Dakar — L'instauration du roaming national est l'un des chantiers prioritaires auxquels compte s'attaquer l'Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP), qui va aussi chercher à assurer la redynamisation du secteur postal et la régulation des réseaux sociaux, a annoncé son directeur général de l'ARTP.
"Nous avons une innovation qui se pointe à l'horizon, et non des moindres, c'est le roaming national", a-t-il déclaré dans un entretien avec l'Agence de presse sénégalaise (APS) dont il était l'invité de la rédaction. Le roaming national "permettra à tous les Sénégalais qui détiennent des téléphones mobiles de pouvoir communiquer indépendamment de la présence de leurs opérateurs à l'endroit où ils se trouvent", a déclaré, Abdou Karim Sall, qui avait déjà dirigé l'ARTP de 2014 à 2019.
Il estime que "ce que les Anglais appellent le One network aera (un seul réseau) doit être une réalité au Sénégal". Un client d'un opérateur X, qui a un déficit de couverture dans une zone quelconque, doit pouvoir capter le réseau de l'opérateur présent dans cette zone, pour faire ses appels téléphoniques et se connecter à internet", a expliqué Abdou Karim, ancien à la tête de l'ARTP au début du mois de mars dernier. "C'est cela l'innovation que nous voulons apporter et nous avons déjà discuté avec déjà les deux opérateurs, Sonatel et Free. Je vais recevoir (...) dans les jours à venir Expresso pour lui parler de notre volonté d'instaurer le roaming national", a-t-il dit.
L'avènement de ce roaming "va permettre de pallier les problèmes de couverture", a assuré Abdou Karim Sall. "Vous allez dans une zone, vous voyez qu'il n'y a qu'un seul opérateur présent. Vous client de l'autre opérateur, vous n'avez plus de réseau, vous ne pouvez plus communiquer. Ça, c'est contraire aux principes du +one network area+", a-t-il déploré.
"On doit avoir un réseau unique au Sénégal et ça doit être transparent pour l'usager", a-t-il insisté.
Selon lui, "n'importe quel usager doit désormais, après la mise en place du roaming national, pouvoir, indépendamment de la couverture des opérateurs, communiquer sans aucun problème et recevoir des appels", a-t-il dit.
"C'est un projet impactant. C'est un projet important pour le Sénégal et les Sénégalais. Notre ambition c'est qu'on ait une couverture, une bonne couverture partout sur l'étendue du territoire national mais qu'on ait une bonne qualité de service partout", a-t-il ajouté. Le DG de l'ARTP dit avoir donné à cet effet des instructions au directeur de l'économie des marchés de l'ARTP.
Il a souligné que le roaming national sera "une priorité" pour l'ARTP durant "les trois mois à venir". "Il va falloir que nous disions aux Sénégalais : voilà ce que nous avons l'ambition de faire et voilà comment nous allons le faire (...)", a-t-il dit.
Il a signalé que "dans certains pays, ce sont les opérateurs eux-mêmes qui s'entendent pour s'appliquer le roaming entre eux". Au Sénégal, dit-il, ce travail sera mené par le régulateur qui "va demander aux opérateurs d'autoriser le roaming dans leur réseau pour le client de l'opérateur x qui sort de son réseau", a-t-il insisté.
L'ARTP entend aussi faire de la régulation du secteur postal une priorité, a-t-il indiqué. "L'ARTP, c'est une autorité de régulation pour les télécommunications et les postes. On a tendance à mettre l'accent sur la régulation des télécommunications en occultant la régulation postale", a-t-il fait observer.
Il a promis de travailler à "redynamiser la régulation postale, redynamiser le secteur postal". "Vous savez, aujourd'hui, le commerce électronique est devenu une réalité qui s'appuie sur des plateformes existantes soit au Sénégal soit ailleurs. Aujourd'hui, vous n'êtes pas sans savoir que dans les réseaux sociaux, il arrive que l'on poste des informations qui vous permettent d'appuyer sur un bouton pour commander un produit et la minute qui suit, le livreur vient chez vous, vous donne votre produit et vous payez", a-t-il expliqué.
Il a souligné la nécessité d'un encadrement de la livraison dans le cadre du commerce électronique. "On gagne du temps. C'est l'évolution future au niveau du secteur de la poste. La livraison des paquets, c'est du ressort de la Poste (...) Il va falloir qu'on encadre tout ça. Nous allons faire en sorte que le secteur puisse tirer son épingle du jeu", a-t-il suggéré.
Abdou Karim Sall déclare vouloir également faire de la régulation des réseaux sociaux, l'une de ses priorités. "Il y a énormément de dégâts dans les réseaux sociaux. Le président de la République qui est une institution, en souffre. Nos guides religieux qui sont des piliers importants pour le Sénégal en souffrent, le citoyen lambda en souffre", a-t-il fait valoir. Il estime qu'il "va falloir qu'on trouve des solutions pour arrêter cette hémorragie".
"On ne peut pas continuer à laisser les gens, sous prétexte d'utilisation des réseaux sociaux, se cacher derrière leur clavier en débitant à longueur de journée des insanités en direction des honorables personnes, que ce soit les institutions, que ce soit nos guides religieux ou que ce soit les citoyens comme vous et moi", a-t-il dit.