Le Mali a-t-il proposé à la société de sécurité privée russe Wagner, d'acheter des drones turcs Bayraktar TB2 à sa place ? C'est en tout cas ce qu'affirment certains documents du renseignement américain qui ont été divulgués la semaine dernière.
Le Washington Post, quotidien américain, qui a pu accéder à ces documents, divulgués la semaine dernière, affirme que les mercenaires russes ont approché la Turquie afin de lui acheter des drones Bayraktar TB2. Étant membre de l'OTAN, cette transaction se révèle compliquée pour Ankara.
Scénario improbable
Selon les documents consultés par le Washington Post, le Mali aurait donc proposé d'acheter des drones pour Wagner. Un scénario assez improbable selon Jean Marcou, professeur à Sciences Po Grenoble, chercheur associé à l'Institut français d'études anatoliennes d'Istanbul, qui répond à Gaëlle Laleix : « La Turquie est membre de l'Otan, mais également ces dernières années elle a développé des relations proches avec la Russie. Mais depuis qu'elle a condamné l'annexion de la Crimée par la Russie, la Turquie a également des relations proches avec l'Ukraine. À tel point d'ailleurs qu'elle fabrique désormais, en joint-venture, des drones avec l'Ukraine. »
« Difficile à croire »
« Donc, cette fourniture de drones par la Turquie à Wagner, y compris via le Mali, de drones qui pourraient être utilisés non seulement en Afrique, mais également sur d'autres fronts, y compris l'Ukraine, paraît quand même un scénario un peu difficile à croire, poursuit Jean Marcou. Djibouti, la Libye, le Maroc, le Nigeria également, la Somalie, le Togo, et même la Tunisie, achetaient des drones à Ankara. Donc à l'heure actuelle, la Turquie n'a pas de problème pour écouler ses drones. Elle n'est pas vraiment à la recherche de clients, ce sont plutôt des acheteurs qui sont à la recherche de drones turcs. En tout état de cause, ce scénario paraît un petit peu difficile à croire. »