Le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies a mis en garde, vendredi, contre une réduction imminente de l'aide alimentaire aux réfugiés touchés par la crise au Tchad, à moins qu'un financement urgent ne soit reçu pour combler les importants déficits de financement.
Selon l'agence onusienne basée à Rome, si aucun financement supplémentaire n'est reçu, l'assistance alimentaire s'arrêtera complètement en mai 2023 pour les réfugiés et les personnes déplacées à l'intérieur du pays.
Le PAM a besoin de 142 millions de dollars pour les six prochains mois pour éviter une suspension de son programme d'aide aux réfugiés et fournir une assistance vitale aux communautés touchées par la crise au Tchad.
« Comme ces groupes ont un accès limité aux possibilités de production agricole et pastorale, et un accès insuffisant aux services de base, il est vital de maintenir l'aide alimentaire humanitaire pour répondre à leurs besoins immédiats et critiques, tout en développant des solutions à long terme plus durables avec le gouvernement et les partenaires qui mettent fin à la dépendance des réfugiés à l'égard de l'aide alimentaire », a alerté lors d'un point de presse régulier de l'ONU à Genève, Pierre Honnorat, Directeur et représentant pays du PAM au Tchad.
Près de deux million de personnes en insécurité alimentaire sévère
Bien que le nombre de réfugiés et les besoins augmentent, le PAM continue d'être confronté à d'importantes contraintes de financement pour sa réponse d'urgence en 2023. Même si les réfugiés font partie des bénéficiaires prioritaires, l'agence onusienne en est arrivé au point de devoir réduire son plan de 455.000 réfugiés pour ne soutenir qu'un peu plus de 270.000 réfugiés en avril.
En soutien au gouvernement, le PAM vise à atteindre 4 millions de personnes en 2023. Cela comprend 2,2 millions de personnes bénéficiant d'une aide alimentaire d'urgence.
Mais en attendant, l'arrêt prochain de l'aide sera immédiatement préjudiciable à la santé des populations vulnérables, en particulier à la sécurité alimentaire, à la nutrition et à la protection des réfugiés et des populations d'accueil.
« L'incapacité à satisfaire les besoins alimentaires des ménages peut les exposer à des menaces de protection, à une dépendance accrue à l'égard du retrait des enfants de l'école, du travail des enfants, y compris des travaux dangereux, des mariages d'enfants et des mariages forcés, et du recrutement dans des groupes armés, entre autres », a ajouté M. Honnorat.
Cette alerte du PAM intervient alors que ce pays d'Afrique centrale risque de connaître en 2023 « sa quatrième année consécutive d'insécurité alimentaire sévère très élevée, avec près de 1,9 million de personnes en insécurité alimentaire sévère pendant la période de soudure de juin à août - qui est le pic de la saison de la faim avant la prochaine récolte. Dans le même temps, plus de 1,3 million d'enfants souffriront de malnutrition aiguë.
Hausse de 65% du nombre d'admissions d'enfants malnutris dans les camps de réfugiés
Selon l'agence onusienne, cette situation aura de graves répercussions sur les réfugiés et les Tchadiens, qui ont déjà souffert de la pire période de soudure depuis dix ans l'année dernière, ainsi que des inondations les plus dévastatrices depuis 30 ans au cours du second semestre de 2022. Pour le PAM, cette situation met en évidence la nécessité d'une aide alimentaire et nutritionnelle urgente et vitale.
« Nous avons déjà constaté que la situation des réfugiés en matière de nutrition et de sécurité alimentaire s'est progressivement détériorée au cours des deux dernières années, avec des niveaux très élevés de malnutrition aiguë, plus de 19% chez les enfants de moins de cinq ans dans certains camps, et 42% de malnutrition chronique, avec une augmentation de 65% du nombre d'admissions d'enfants malnutris dans les programmes de traitement dans les camps de l'est du pays », a dit M. Honnorat.
Le Tchad accueille 600.000 réfugiés, soit plus que tout autre pays d'Afrique occidentale et centrale. La population de réfugiés se compose principalement de personnes ayant fui l'instabilité politique, les troubles sociaux et l'insécurité dans les pays voisins (Cameroun, République centrafricaine, