Le 11 avril 2019, Omar el-Béchir était destitué par l'armée, sous la pression populaire. Quatre ans plus tard, la situation judiciaire de celui qui a dirigé le Soudan durant trois décennies a peu évolué, la coopération entre les autorités soudanaises et la Cour pénale internationale battant de l'aile.
Il y a quatre ans, le 11 avril 2019, Omar el-Béchir était destitué par l'armée sous la pression de la rue, après des mois de manifestations quotidiennes. Arrêté, il avait été incarcéré dans la célèbre prison de Kober, à Khartoum. Sa chute avait libéré une immense soif de justice dans le pays, pour les crimes commis pendant ses trois décennies de pouvoir. L'ex-président est notamment mis en accusation par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité et un possible génocide.
Omar el-Béchir sera-t-il un jour livré à la CPI ? Du temps du gouvernement civil d'Abdallah Hamdok, il en est plusieurs fois question. Son transfert est même annoncé comme imminent, en août 2021. Sans suite. Depuis le coup d'État d'octobre 2021, la perspective de voir l'ex-dictateur à La Haye (Pays-Bas) - siège de la CPI - semble même s'éloigner. Ce putsch a été perçu par beaucoup comme une tentative pour les militaires au pouvoir d'échapper au risque de poursuites au Soudan ou à l'international.
De fait, depuis un an, la coopération entre Khartoum et la CPI bat de l'aile. En janvier, le procureur de la CPI, Karim Khan, s'en est d'ailleurs plaint devant le conseil de sécurité de l'ONU. « Un changement d'attitude doit être exigé de la part des responsables soudanais », a-t-il déclaré.
Au Soudan, trois procédures judiciaires encore en cours contre lui
Omar el-Béchir est toujours au Soudan, théoriquement en prison, même s'il fait quelques allers-retours discrets à l'hôpital, pour « raisons médicales », selon ses avocats. « Prétextes », répondent ses adversaires. Surtout depuis que plusieurs vidéos ont circulé l'année dernière, le montrant en bonne santé dans les couloirs d'un hôpital privé.
Au Soudan, quatre procédures judiciaires ont été ouvertes contre lui. Mais, pour le moment, une seule a abouti à une condamnation en décembre 2019 à deux ans de prison pour corruption et possession de devises étrangères. Les trois autres procédures en cours au Soudan contre Omar el-Béchir concernent le meurtre de manifestants, les crimes commis au Darfour et son coup d'État de 1989.