Al Siddik Haftar, l'un des fils de l'homme fort de l'Est libyen Khalifa Haftar a été nommé président d'honneur du club Al Merreikh, l'un des deux grands clubs de football au Soudan.
L'annonce a été faite lundi lors d'une conférence de presse qui s'est tenue au club à Oumdourman en présence d'Al Siddik Haftar qui s'était déplacé à Khartoum en avion privé. Il a fait don au club de deux millions de dollars. Le club rouge soudanais est confronté à des difficultés administratives et financières et n'arrive pas à finir la réhabilitation de son stade resté fermé depuis quelques années.
Al Siddik Haftar a fini la soirée chez un autre bienfaiteur d'Al Merreikh, le général Mohamed Hamdan Daglo, Hemedti, à Khartoum. Ensemble, ils ont rompu le jeûne. Le numéro deux du conseil souverain soudanais et chef des milices d'intervention rapide connait lui aussi bien le club de foot fondé en 1927. Il a fait don au stade en cours de réfection, de gazon, de sièges et d'installations électriques. Et c'est la société Al-Jonaid dirigée par le frère de Hemedti qui gère les travaux.
Selon le journal, al-Soudani, la décision de nommer Al Siddik Haftar président d'honneur a divisé le conseil d'administration du club. L'un des membres de ce conseil confie au journal que démettre de ses fonctions l'ancien président d'honneur, tout comme la nomination du nouveau président, n'ont pas été votés par les membres du conseil. Ayman Mbarak Abou Jbine, le président du club affirme lui, le contraire.
L'intrusion de la politique dans le monde du sport laisse cependant sceptique. Ces dons ne plaisent pas à tous à Al Merreikh, certains craignent que cela ne se répercute sur le club et le football. Khalifa Haftar est l'allié de Hemedti. Ce dernier lui a prêté main forte en 2019, en lui envoyant des mercenaires soudanais en renfort lors de la guerre de Tripoli.
Ces hommes sont toujours en Libye et font partie des nombreux autres mercenaires et forces étrangères qui selon l'ONU menacent la stabilité de la Libye. L'organisation internationale cherche à organiser leur retour.
Des supporteurs soudanais considèrent que cette nomination exprime un « échange d'intérêt entre partenaires » et dénoncent une opération de blanchiment d'argent. En Libye, on se pose la question sur la source d'argent détenu par Khalifa Haftar et ses fils. Nombreux sont ceux qui regrettent que cette somme d'argent n'ait pas été allouée aux victimes de la guerre. D'autres trouvent enfin qu'il valait mieux l'attribuer à un club libyen, au moment où tous les clubs du pays sont dans le besoin.