À l'issue d'une véritable démocratie directe, à Sambava, le président de la République a donné son accord à la libéralisation du secteur de la vanille. Une décision dans le but de débloquer la paralysie du secteur.
Un feu vert présidentiel. Andry Rajoelina, président de la République, valide la libéralisation du secteur de la vanille. Une validation publique, faite à l'issue d'un échange de vive voix, en trois étapes, avec les acteurs du secteur, hier. Trouver une solution concertée aux problèmes qui paralysent le secteur de la vanille a été l'objet du déplacement présidentiel à Sambava, capitale de la région Sava, hier. "Nous ne partirons pas d'ici tant que nous n'aurons pas trouvé de solution", lance-t-il alors devant la foule rassemblée au gymnase de la ville.
Ceci après des échanges préalables avec les notables et autorités traditionnelles de la région, ensuite avec les planteurs, les collecteurs et les exportateurs. La validation de la libéralisation a été annoncée à l'issue d'une séance de "démocratie directe", où maires et opérateurs de la vanille ont enchaîné les prises de parole durant trois heures de temps. Une séance avec le Président, himself, comme modérateur. La libéralisation du secteur, la protection des intérêts des planteurs, allègement des procédures d'exportation, et l'élargissement de l'attribution de l'agrément pour les opérateurs ont été les principaux points soulevés.
Défense des planteurs
"J'entends toutes vos doléances. Je tiens toutefois à souligner que les décisions qui ont été prises n'ont nullement été dans l'intention de paralyser le secteur", indique le locataire d'Iavoloha. Il explique alors que les prix planchers ont été fixés dans l'optique de préserver les intérêts des planteurs, mais aussi, pour que les différents acteurs puissent jouir de bénéfices convenables et "éviter une chute des prix".
Après en avoir débattu de vive voix avec les acteurs, sur terrain donc, Andry Rajoelina donne publiquement son accord pour la libéralisation du secteur de la vanille. Une libéralisation votée par les exportateurs au début du mois, à l'issue d'une réunion à Antalaha et visiblement soutenue par les autres opérateurs de la filière. Cette libéralisation ne se fera cependant pas à l'aveuglette. "Il y a un ou deux points sur lesquels une réunion approfondie est nécessaire", ajoute le Président. Ses prises de paroles donnent un indice. Il y a l'impératif du rapatriement des devises.
De prime abord, l'État ne compte pas transiger sur la question du rapatriement des devises et devrait réaffirmer la règle des 70-30. C'est-à-dire que les exportateurs devront injecter 70% des devises rapatriées dans le Marché interbancaire des devises (MID), et garder 30% pour leurs usages propres. Toujours dans cette optique de libéralisation, l'État songe également à appuyer le projet de laboratoire au niveau local pour l'analyse des vanilles à exporter. L'autre point sur lequel Andry Rajoelina se veut intransigeant est la protection des intérêts des planteurs.
Cette défense des planteurs et les recettes d'exportation sont la ligne sur laquelle table le ministère de l'Industrialisation, du commerce et de la consommation justement. En frontline dans les différentes discussions préalables avec les acteurs de la vanille, avant le déplacement présidentiel d'hier, Edgard Razafindravahy, ministre de l'Industrialisation, du commerce et de la consommation, s'est appliqué à mettre en avant le souci de l'État à préserver les intérêts des agriculteurs, en plus du souci d'éviter une dégringolade du cours de l'or noir.
Confortée par le président de la République, hier, la démarche étatique pour solutionner la paralysie du secteur de la vanille a toujours été de privilégier le dialogue avec les acteurs. Des échanges et consultations menées, au nom du gouvernement, par le ministère de l'Industrialisation, du commerce et de la consommation. L'annonce présidentielle d'hier est le dénouement de cette initiative qui se veut inclusive et partant des propositions des premiers concernés. À l'issue de ce qu'il a qualifié de démocratie directe, hier, Andry Rajoelina a aussi annoncé la facilitation de l'octroi d'agrément aux opérateurs.
Une commission composée du ministère de l'Industrialisation, du commerce et de la consommation, de la présidence de la République et de représentants des régions sera chargée d'instruire les demandes d'agrément. "La commission devra donner une réponse dans les 48 heures, et indiquer s'il y a des papiers à compléter. Les agréments devront être attribués dans les 48 heures qui suivent", déclare le chef de l'État. Les opérateurs qui désirent obtenir un agrément devront toutefois préalablement adhérer à une convention, notamment, un engagement sur le rapatriement des devises.
Le Président acquiesce aussi à la doléance portant sur allègement des procédures d'exportation, notamment, sur la question de "la contre-visite". Une mesure prise à la suite de découverte de fausses déclarations et de conditionnement ne suivant pas les normes, selon les explications pourtant. "Nous allons faciliter autant que possible l'exportation de la vanille. Nous allons voir point par point les obstacles à lever et les goulots d'étranglement à enlever", affirme le chef de l'État.
L'annonce du chef de l'État, hier, devrait être l'épilogue du feuilleton sur la vanille. Une saga qui a connu diverses péripéties et vue l'entrée en scène de diplomates, de l'Église et même du Fonds monétaire international (FMI). En finir avec l'anarchie et éviter une chute libre des prix étaient les objectifs des mesures mises en oeuvre depuis 2020. La vox populi en a décidé autrement. Va pour la libéralisation donc, mais à quel prix?