Ile Maurice: Affaire Franklin - Zoom sur Vicky Juliette

Son nom a été cité avec insistance à l'Assemblée nationale mardi pendant la «Private Notice Question» du leader de l'opposition, Xavier-Luc Duval. Outre le fait que Vicky Juliette soit associé au bail du terrain de chasse de Grand-Bassin, il existerait également un lien bien établi entre Jean-Hubert Celerine et lui...

C'est Bruneau Laurette qui avait évoqué son existence en premier. Il avait cité le nom de Vicky Juliette dans sa lettre datée du 16 février, adressée à la population, de la prison de Melrose. Il avait notamment dit : «Kifer aster Icac pe fer lanket ? Kifer enn denomé Vicky pann ankor interpelé dans case Franklin ? eski pé ena pick and choose ?» Puis, le 13 mars, l'express révélait que la signature de Vicky Juliette figurait sur le contrat du bail du terrain de chasse State Land Dayot et Mangin en tant que vice-président d'Eco Deer Park Association.

Contacté hier, Bruneau Laurette maintient qu'il faisait référence au même Vicky dans sa lettre. Il veut toujours savoir pourquoi la police ou l'ICAC ne l'a jamais interpellé, surtout qu'il est le partenaire d'affaires de Franklin dans la Société Générale de La Gaulette. L'activiste-politicien est convaincu qu'il est trop tard maintenant... «Selon nos informations, Vicky Juliette aurait déjà quitté le pays depuis longtemps. Probablement à destination de Madagascar. J'ai aussi appris qu'il avait quitté Madagascar récemment pour une autre destination inconnue.» Pour Bruneau Laurette, il est facile de savoir si le principal concerné est au pays ou non. «Il suffit que le Passport & Immigration Office (PIO)communique la date et la destination du dernier départ de Vicky Juilette.»

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Au Parlement mardi, Xavier-Luc Duval a donc demandé à Maneesh Gobin s'il savait que Vicky Juliette avait été condamné à 18 mois de prison pour trafic d'héroïne, avant que le terrain à bail de Grand-Bassin ne soit octroyé. L'Attorney General a alors répondu qu'il n'a pas accès à la liste des personnes condamnées tout en ajoutant qu'il accueille cependant l'enquête en cours qui vise à savoir comment Vicky Juliette est partie prenante de ce contrat de bail. On ne sait toutefois pas si Maneesh Gobin faisait référence à l'enquête en cours à l'ICAC ou à une enquête interne dans son ministère.

Selon nos informations, Vicky Juliette serait, avec Shaan Kumar Choolun, un des prête-noms de Franklin pour ce ranch de 600 arpents où, rappelons-le, des rave parties ont été organisées. Le même ranch est au coeur de toute la polémique sur un pot-de-vin allégué à hauteur de Rs 3,5 millions remises au ministre Maneesh Gobin, au PPS Rajanah Dhaliah et à un de leurs proches, Rajesh Ramnarain, qui aurait agi comme facilitateur.

Pour rappel, Xavier-Luc Duval a même déposé un document démontrant que Vicky Juliette a bel et bien été condamné à 18 mois de prison le 26 mars 2015 pour trafic d'héroïne par la cour intermédiaire. Puis, il y a eu une affaire de damaging property by band contre lui en 2017 initiée par la police de Rose-Hill et un cas d'agression avec préméditation en 2018 suivi par la police de Barkly. On ne sait toutefois pas si ces affaires sont toujours en cours à la police ou devant les tribunaux, ou si elles ont été classées. Au cas où ces affaires ne sont pas closes, on se demande si la police est à la recherche de Vicky Juliette.

Demande d'extradition : «Aucune réponse du SLO sur la commission rogatoire»

Les débats autour de la demande d'extradition à l'encontre de Jean Hubert Celerine, alias Franklin, et Jean Désiré Décidé, alias Nono, se sont poursuivis hier avec l'audition du premier secrétaire au ministère des Affaires étrangères, Raj Seetohul. Le témoin a confirmé que tous les détails de la commission rogatoire avaient été envoyés au State Law Office (SLO) et que jusqu'à présent, il n'y a pas eu de réponse. Le représentant du bureau de l'Attorney General, Me Yvon Jean-Louis, a maintenu que les informations entre deux États au sujet de la commission rogatoire sont strictement confidentielles et les divulguer serait un délit criminel. Raj Seetohul n'a, ainsi, pas été en mesure de dire quand le dossier a été envoyé au SLO et quel est son contenu.

Interrogé par l'avocat de Franklin sur le rôle du ministère des Affaires étrangères dans cette affaire, le témoin a expliqué que le ministère a transmis le message des autorités réunionnaises au bureau de l'Attorney General. Me Varma a aussi voulu savoir quand a eu lieu la commission rogatoire et les détails. Le représentant du bureau de l'Attorney General devait objecter à toute question ayant trait à la commission rogatoire faisant ressortir que ces informations sont strictement confidentielles. L'avocat devait insister que pourtant il y a eu des échanges à ce sujet au Parlement. «Parliament is Parliament. It is covered by immunity», a répliqué Me Yvon Jean-Louis. Et la magistrate Shavina Jugnauth d'ajouter: «Mr Varma wants us all to be in contradiction with the law.» L'avocat a aussi fait ressortir que Franklin n'a jamais été entendu malgré la commission rogatoire. Le représentant du ministère a indiqué que le dossier avait été envoyé au State Law Office et que jusqu'à présent il n'y a pas eu de réponse. Le témoin n'a, cependant, pas été en mesure de dire quand le dossier a été envoyé et quel en est le contenu.

Traité d'extradition

Auparavant, Me Varma a interrogé le témoin sur le traité d'extradition entre l'Angleterre et la France, document qui fait débats depuis le premier jour. Au début, le témoin a fait comprendre qu'il est familier avec le traité mais ne peut répondre en tant qu'avocat. Il a fait ressortir qu'une fois un traité est signé, il y a des procédures internes pour informer les institutions concernées. Me Varma a voulu savoir quand le traité a été «gazetted». Le témoin devait répondre qu'il ne peut savoir car c'était à l'époque coloniale, le traité datant de 1878.

La magistrate est intervenue pour demander à Me Varma d'être prudent dans ses questions car le témoin ne peut répondre à des questions à caractère juridique. Cependant, l'avocat a continué avec ses questions sur le traité à l'époque coloniale, ce qui lui a valu une remarque de la magistrate quand il a déclaré : «Your honour is conducting the case for me.» «Be very careful and don't raise your voice with me», a prévenu la magistrate Shavina Jugnauth avant le lever l'audience pour quelques minutes. À la reprise, Me Varma a produit la lettre signée par sir Seewoosagur Ramgoolam le 9 mars 1968 et le témoin n'a toujours pas pu répondre sur ce qui s'est passé à cette époque. Son audition se poursuivra le 20 avril.

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