Congo-Kinshasa: Témoignages sur les événements de Kishishe après le départ du M23

Dans l'est de la RDC, le M23 poursuit son retrait des zones qu'il occupait depuis plusieurs mois dans le Nord-Kivu alors que les troupes de la force de la communauté d'Afrique de l'Est sont en train de se déployer dans les positions remises par cette rébellion, dont l'ONU assure qu'elle bénéficie du soutien du Rwanda voisin. Les rebelles ont notamment quitté la zone de Kishishe au centre du territoire du Rutshuru, proche du parc des Virunga. Un petit ensemble de villages dont le nom est désormais lié à un massacre que le M23 aurait commis à la fin du mois de novembre 2022. Selon l'ONU, près de 170 civils y ont été tués, entre 30 et 50 selon des organisations de défenses des droits de l'homme, alors que le groupe armé évoque la mort de huit personnes dans les affrontements. Les populations qui avaient fui sont en train de regagner la zone et une équipe de journalistes de l'AFP a pu se rendre sur place pour recueillir des témoignages.

C'est la première fois que des journalistes se rendent à Kishishe de manière indépendante depuis les événements de novembre dernier. L'équipe de l'AFP dit être arrivée sur place le 5 avril soit trois jours après le départ des éléments du M23. Les témoignages rapportés recoupent les informations qui remontent du terrain ces derniers jours qui confirme l'hypothèse d'un massacre commis dans ce regroupement de villages d'un millier d'habitants. Depuis le retrait des rebelles, les forces de la communauté est-africaine sont attendues sur place, mais en attendant, « il n'y a plus d'autorités militaire, confie une source locale. Certains chefs coutumiers sont rentrés et c'est eux qui gèrent les affaires courantes. »

Porte-à-porte

Le 29 novembre, les rebelles, entrés dans la cité, ont fait du porte-à-porte. « Ils ont commencé à tuer dans tous les sens », décrit à l'AFP un habitant qui évoque aussi une tuerie dans l'église adventiste ou s'était réfugié une partie de la population. Sur le nombre de victimes, les bilans divergent. Il faudra attendre les résultats des enquêtes demandées par les autorités locales.

« Ossements »

« Dans la zone de Kishishe, on retrouve actuellement beaucoup d'ossements, explique Isaac Kibira, un responsable de l'administration. On a alors fait passer le message aux populations pour qu'elles ne touchent rien. Il faut garder les preuves pour ces enquêtes ». Il ajoute comme d'autres habitants de la zone vouloir comprendre ce qu'il s'est véritablement passé à Kishishe : « Ailleurs, le M23 n'a pas commis les mêmes massacres. Pourquoi ici ? Pourquoi cet ordre a été donné ? Les responsables du M23 connaissent l'identité des auteurs. Ils doivent être jugés », estime Isaac Kibira.

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