En réaction à ma tribune sur la proposition de loi dit " de père et de mère ", un ami de Facebook m'a répondu ceci : " Il n'y a pas moyen de faire confiance aux 50 % là ! Soutien total à la loi Tshiani ! "
Je partage avec vous la réponse que je lui ai envoyée.
Mon ami, c'est votre droit. Alors pourquoi voulez-vous qu'une autorité mukongo, muluba, nande, un mushi, mulubakat. . . fasse confiance en quelqu'un qui n'est pas 100 % de sa tribu ? Cette méfiance des " étrangers " c'est à dire tous ceux qui ne sont pas 100 % de ma communauté est le fondement du tribalisme. Et c'est le même raisonnement qui sous-tend la proposition de loi Tshiani. On ne peut avoir confiance, en termes de patriotisme, de nationalisme, de bonne gouvernance, d'intégrité morale, qu'à ceux qui sont congolais de père et de mère c'est à dire 100 % comme moi. Ceux dont l'un des parents est étranger, même l'un des grands-parents, ne sont pas dignes de confiance. Ils peuvent nous trahir à tout moment.
Votre raisonnement, cher ami, vous conduira logiquement à vous méfier même des enfants de votre propre soeur parce que leur père n'est pas membre de votre tribu ou originaire de la même province que vous. Ces enfants sont seulement 50 % membres de votre tribu, province. . . Donc indignes de confiance. C'est ça le fondement philosophique du tribalisme : ne faire confiance qu'aux membres de sa propre tribu parce que vous partagez à 100 % le même sang.
Alors pourquoi condamner une autorité, quelle que soit sa tribu, son niveau de responsabilité ou la période de notre histoire, qui raisonne exactement comme vous (se méfier de tous ceux qui ne sont pas à 100 % de ma famille, mon clan, ma tribu ou ma province) et qui attribue des postes lucratifs et stratégiques de l'Etat aux membres de sa tribu ou aux originaires de sa province ? La loi Tshiani c'est du tribalisme élevé au niveau national.
Si vous avez du temps mon frère, je vous recommande la lecture d'un très bon livre qui s'intitule " La confiance et la puissance " d'un grand penseur américain Francis Fukuyama. Il explique que, dans les pays développés (Etats-Unis, Allemagne, Japon, France. . . ) la confiance entre les individus est plus grande que dans les pays sous-développés. Juste deux exemples.
1. Le président américain est gardé par des gens qu'il ne connaît pas : les agents du secret service. Il n'y a aucun membre de sa famille, de sa tribu. . . parmi ses garde-corps. Mais, il dort tranquille parce qu'il a confiance en leur professionnalisme. Il mange tous les jours des repas préparés par des cuisiniers qu'il a trouvé à la maison blanche et qui ont servi ses prédécesseurs.
2. Les actionnaires de la société Coca-cola vont embaucher comme président-directeur général un homme ou une femme qu'ils ne connaissent pas mais en se fiant seulement à son CV.
Tout ça pour dire que la méfiance, qui sous-tend le tribalisme, le népotisme, le régionalisme. . . est un lourd fardeau qui continuera encore à nous empêcher d'avancer vers le développement de notre grand et magnifique pays, la RDC !