Prosper Bamara, un réfugié Rwandais vivant en situation irrégulière au pays de la «Teranga» (Sénégal), depuis 10 ans déjà, n'a de rêve que de se construire au Sénégal. Et ce, par le devenir de ses 6 enfants, pénalisés et privés qu'ils sont du droit à l'éducation (ils ne vont pas l'école), de s'intégrer ; lequel droit demeure une obligation citée en lettres capitales dans toutes les Constitutions, Chartes, Conventions et Protocoles internationaux.
Désoeuvré de l'attente, sans suite, à sa demande d'indulgence pour une existence légale adressée au ministre de l'Intérieur, Antoine Félix Abdoulaye Diome, en date du 11 novembre 2021, Prosper Bamara, vit mal sa situation et celle de sa famille au Sénégal. Ingénieur chimiste de qualification, M. Bamara, son épouse qui est médecin et ses 6 enfants vivent de charité à Dakar, parce que sans papiers, isolés de leur culture d'origine et non intégrés au pays de résidence où ils n'ont pas de statut légal.
Comme vous l'apercevez sur cette photo, c'est dans la Rédaction de Sud Quotidien que Prosper Barama, un refugié Rwandais, en situation administrative irrégulière, identiquement à tant d'autres personnes de nationalités étrangères résidants au Sénégal, s'est ouvert pour partager ses angoisses et, par ricochet, solliciter une fois encore toute l'indulgence des autorités Sénégalaises, aux fins d'une acquisition d'un statut légalisant sa résidence au Sénégal. Arrivé au Sénégal, en novembre 2011, avant de se faire rejoindre par sa femme et six de leurs enfants, Prosper Barama, ingénieur chimiste de son état, son épouse médecin de profession et leurs enfants vivent de charité du bon voisinage mais aussi du soutien d'anciens amis.
Toutefois, cette situation est loin de l'assurer, quand bien même il magnifie l'accueil et la générosité sénégalaise (Teranga). A son intime conviction, «le Sénégalais est très accueillant, il permet la vie là même où la légalité ne donne pas droit à la vie». Quoi de mieux pour «nous d'admirer ce beau pays que nous chérissons de tout coeur, un pays de paix et d'hospitalité légendaire communément appelée "Teranga"». Selon lui, «Tout ceci est le fruit d'un peuple aimable et aimé, religieux, charitable, paisible, avec un sens élevé d'humanisme. Autant de valeurs rares qui fondent ce beau pays qu'est le Sénégal». Ses membres isolés de leur culture d'origine et non intégrés au pays de résidence (Sénégal), cette famille qui vit de charité ne désespère pas d'avoir, un jour, un statut légal.
Surtout que, dans un autre registre, moins rassurant, il se dit être perdu doublement : d'abord pour n'avoir plus de contacts avec son pays d'origine, le Rwanda), notamment sa culture, sa famille et ensuite pour n'être pas intégré au Sénégal, faute de papiers pour lui et toute sa famille. «Je vis dans ce pays, sans pouvoir bénéficier de quoi que ce soit, ni le travail, ni l'accès aux soins de santé et pas même l'accès à l'éducation pour nos enfants», se désole-t-il, laissant entendre qu'aucune chance de trouver un travail, pour mener une vie autonome, ne leur est possible au Sénégal. Car, dit-il, «Pour travailler, il faut disposer de papiers légaux. Et c'est ce que nous ne disposons pas depuis dix ans déjà», regrette-t-il. Ce pesant social, économique, voire financier «m'a amené à adresser une demande d'indulgence pour une existence légale au ministre de l'Intérieur, Antoine Félix Abdoulaye Diome, en date du 11 novembre 2021, enregistré sous le numéro 17852 du 12 novembre 2021».
Pas satisfait du traitement de son dossier, par la Commission nationale d'éligibilité (Cne) dont il juge d'ailleurs le travail «très lent et les réponses non motivées», il fait savoir que «le Hcr (Haut-commissariat des Nations Unies aux réfugiés, ndlr) a anormalement traité le dossier». Ainsi, pour lui, «Le Hcr a négligé, retardé le cas et n'a respecté aucun texte et aucune loi». La posture du Hcr l'amène à s'en remettre au président de la République, Macky Sall, qu'il invite à diligenter une enquête pour établir ce qui se passe dans son dossier. Dans une situation pareille, il requiert soit le statut de réfugié du Sénégal, soit le statut de réfugié du Hcr (sous mandat du Hcr).
L'autre possibilité, beaucoup moins probante, c'est l'obtention de papiers du pays d'origine, pour s'établir comme étranger au pays de la «Teranga». A défaut, ce qui est périlleux, c'est de les voir devenir des apatrides de fait, condamnés à être des sans-papiers obligatoires et à vie. En clair, ils deviendront de facto des sans-droits ou des non-humains, légalement parlant, craint-il.