Afrique: La crise du choléra peut être évitée

communiqué de presse

Le monde est confronté à une recrudescence du choléra, qui touche même des pays où la maladie était absente depuis des décennies. Des années de progrès contre cette maladie ancestrale ont été balayées. Si cette situation est sans précédent, la leçon à en tirer n'est, quant à elle, pas nouvelle : l'eau potable, l'assainissement et l'hygiène sont les seules solutions durables et à long terme pour mettre fin à cette situation d'urgence et en prévenir de futures.

La situation du choléra dans le monde est préoccupante, toutefois, tandis que nous célébrons aujourd'hui la Journée mondiale de l'eau et que s'ouvre à New York l'historique Conférence des Nations Unies sur l'eau, le Groupe spécial mondial de lutte contre le choléra (GTFCC) appelle les pays et la communauté internationale à traduire cette inquiétude en actions concrètes.

Premièrement, pour prévenir de futures flambées, les pays ont besoin de systèmes de surveillance de la santé publique solides, à même d'identifier et de confirmer rapidement les cas de choléra afin de pouvoir intervenir sans délai. Les pays touchés par des flambées généralisées ont besoin d'un soutien immédiat pour suivre la situation et y faire face. Nous ne pouvons pas résoudre un problème que nous ne voyons pas.

Deuxièmement, il nous faut enrayer le cycle qui nous mène d'une urgence à l'autre en consacrant des investissements à l'eau, à l'assainissement et à l'hygiène (WASH). Lorsqu'une flambée de choléra se déclare, les équipes d'intervention se hâtent de faire livrer du savon et des pastilles de chlore, d'acheminer de l'eau potable par camion et de construire des latrines provisoires pour empêcher que la flambée se propage. Si ces mesures sauvent incontestablement des vies, consacrer des investissements à plus long terme aux infrastructures WASH peut néanmoins prévenir purement et simplement les flambées épidémiques. Partout dans le monde où le choléra a été éliminé, il l'a été grâce à des améliorations des infrastructures essentielles d'approvisionnement en eau, d'assainissement et d'hygiène - l'accès auxquelles est un droit humain reconnu internationalement.

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Il est plus efficace de passer de la riposte aux situations d'urgence à des investissements à long terme, car bien que le choléra soit un problème de santé, il s'agit avant tout d'un problème lié au développement.

Troisièmement, il convient d'axer les efforts sur les points chauds. La lutte contre le choléra requiert une démarche ciblée sur les points chauds - zones ou districts sanitaires - où se concentrent les cas de choléra. Axer les efforts sur les points chauds fait plus que doubler le rendement des investissements consacrés à l'approvisionnement en eau potable, à l'assainissement et à l'hygiène : de 4,30 à 10 dollars des États-Unis pour chaque dollar investi.

Quatrièmement, il importe de soutenir l'élaboration et la mise en oeuvre de plans nationaux de lutte contre le choléra, y compris le budget affecté aux mesures WASH. Ces plans nationaux définissent les mesures multisectorielles nécessaires pour une lutte anti-infectieuse durable, notamment au moyen de vaccins anticholériques oraux et en plaçant les communautés au coeur des interventions.

La pauvreté, les conflits et les catastrophes naturelles continuent d'alimenter le choléra, désormais amplifié par les changements climatiques. L'avenir présente de nombreux défis, cependant, pour le choléra au moins, nous avons la solution : l'accès à l'eau potable, à l'assainissement et à l'hygiène dans les points chauds. Des investissements urgents et ciblés nous permettront d'y parvenir.

Note à l'intention des rédacteurs

Ces derniers mois, le choléra est en recrudescence dans le monde. L'an dernier, pas moins de 30 pays ont enregistré des flambées, et nous continuons d'assister à une propagation géographique inquiétante du choléra en 2023. Des flambées sont apparues dans des pays qui n'en avaient pas connu depuis plusieurs décennies, notamment en Afrique du Sud, au Liban et en Syrie. Le nombre et l'étendue des flambées ne sont pas les seuls facteurs préoccupants, leur degré de gravité l'est tout autant. Le taux moyen de létalité des flambées actuelles est deux fois plus élevé que le seuil cible de moins de 1 %.

Nombre de ces flambées sont clairement liées à des événements climatiques extrêmes, qui apportent tantôt trop d'eau, tantôt trop peu, deux facteurs qui favorisent grandement le choléra dans la mesure où ils perturbent l'accès à l'approvisionnement en eau et où la population peut se voir contrainte de quitter son domicile et de s'installer dans des lieux plus temporaires - parfois surpeuplés. À l'avenir, nous pouvons nous attendre à des inondations, des sécheresses, des tempêtes et des déplacements de population plus fréquents. Outre les changements climatiques, la modélisation montre que la croissance démographique et l'urbanisation pourraient à elles seules entraîner un doublement des cas de choléra au cours des 20 prochaines années si nous n'agissons pas maintenant.

Pour plus d'informations sur la démarche multisectorielle de lutte contre le choléra, veuillez consulter la déclaration du comité directeur du Groupe spécial mondial de lutte contre le choléra (en anglais) concernant la situation actuelle.

Signé par les membres du comité directeur du Groupe spécial mondial de lutte contre le choléra (GTFCC)

Son Excellence M. Hakainde Hichilema, Président de la République de Zambie et champion de la lutte mondiale contre le choléra

Dr. Frew Benson, président du comité directeur du GTFCC

Dr. Christopher J. Elias, président, développement mondial, Bill & Melinda Gates Foundation

Dr. Howard Zucker, directeur adjoint en charge de la santé mondiale, Centers for Disease Control and Prevention

Dr. Seth Berkley, directeur exécutif, Gavi, l'Alliance du vaccin

Dr. Tahmeed Ahmed, directeur exécutif, icddr,b

Jagan Chapagain, Secrétaire général de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR)

Dr. Christos Christou, président international, Médecins Sans Frontières

Catherine Russell, Directrice générale, UNICEF

Dr. Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général, Organisation mondiale de la Santé

Contacts pour les médias

Institut national de santé publique de Zambie : Mazyanga Liwewe, [email protected]

BMGF : [email protected]

CDC : Erik M. Friedly, [email protected]

Gavi, l'Alliance du Vaccin : [email protected]

FICR : Marie Claudet, [email protected]

MSF : Jean-Marc Jacobs, [email protected]

UNICEF : Sara Alhattab, +1 917 957 6536, [email protected]

OMS : [email protected]

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