Tunisie: FMI - le vrai du faux

14 Avril 2023

Le FMI est une institution internationale dont l'objectif est de veiller à la stabilité financière internationale. La Tunisie y a adhéré en 1958. Etant membre, elle doit se soumettre, à l'instar des autres membres, aux règles du fonds. Une fois par an, le FMI mène des consultations dans chaque pays membre, dans le cadre du fameux article IV, consultations qui font l'objet d'un rapport sur la situation économique et financière du pays. Cette règle s'applique à tous les pays membres, même qu'ils s'appellent France, Etats-Unis ou Norvège.

Chaque membre a le droit de demander à emprunter de l'argent au FMI, dans le cadre de cette mission de stabilité financière internationale. Et comme pour emprunter de l'argent à une banque, celle-ci s'assure avant d'accorder un crédit, des revenus réguliers et du patrimoine du requérant. C'est la même chose pour les pays, sauf que l'échelle n'est pas la même. Il ne faut pas croire que les dirigeants du FMI se réveillent un beau matin et décident d'imposer un diktat aux pays qui n'ont rien demandé. Mais lorsqu'on veut emprunter, on doit rassurer le prêteur et c'est tout. Il faut donc convaincre le FMI du sérieux de la Tunisie actuelle, parce que les précédents gouvernements prenaient des engagements et ne les tenaient pas. Cela s'est répété un grand nombre de fois. Lorsqu'un pays a des difficultés, sa situation est bien connue dans les milieux financiers internationaux. C'est un cercle vicieux : les pays, comme les organisations multilatérales, refusent de lui prêter. Les banques refusent de faire crédit lorsqu'il s'agit de financer les importations de la Tunisie et exigent un paiement à l'avance ; les assurances de ces pays refusent d'assurer l'opération d'importation, etc.

%

Dans le système financier international, les choses sont organisées ainsi. Cela va des agences de notation qui classent le risque souverain d'un pays, au FMI dont les rapports et les accords sont scrutés. La Tunisie prêterait-elle de l'argent à un pays réputé en difficulté ? Non, bien sûr. Il en va ainsi pour tous. Les prêteurs vont d'abord faire attention à l'existence ou pas d'un accord avec le FMI, à une bonne notation, gages de crédibilité, de stabilité et de solvabilité. Ce qui est normal. Et c'est justement la situation dans laquelle se trouve la Tunisie depuis un moment déjà.

En outre, ces jours-ci, une fausse vérité a pris de l'ampleur et selon laquelle «il faut compter sur nous-mêmes ». A priori, pourquoi pas ? Il faut compter sur soi-même. C'est une excellente chose. Mais compter sur soi, ce n'est pas imprimer de l'argent. Compter sur soi, c'est se redresser, bien gérer les deniers publics, ne pas s'endetter, ne pas vivre au-dessus de ses moyens, avoir conscience des règles d'un fonctionnement sain de l'économie, et avoir une dette soutenable. Si quelqu'un gagne 100 DT, et qu'il doit rembourser 90 DT par mois, sa dette n'est pas soutenable.

L'économie est tellement mal gérée, nous marchons tellement sur la tête, qu'obtenir un prêt du FMI était devenu une boussole, un objectif à part entière. On ne dit pas que le déficit budgétaire est élevé, qu'il faut des réformes ; non, on dit qu'on doit parvenir à s'endetter. C'est comme un bateau qui serait troué, et au lieu de boucher les trous, on est content seulement de le vider, d'écoper.

Les principes d'une bonne gestion sont connus et font l'unanimité dans le monde, il faut qu'ils soient respectés en Tunisie également pour nous en sortir. Faire tourner la planche à billets, et emprunter de l'argent aux banques locales, crée un effet d'éviction des investisseurs, affaiblit le Dinar, aggrave l'inflation et c'est un appauvrissement absolu du pays. Si le taux d'inflation est de 10%, cela signifie que les consommateurs ont perdu 10% de leur pouvoir d'achat en une année. Et si on regarde en détail ceux qui perdent davantage, ce sont les plus pauvres. Les riches arriveront toujours à se débrouiller. C'est comme si un pauvre gagnait 100 DT et qu'on lui soustrayait 10 DT de son budget chaque année. Calculons cela sur plusieurs années. La situation actuelle est tout sauf favorable aux couches populaires et vivant dans la précarité. La seule issue est le travail, le sérieux et une gestion de bon père de famille.

AllAfrica publie environ 500 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.