termes de représentation politique et de développement économique. Cette tendance se poursuit, à un moment où les institutions démocratiques de l'ensemble de la région sont soumises à des tensions croissantes.
En avril 2022, le président Biden a annoncé que le gouvernement des États-Unis accorderait la priorité à ses partenariats avec le Bénin, la Côte d'Ivoire, le Ghana, la Guinée et le Togo, pays de l'AOC, afin de faire progresser la Stratégie des États-Unis pour la prévention des conflits et la promotion de la stabilité. Les dirigeants de ces pays sont résolus à prendre des mesures globales aux niveaux local, national et régional pour s'appuyer sur les facteurs de résilience existants et prévenir les conflits et l'instabilité, y compris la propagation de l'extrémisme violent. Les États-Unis veulent être partenaires de cette action de prévention. Le présent plan fournit un cadre et une feuille de route définissant la mobilisation et l'assistance accrues des États-Unis à cet égard, en collaboration avec des partenaires internationaux.
Les ambassades américaines de la région et les dirigeants de divers organes publics se sont réunis pour mettre au point ce plan pour la région, en dépassant les modalités d'action bilatérales habituelles. Des séminaires consacrés à l'intégration et à la planification de l'action à mener ont ainsi été organisés dans la région et à Washington. En outre, des agents de l'administration américaine ont mené des consultations de vaste portée avec des partenaires locaux, nationaux et régionaux aux fins de l'élaboration de ce plan, y compris des échanges diplomatiques de haut niveau, des séminaires avec des donateurs internationaux partenaires et un dialogue avec plus de 100 représentants des organisations de la société civile. La mobilisation durable de multiples parties prenantes sera un aspect essentiel de la poursuite de la mise en oeuvre. Comme cela a été déclaré dans la Stratégie des États-Unis à l'égard de l'Afrique subsaharienne, " les États-Unis doivent réinitialiser leurs relations avec leurs homologues africains, se mettre à l'écoute de diverses voix locales et élargir leur cercle d'action afin de progresser dans la réalisation de leurs objectifs stratégiques, dans l'intérêt à la fois des Africains et des Américains ".
Ce plan prévoit un ensemble d'actions des États-Unis et des partenaires visant à progresser dans la réalisation d'un objectif à long terme, à savoir que les populations de l'Afrique de l'Ouest côtière promeuvent la paix et préviennent les conflits violents et l'extrémisme violent qui risquent de déstabiliser la région. Ces populations englobent les civils, les gouvernements et les institutions, les forces de sécurité, la société civile et les organismes régionaux et vise à renforcer le front commun nécessaire au succès. (Remarque : Les forces de sécurité comprennent toutes les forces civiles et de défense investies d'une mission de sécurité.) Les États-Unis axeront leur diplomatie et leurs dispositifs d'assistance aux niveaux local, national et régional sur la réalisation de trois objectifs en partie interdépendants:
- Objectif 1: Renforcement de la cohésion sociale entre les communautés à risques et en leur sein.
- Objectif 2: Amélioration de la réceptivité, de l'inclusion et de la responsabilité des autorités à l'égard des communautés à risque.
- Objectif 3: Renforcement de la réceptivité et de la responsabilité des forces de sécurité à l'égard des communautés à risque.
Ce plan décennal est explicitement conçu pour incorporer les enseignements tirés des approches excessivement axées sur la sécurité adoptées au cours de la dernière décennie pour remédier aux problèmes liés à l'extrémisme violent dans la région du Sahel. Un contrat social renforcé et une confiance accrue entre les pouvoirs publics nationaux et locaux, les acteurs de la sécurité, les chefs communautaires et la population faciliteront le règlement pacifique des différends et réduiront la capacité des extrémistes violents, des criminels et d'autres éléments de déstabilisation à exploiter les clivages ethniques, religieux et liés aux modes de subsistance. Ce plan vise à renforcer et appuyer les engagements nationaux prometteurs que les cinq gouvernements ont pris pour remédier aux problèmes liés à l'extrémisme violent selon une approche plus globale, en mettant l'accent sur le développement inclusif et la gouvernance réceptive.
