Il en est de la loi des séries, comme de l'histoire. Leur effet est celui des dominos. Et tout porte à croire que Sadio Mané, hier fringant, flamboyant, feu-follet footballeur dont la seule présence au sein de l'attaque d'une équipe suffisait à semer la panique dans la défense adverse mais qui vit désormais, lui-même, les heures les plus incertaines de sa belle-carrière.
Le temps n'est plus où l'enfant venu de son lointain patelin de Bambali faisait tournoyer les statistiques. Quand il enfilait les buts suite à des dribbles aussi déroutants qu'incisifs. C'était hier. En particulier lors de ses années en Autriche dans le Club Red Bulls qui l'a fait connaître véritablement, puis à Southampton avant son éclosion définitive, au firmament de la galaxie du ballon rond mondial dans son avant-dernier club de Liverpool, où il réussit à gagner les titres les plus prestigieux aussi bien en individuel qu'en collectif.
Il y a quelques-mois, en Juin dernier, me trouvant à Munich, on ne parlait que de lui, dans cette ville à la culture profonde, unique dans la fédération Allemande, et c'est en messie qu'on l'y voyait ayant la mission de porter encore plus haut le flambeau du football local.
Depuis, les vents ont tourné. Négativement. En réalité, ce n'est pas d'un ressac brutal ni d'une soudaine baisse de forme. Tout, de fait, se retourne contre lui et même la victoire, en février 2022, de la Coupe d'Afrique des nations de football n'était qu'une illusoire illumination obtenue avec beaucoup de chance après une participatio pousssive de nos Lions, l'équipe nationale de football.
On connaît la suite. De revers en blessures, la coupe du monde ratée pour l'une d'elles, et enfin le match horrible d'il y a trois jours entre son Club, le Bayern de Munich, et Manchester City, l'un des ogres du football Britannique. La suspension et les interrogations. La question centrale est celle-ci: quel avenir, s'il y en a, pour celui que nos compatriotes désignent sous le nom guerrier, tiré de son terroir Casamançais, de Nanthio ?
La vie des footballeurs épouse des courbes fluctuantes comme l'attestent le déclassement pendant le dernier Mondial Qatari du Portugais Christiano Ronaldo et son exil vers un championnait exotique, en Arabie Saoudite, pour y finir ses jours d'ancienne star de la planète foot.
C'est le tour de Sadio. Qu'on ne s'y trompe pas. Son pain blanc appartient au passé. Ses muscles ne répondent plus comme avant. Sa vivacité s'est muée en une lenteur qui lui fait ressembler à un vieux lion qu'approchent sans trembler des gazelles sur les terrains de football.
Qu'on n'en tire pas la conclusion qu'il n'a plus de jus ni de talent. La rèche réalité est cependant qu'à vouloir miser le football Sénégalais sur une étoile déclinante, c'est ne pas lui rendre service. L'heure est celle du réalisme. Comme tant d'autres grands footballeurs, les pertes de performances qui s'alignent sous les pas de l'enfant prodige de son village, dont il est aussi le banéfacteur, ne sont pas des signes insignifiants. Ils sont l'indication tangible qu'il est maintenant sur une pente descendante.
Dans un tel contexte, l'aider à passer ses dernières années dans le football de haut niveau, en flattant son moral, est certes une attitude noble, une reconnaissance pour tout ce qu'il a représenté dans le football national mais la lucidité invite à l'accompagner vers une reconversion réussie. Du genre qu'Habib Bèye, devenu aussi bien entraîneur que chroniqueur sportif de haut vol, ou Khalilou Fadiga, récemment auréolé d'un diplôme de droit, ont su mettre à leur actif après une aussi exaltante carrière footballistique pour l'un et l'autre.
A 31 ans, Sadio Mané doit y penser. Que soit pour les études ou les affaires, voire la politique, il ne lui manque pas de possibilités pour donner à sa vie le tournant qu'elle mendie à présent que ses prestations sur les terrains de football n'ont plus le destin stratosphérique qui fut les leurs dans un passé récent....
Ce n'est pas conjuguer au passé ni au passif l'avenir de notre icône consensuelle.
Quiconque, sans sombrer dans le fanatisme excessif, béat, autour des stars du ballon rond, sait que déjà après quelques mois passés au Bayern, Mané n'y a plus sa...place. Sauf retournement spectaculaire, il risque de cirer davantage les bancs de son club que de secouer les filets des camps adverses.
La décadence de Sadio a commencé avec ses tensions sur le terrain l'an dernier lorsqu'il était toujours gouailleur, colérique, pendant ses matchs dans une équipe de Liverpool où son étoile avait tellement pâli que son entraîneur n'avait qu'un plan pour lui: lui ouvrir la porte de sortie vers d'autres cieux.
Sa venue en Bavière avait déclenché chez ses fans l'espoir d'une relance dans une équipe dont les puristes s'accordent à dire qu'elle est le dépositaire du football en Allemagne en plus d'être l'une des plus capées de l'Europe. Il n'en est rien. Sadio n'est plus que l'ombre de lui-même.
C'était prévisible. En ma qualité de fupporter du Bayern depuis ma tendre enfance, attiré par la qualité de son jeu et le talent de ses stars, notamment Franz Beckenbauer et Gerd Muller, je m'étais un peu pris au rêve que Sadio y laisserait aussi ses marques. Dans les années 1970, qui n'avait pas voulu s'entousiasmer à la vue des footballeurs rugueux et redoutablement efficaces de l'Allemagne que l'on disait alors Fédérale face à l'autre, l'Allemagne, outrancièrement dénommée Démocratique, nichée au coeur du monde communiste d'alors...
Du libéro libéré, comme on appelait Beckenbauer, à d'autres figures emblématiques, telles Sepp Maier, Paul Breitner, Georg « Katche » Schwatzenberg et les autres footballeurs de la Manschaftt, notamment Grabowski, Overath, Vogts, Hoeness, Bonhof, Netzer, il ne manquait pas de grands joueurs, la plupart étant passés par l'Académie Munichoise.
Puis, ces dernières années, en Lewandowski et Ribery, Kuffuour, le Club avait gagné en internationalisation. C'est ce pli que devait conforter notre Lion.
Ce n'est pas jouer au Cassandre mais la vérité est toute autre: Sadio Mané est en passe de rater sa sortie. L'aider à négocier ce moment délicat de sa carrière est le plus grand mal qu'on attend de la part des dirigeants politiques et sportifs, mais aussi ceux de son village, qui ont tant bénéficié de son talent.
Rivaliser dans la déclinaison des formules, du genre: Sa Kanam, ou comme le dit l'émotif Yankhoba Diattara « lissi kanam moy dakh », c'est ignorer la loi implacable des séries et de la biologie.
Au nom de ce qu'il a réussi, ce qu'il faut faire pour en préserver la substance, c'est d'ores et déjà préparer la relève, et trouver dans les jeunes pousses du football Sénégalais, qui en est riche, les futurs Nanthios au lieu de s'acrrocher à un passé évanescent.
Pour sa part, Sadio restera un héros, puisqu'il est déjà entré dans l'histoire du football africain....
Ps: Adama Gaye est un fan du football Sénégalais et un ancien supporter du Bayern de Munich pendant ses années d'élève.