Un média en ligne en République démocratique du Congo (RDC) a partagé un article depuis le 25 mars dernier rapportant que « la province du Kasaï connaît un accroissement de 327 % de sa population enrôlée, alors que la province du Kwilu garde son taux d'enrôlement stable (0,000 1 %) comparé aux statistiques de 2017 ».
L'article cite un document signé par Focas Kukelemena, coordonnateur de la Commission de suivi, de surveillance des opérations électorales et de lutte contre la fraude électorale (CSOL) de la plateforme Lamuka aile Adolphe Muzito.
Lamuka est une plateforme politique créée lors des dernières élections en RDC. Elle portait la candidature de Martin Fayulu, président du parti Engagement pour la Citoyenneté et le Développement (ECIDE) à la présidentielle.
La plateforme regroupait les principaux poids lourds de l'arène politique congolaise comme Moïse Katumbi, Adolphe Muzito, Jean-Pierre Bemba et Martin Fayulu. Après la présidentielle de 2018, elle a continué à être dirigée à tour de rôle sous la forme d'une présidence tournante tous les six mois entre Adolphe Muzito et Martin Fayulu.
Mais le duo s'est séparé en 2022 lorsque Adolphe Muzito a annoncé qu'il sera candidat à l'élection présidentielle prévue fin 2023.
En parcourant le document intitulé Monitoring « LAMUKA » sur les opérations d'identification et d'enrôlement dans l'aire géographique A01 sous la direction d'Adolphe Muzito, on constate l'absence d'information sur la méthodologie de ce travail du monitoring.
Selon plusieurs observateurs, il est très précipité de tirer de telles conclusions, car le nombre total d'électeurs enrôlés dans chaque circonscription électorale n'est pas encore en cours de calcul.
« On doit procéder au nettoyage du fichier électoral pour élaguer les électeurs inscrits irrégulièrement. En 2018, la CENI avait écarté du fichier électoral plus de six millions d'électeurs qui avaient été enrôlés en violation de la loi. Le plus important à ce stade est donc de se rassurer que toutes les personnes enrôlées çà et là existent bel et bien et qu'elles remplissent les conditions exigées pour ce faire. Les audits internes et externes des opérations d'enrôlement des électeurs nous permettront d'avoir une idée sur ces allégations », estime Ithiel Batumike, chercheur principal au pilier politique d'Ebuteli, un institut congolais de recherche sur la politique, la gouvernance et la violence.
Contactée mercredi 29 mars, la CENI affirme n'avoir pas été officiellement informée : « Ce document circule, mais, nous, nous attendons la version officielle », CENI
Mais, pour Focas Kukelemena, coordonnateur de la Commission de Lamuka qui a publié ces chiffres, la démarche ne se fera pas dans cet ordre-là : « en tant que parti politique, nous ne pouvons pas aller vers la CENI parce qu'elle n'a pas été coopérative en amont afin de nous permettre d'exécuter le travail. Le plus important pour nous, c'était d'alerter l'opinion, car c'est à elle de trancher si ce processus respecte la transparence et est crédible ».
Il explique également que la méthodologie de travail utilisée a été participative : « un parti politique s'intéresse au processus électoral, nous avons essayé de faire avec le mécanisme de l'enquête avec nos représentants et nos cadres sur différents bureaux dans une approche participative afin de se positionner comme surveiller la qualité du mécanisme ». Monitoring-LAMUKA-2Download