Ile Maurice: New Social Living Development - Le budget additionnel de Rs 5 milliards pour une avance aux constructeurs ?

Pourquoi n'utilise-t-on pas l'argent qui dort dans les banques commerciales, notamment chez la fragile Silver Bank ? C'est la question posée par Reza Uteem mardi dernier. D'ailleurs, pourquoi le ministre des Finances a-t-il besoin encore de fonds pour le projet de logements à exécuter par la New Social Living Development (NSLD) ? Éléments de réponse.

Les explications de Renganaden Padayachy ont pris moins de temps, mardi dernier, à l'Assemblée nationale, pour justifier le vote de Rs 5 milliards additionnelles pour le projet de 8 000 logements que pour les Rs 417 millions requises pour un projet de Waterfront à Pointe-aux-Feuilles. Ses justifications n'ont pas tellement convaincu et l'on est encore dans le noir concernant la façon dont seront utilisées les Rs 14,4 milliards consacrées pour le moment à ce projet, excluant l'achat des terrains et autres dépenses.

Devant ces interrogations, nous avons fait une petite enquête et avons découvert un curieux changement de pratiques qui va nécessiter des déboursements de plus de Rs 3 milliards aux constructeurs. Normalement, ces derniers ont droit à un dixième du montant du contrat à payer d'avance, avant la construction. Cela, pour leur permettre de financer les travaux de base. Or, le gouvernement a décidé de leur avancer 25 % au lieu de 10 %. Pourquoi ? Est-ce pour «aider» certaines entreprises jugées proches du régime ? En tout cas, tous les 14 constructeurs bénéficieront de cette avance tombée du ciel, ou plutôt des poches du contribuable. Et il paraît que 40 % d'«avance payment» étaient proposés initialement...

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«Un peu plus que d'habitude»

Le ministre du Logement, Steven Obeegadoo, a, lors de sa conférence de presse du 7 avril, effleuré le sujet, rapidement, en parlant d'un compromis avec les constructeurs choisis. Les raisons évoquées pour ce compromis ne sont pas claires. Il a juste dit que l'«advance payment» sera «un peu plus que d'habitude». Un peu plus ? Selon nos calculs, un ajout de 15 % pour 8 000 logements à Rs 2,7 millions par unité nécessitera Rs 3,2 milliards supplémentaires ! Est-ce pour cela que le ministre des Finances a demandé et obtenu les Rs 5 milliards additionnelles ? Et pourquoi ne pas avoir attendu le prochain Budget, comme l'a demandé un membre de l'opposition ? Est-ce si pressé ?

De plus, on ne sait pas si une garantie bancaire sera exigée contre cet «advance payment» de 25 %. La garantie est d'autant plus nécessaire maintenant que le montant avancé a été revu à la hausse. Car si une entreprise de construction empoche les 25 % et fait faillite avant de livrer les maisons, cet argent sera perdu. Steven Obeegadoo n'en a pas parlé. À la NSLD, on nous a promis de revenir vers nous, mais nous avons dû envoyer sous presse avant. Nous n'avons pas interrogé le ministre de Logement car il ne répond jamais à nos questions. Espérons qu'il fera bientôt une déclaration à ce propos pour rassurer la population.

Sous-traitance en vue ?

À voir la liste des 14 constructeurs ayant bénéficié des contrats, on constate que bizarrement les petites sociétés ont décroché un plus grand nombre de logements à construire alors que les grosses boîtes ont presque toutes obtenu 200 logements seulement. Contactée, une de ces grosses firmes nous avoue avoir refusé plus car jugeant être dans l'impossibilité de construire 700 ou 800 logements dans ce court délai. «Il y a aussi le manque de main-d'oeuvre et de capital, entre autres.» Notre interlocuteur se demande comment ces petites et nouvelles venues dans le secteur, qui n'ont aucune expérience dans le domaine de la construction de logements sociaux, feront pour livrer 800 ou 900 logements en 18 mois.

C'est pourquoi un ingénieur est d'avis que c'est pour cette raison qu'une augmentation de l'«advance payment» a été consentie, justement parce que la banque de certains constructeurs ne pourra pas leur avancer plus d'argent. «Leur banque n'accordera pas non plus d'Advance Payment Guarantee qui représenterait pour 25 % d'avance de, disons, 800 logements, la somme colossale de Rs 540 millions, d'autant plus que beaucoup d'entre eux sont déjà endettés jusqu'au cou.» Notre interlocuteur prévoit que beaucoup de ces contrats seront sous-traités à des firmes chinoises ou indiennes. Tout en concluant : «S'il y avait des appels d'offres, ces petits constructeurs ne seraient pas éligibles.» Heureusement pour eux, il n'y en a pas eu.

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