Afrique: Tourisme et hôtellerie dans l'espace CEDEAO - Neuf types d'établissements d'hébergement identifiés

12 Avril 2023

Les ministres du Tourisme de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) réunis le 7 avril, à Lomé (Togo), ont procédé à l'adoption et la validation sectorielle des textes réglementaires régissant les 9 Établissements d'hébergement touristique (Eht) identifiés dans les 15 États-membres (anglophones, francophones et lusophones) de l'espace communautaire régional.

Les ministres du Tourisme de la Cedeao ont procédé, le 7 avril à Lomé, au Togo, sous la houlette de Dr Fernando Vaz, Ministre du Tourisme et de l'Artisanat de Guinée-Bissau, à la validation sectorielle du cadre juridique et réglementaire des Établissements d'hébergement touristique (Eht) de l'hôtellerie au sein de l'espace communautaire, informe un communiqué.

À l'issue de leur conclave, neuf types d'établissements d'hébergement touristiques ont été identifiés dans l'espace Cedeao. Ils ont pour noms : l'hôtel, le motel, l'auberge, la chambre d'hôte, l'appart'hôtel, le camping/caravane, le village de vacances, le bateau/péniche et l'Ecolodge. Ce qui fera dire au ministre bissau-guinéen qu'à compter de ce jour, « la destination Cedeao est au rendez-vous des destinations de premier choix » avec des réceptifs hôteliers « de grande qualité pour émerveiller nos visiteurs, générer et sécuriser des emplois qualifiés, accroître les flux et les recettes touristiques ».

En outre, les référentiels pour la signalétique de matérialisation du classement des établissements d'hébergement touristique au sein de la Cedeao ainsi que les panonceaux de classement doivent comporter les caractéristiques suivant la typologie de l'établissement matérialisé par l'initial du nom du type d'hébergement : « H » pour les hôtels, « A » pour les auberges, « R » pour les résidences...

Selon Dr Anthony Luka Elumelu, Directeur du secteur privé de la Commission de la Cedeao, il importe pour une viabilité et une fiabilité du processus, de « définir un référentiel de protection du classement par une fourchette tarifaire qui indique une fourchette des prix à pratiquer pour chaque établissement d'hébergement touristique et chaque grade ». Il permet ainsi d'éviter la concurrence déloyale en protégeant le classement hôtelier. Ce référentiel est révisé à une fréquence définie par chaque État-membre.

Le processus d'adoption des textes portant « Réglementation et classement des Eht au sein de l'espace Cedeao », après la Réunion des Experts, puis celle des ministres en charge du Tourisme le 7 avril 2023, « devrait déboucher sur leur adoption par la Conférence des Chefs d'État et de Gouvernement avant la fin du premier semestre de cette année. Mais avant, le processus se poursuivra par la présentation technique des textes au Parlement de la Cedeao à Abuja (Nigeria) lors de sa première session en mai prochain.

FAOUZOU DÈME, EXPERT EN TOURISME

« Nous avons un déficit de concepteurs et de spécialistes de produits touristiques »

Consultant international en tourisme, conseiller de plusieurs ministres, Faouzou Dème est une voix autorisée dans le milieu touristique. Dans cet entretien, il fait un diagnostic sans complaisance du secteur et de ses nombreuses contraintes.

Quelle analyse faites-vous de la situation du secteur touristique après la période de Covid-19 ?

Au-delà des problèmes de gouvernance du secteur, il faut noter qu'à chaque sortie de crise, de quelque nature qu'elle soit, le tourisme revient plus fort et plus innovant que jamais. Le tourisme a une capacité de résilience très forte et impressionnante. Maintenant, cette capacité de résilience requiert des acteurs et des autorités pour l'accompagner. Mais, surtout des innovations et des mesures de relance exceptionnelles. S'agissant du Sénégal, il y a deux leviers sur lesquels les acteurs et le ministère doivent s'accorder. D'abord, la requalification du produit et/ou des produits touristiques, en direction des marchés émetteurs, en tenant compte des besoins exprimés par les touristes.

Ensuite, l'appui au secteur pour développer des produits pour le tourisme local, qui est fondamental pour la relance de l'activité touristique. Bien évidemment, il n'y a pas que cela, mais ce sont deux leviers importants à côté des financements et des allègements fiscaux et d'autres dont la liste finirait par être longue, tellement que nous sommes loin du chemin du développement de notre tourisme.

Un fonds d'appui et de relance du tourisme a été mis en place par le Fongip. Va-t-il soulager quand même ?

Il faut savoir que tout n'est pas une question d'argent. L'accompagnement doit être multiforme, en respectant l'équité territoriale et d'autres critères non moins importants. Comme la promotion, la formation, l'accessibilité, la salubrité, la qualité de service offert et les tarifs qui sont appliqués. Je pouvais continuer à développer sur le financement qui, sans une bonne stratégie et des options de rentabilité, serait une perte d'argent et de temps. Le financement doit être inclusif, basé sur un business plan cohérent, rigoureux et réalisable.

Alors, sur quels leviers devrait-on s'appuyer pour amorcer la relance du secteur ?

Nous l'avons effleuré dans la question précédente. Pour amorcer la relance, il faut également un environnement de paix, de sécurité et de mobilité. Mais il en faut plus. C'est autant la gouvernance, la formation, la diversification des produits touristiques, l'innovation, sans oublier les nouveaux paradigmes et codes du tourisme digital, des plateformes e-tourism, etc. Ce qui est loin d'être le cas chez nous.

Est-ce que le tourisme local ne peut pas être une alternative ?

Voilà justement la raison d'être de notre tourisme que nous avons longtemps ignoré et que la Covid-19 est venue nous enseigner. Le tourisme local ne doit pas être une alternative. Il doit être une composante essentielle de l'offre touristique. Aucun pays n'a développé son tourisme en dehors de son tourisme local et intra-régional ou communautaire. On ne fait pas du tourisme sans la recherche, l'analyse, les études, les statistiques, la vision, un plan stratégique de développement décennal, des experts, des universitaires, etc.

Voulez-vous dire que le potentiel touristique local est sous-exploité ?

Le dixième de notre potentiel n'est pas exploité. Mieux, plus de la moitié de notre potentiel est méconnu. Nous avons un déficit de concepteurs et de spécialistes de produits touristiques. De même que des guides interprètes d'excellent niveau de maîtrise des langues étrangères pour sublimer nos touristes. Nous avons du mal à labelliser nos produits, à créer des évènements folkloriques, carnavals, festivals, concerts, etc. De façon à attirer des visiteurs étrangers. Nous avons du mal à vendre ensemble notre artisanat, notre culture, notre cuisine et même le tourisme religieux et médical. C'est dommage.

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