Sénégal: Occurrence de la politique et du syndicat dans le champ éducatif - Les acteurs posent le débat

Récemment, le secteur de l'éducation a connu des perturbations liées à des évènements politico-judiciaires. Ce qui n'est pas nouveau dans l'histoire du Sénégal qui montre que les contestations politiques et les revendications syndicales sont souvent amplifiées par l'espace scolaire et universitaire, à travers des manifestations de diverses formes. C'est ainsi que la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l'éducation publique (Cosydep) a posé le débat sur les rapports entre politique et syndicat hier, mardi 11 avril.

Les évènements politico-judiciaires du mois de mars dernier qui ont entraîné une anticipation des fêtes des Pâques dans le secteur de l'éducation, n'ont pas laissé indifférente la Cosydep qui a organisé hier, mardi 11 avril, un panel sur « Dialogue stratégique sur les rapports entre politique et syndicat, élections politiques et éducation ». Ce débat qui a réuni syndicalistes, politiques, élèves, parents d'élèves et société civile devrait permettre aux différents acteurs de faire la part des choses. Il n'est pas, en effet, facile de séparer le syndicalisme et la politique.

C'est l'avis de l'ancien syndicaliste Mamadou Diop Castro. « Il est difficile de séparer la politique du syndicat. C'est une frontière technique qu'il faut savoir distinguer mais difficile à séparer parce que même s'ils ne clament pas tout haut dans les rues, ce sont des initiatives souvent qui partent de militants politiques qui comprennent les enjeux, qui mesurent les difficultés et les progrès à réaliser au plan démocratique, professionnel pour aider les travailleurs à s'organiser autour de leurs revendications », a-t-il expliqué.

Une situation qui ne date pas d'aujourd'hui. Toutefois, il tient à préciser: « On accuse les syndicalistes d'être des politiciens ou d'être manipulés par des politiciens mais ce sont des politiques qui devaient réfléchir sur le devenir de la société, de l'éducation, sur leur sort et leur place dans la société et à chaque fois qu'il y a confrontation entre le pouvoir et les syndicats, ça peut déboucher sur une situation de qualité comme les états généraux qui étaient une initiative syndicale ».

Ce qui lui fait dire que « les partis peuvent influer sur le syndicalisme tout comme l'action syndicale peut réorienter ou améliorer la définition des politiques des pouvoirs publics ». Cependant, à en croire Mamadou Diop Castro, le distinguo est plus difficile de nos jours. « Aujourd'hui, tout le monde se réclame de l'autonomie syndicale. Il y a une confusion totale et un fourre-tout artistique et les syndicats et les centrales syndicales naissent comme des champignons sans ligne syndicale », a-t-il souligné.

Pour sa part, la sociologue, Maréma Touré Thiam a fait des recommandations pour un système éducatif apaisé. Selon elle, il faut, entre autres, « sensibiliser et éduquer les parties prenantes du système éducatif », « renforcer le civisme et la discipline dans les structures éducationnelles », « renforcer la sécurité dans les établissements éducatifs et la communication entre les différents acteurs », « promouvoir le dialogue ».

Sur la situation actuelle dans le secteur de l'éducation, le secrétaire général du Sels/A, Amidou Diédhiou a indiqué que le comité de suivi des négociations devra servir de « cadre d'échanges » et « permettre aux organisations syndicales de poser des questions ». Pour la pacification de l'espace scolaire, il invite le gouvernement à accorder de l'attention aux questions des enseignants décisionnaires, des 5 mille enseignants, du reversement du Meps, entre autres points.

« A mon avis, si l'autorité prend ses dispositions que nous venons d'énumérer et si également les organisations syndicales prennent les dispositions en termes de dichotomie, naturellement nous arrivons à faire en sorte que chaque puisse jouer sa participer, minimiser les risques d'impact de l'action politique dans notre système éducatif », a dit Amidou Diédhiou. Les conclusions du panel, constituées de recommandations, seront synthétisées dans un rapport qui sera diffusé auprès des acteurs et des institutions.

AllAfrica publie environ 500 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.