Le Waqf qui est l’investissement d’une aumône en vue de la rendre perpétuelle et profitable à la société prend de l’ampleur au Sénégal et dans le monde. Il est estimé à 3500 milliards de dollars dans le marché international.
Le directeur général de la Haute autorité en charge de ce secteur au Sénégal estime que pour le développement de cette activité, les acteurs ne doivent pas en faire une exclusivité de l’Etat.
Une manière pour M. Racine Ba de faire un clin d’œil au secteur privé qu’il invite à s’investir davantage dans ce secteur.
C’était à l’occasion du Forum que l’instance qu’il dirige a organisé le 8 avril 2023 à Dakar sur le thème : « Business Halal et finance sociale islamique au Sénégal : enjeux et perspectives ».
Un appel qui sonne comme une opportunité à saisir dans la mesure où le secteur de la finance islamique commence à prendre de l’ampleur avec un marché qui compte six acteurs.
La Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) en fait d’ailleurs un élément clé de l’inclusion financière du moment que l’offre de service financière appliquée aux populations exclus du système financier classique, est jugée soutenable.
« Vu les chiffres d’affaires de la micro-finance classique, un potentiel énorme existe pour que la micro-finance islamique joue pleinement son rôle », estime Dr Abdou Karim Diaw, responsable MBA en Finances islamiques au CESAG.
Pour le Dr Moustapha Ly, professeur à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, le Waqf devrait être développé très tôt au Sénégal pour lutter efficacement contre la pauvreté.
Il rappelle ainsi l’importance d’un outil initié pour rétablir un équilibre pour la prise en charge des couches exclus de la finance classique.
Sur cette lancée, le Directeur général de la HAW déplace le curseur sur la gestion des Waqf privés en appelant les pratiquants à beaucoup plus de vigilance à cause des manquements notés lors des missions de contrôle effectuées dans le secteur.
A l’en croire, dans le cadre de la formation qui est sous le régime du Waqf direct, les conditions du personnel enseignant sont souvent problématiques.
Un fonds de Waqf monétaire
En guise de solutions envisagées, en plus des directives pour rectifier le tir, le Sénégal est en train de mettre en place un fonds de Waqf monétaire avec une contribution de l’Etat.
Le secteur privé est également invité à mettre la main à la patte pour apporter sa pierre à l’édifice.
Selon le Dr Ahmed Lamine Athie, Directeur des partenariats à la HAW, le Waqf monétaire joue un rôle majeur dans la stratégie de réduction de la pauvreté et de développement économique dans la mesure où il peut être investi dans diverses activités en priorité économique.
Avant de préciser qu’il consiste un capital en numéraires mis à disposition pour le financement d’un projet Waqf ou fructifié à travers des investissements dans des secteurs halal.
Pour lui, le fonds doit bénéficier aux secteurs de la santé, de l’éducation et la formation, l’autonomisation économique des femmes et des jeunes, enfants en situation d’handicap…
Afin de jouer pleinement le rôle qui lui est assigné dans l’inclusion financière des couches pauvres de la population, le Waqf devrait faire face à des défis liés au renforcement de capacité techniques des parties prenantes.
A cela s’ajoutent la mise à niveau du système d’information et de gestion des acteurs du secteur, l’amélioration de l’offre des produits de finances islamiques.
Sans oublier l’instauration d’un cadre réglementaire adapté ainsi qu’un cadre fiscal devant aider au développement des activités du secteur.