Le gouvernement des États-Unis mobilisera et adaptera un ensemble de mobilisation et d'aides pour appuyer la réalisation de ces objectifs dans chacun des cinq pays, en tenant compte des dynamiques et des défis nationaux spécifiques qui influent sur l'orientation de chaque pays face à ces menaces et les possibilités de partenariat de vaste portée. La mobilisation et l'assistance des États-Unis dans le cadre de ce plan seront adaptées à la situation de chaque pays. Certains pays ont par exemple des besoins plus importants d'assistance en matière de sécurité tandis que d'autres sont plus axés sur la revitalisation économique. L'appui des États-Unis à la Guinée a toujours pour orientation d'encourager un retour à une démocratie constitutionnelle dirigée par des civils. En même temps, le plan appuiera des mécanismes de promotion de la coopération régionale et de partage des enseignements tirés de l'expérience - à la fois parmi les acteurs publics et non gouvernementaux - en vue de prévenir les conflits et de promouvoir la stabilité de façon effective. Les autorités des États-Unis s'emploieront à renforcer les mécanismes existants qui facilitent cette coopération.
Le plan s'accompagne d'une forte volonté de mettre en place les structures opérationnelles et les effectifs nécessaires pour permettre une collaboration plus effective entre les divers organes publics des États-Unis aux fins de la promotion de la prévention dans l'ensemble de la région. Le département d'État, l'USAID et le département de la Défense prennent actuellement des mesures visant à renforcer la mise en place d'effectifs coordonnés dans les différentes ambassades américaines de la région, y compris de coordonnateurs régionaux, et accroissent leur collaboration avec la DFC, la MCC, le Trésor et d'autres acteurs clés des administrations des États-Unis. Les ambassades de la région se mobiliseront régulièrement pour faire progresser la mise en oeuvre de ce plan, notamment pour procéder à des examens stratégiques visant à évaluer les menaces, les difficultés et les perspectives communes et prévoir les ressources nécessaires à inclure dans la demande de budget du président. Ce degré de planification et de coordination à l'échelle des autorités des États-Unis permettra de se concerter plus efficacement et de façon plus stratégique avec des partenaires régionaux et internationaux clés en vue de progresser dans la réalisation d'objectifs communs.
Dans l'ensemble, conformément à la Stratégie et compte tenu des enseignements tirés de l'expérience, ce plan exprime l'engagement qui a été pris d'innover et d'améliorer encore les modalités de dialogue et de collaboration des États-Unis avec les partenaires régionaux. Ce plan prévoit une approche plus souple et efficace qui consiste notamment à:
- Réorienter les priorités de façon à inclure la prévention;
- Mettre l'accent sur un double niveau de mobilisation: bilatéral et régional;
- Intégrer les approches en matière de sécurité et de gouvernance;
- Adopter un rôle d'appui à l'égard des plans des nations partenaires et des institutions régionales;
- Rationaliser la coordination des donateurs internationaux;
- Investir dans de nouveaux modèles de dotations en effectifs fondés sur le terrain;
- S'engager en faveur d'un programme de suivi et d'évaluation stratégique; et
- Accorder davantage d'importance au financement en faveur des femmes et des jeunes aux fins de la stabilité économique.
Les dirigeants des États-Unis continueront d'innover et d'adapter ce plan à l'évolution de la situation, y compris à l'évolution de la dynamique politique ou sécuritaire sur le terrain. Les agents de l'administration surveilleront l'évolution des menaces pesant sur l'ensemble du Sahel et de l'AOC qui risquent de donner lieu à de nouveaux problèmes et restrictions et s'y adapteront. Les dirigeants et les partenaires des États-Unis se réuniront, au moins une fois par an, pour examiner les efforts de suivi, d'évaluation et d'apprentissage et apporter si besoin est les modifications stratégiques nécessaires au plan. Au moyen de consultations, d'analyses itératives et d'un apprentissage et d'une réflexion constants, ce plan de mise en oeuvre évoluera continuellement de façon à porter une vision commune de la prévention stratégique de l'extrémisme violent et des conflits déstabilisants dans la région.
Bureau of Conflict and Stabilization Operations