C'est une lapalissade de dire que le gouvernement de Transition du Mali et les dissidents Touaregs du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) se regardent en chien de faïence. En effet, depuis le 6 avril 2023, le ton est remonté d'un cran entre les deux parties. Pour éviter une escalade de la violence, la médiation internationale, sous la houlette de l'Algérie a repris son bâton de pèlerin dans le but de concilier les parties signataires de l'Accord de paix, signé à Alger en juin 2015.
Dans un communiqué rendu public, le 9 avril dernier, cette médiation a fait des propositions aux belligérants pour un retour de la paix au pays de Modibo Keita. Dans ce sens, elle a dans un premier temps plaidé pour l'opérationnalisation du processus de Désarmement-démolition-réinsertion (DDR) des combattants issus des groupes armés signataires de l'accord de paix. Pour un début, un premier groupe de 13 000 combattants devrait être enrôlé sur un total de 26 000 ex-rebelles.
En sus, les médiateurs ont proposé que des projets de loi organiques et ordinaires soient conjointement préparés par les deux parties à l'effet de consolider le processus de décentralisation. Pour matérialiser ces actions, la médiation envisage dans les jours à venir tenir deux rencontres avec les parties. La première est prévue avec le gouvernement à partir du 17 avril prochain et la seconde devrait intervenir à partir du 24 avril 2023 et sera élargie aux groupes signataires de l'Accord de paix.
A travers ces démarches, les acteurs entendent semer la graine de la paix dans les coeurs des deux parties. Parviendront-ils à remplir leur mission ? Même s'ils semblent être sur la bonne trajectoire, force est de reconnaitre que le chemin demeure encore long. Le 15 avril prochain l'accord de paix et de réconciliation d'Alger aura huit ans. En effet, les groupes indépendantistes qui ne voient aucune lueur d'espoir à l'horizon, pointent du doigt le manque de volonté politique du pouvoir de Bamako.
Les leaders des mouvements indépendantistes, dans le cadre de la décentralisation, souhaitent que certaines modalités comme la régionalisation soient actées dans la Constitution. Alors que dans le projet de la nouvelle loi fondamentale finalisé le mois dernier en voie d'être soumis à referendum, elle n'y figure pas. L'autre couac se situe au niveau de la future armée reconstituée. Là encore, les ex-rebelles soupçonnent le pouvoir malien de trainer délibérément les pas. L'on se souvient que deux commissions avaient déjà été annoncées en août 2022 pour préciser la place des ex-rebelles dans les rangs de l'armée ou les corps de la Fonction publique.
A la date d'aujourd'hui, les conclusions n'ont pas été appliquées. Cette situation a sans doute conduit les anciens rebelles à durcir le ton au cours d'une réunion tenue les 20 et 21 décembre 2022 où ils ont suspendu leur participation aux mécanismes de suivi et de mise en oeuvre du texte. Il n'est un secret pour personne que la situation de mi-figue, mi-raisin n'arrange guère les deux parties. Vivement que les Maliens qui se déchirent depuis plus d'une décennie enterrent définitivement la hache de guerre dans l'intérêt des populations qui souffrent depuis plus d'une dizaine d'années.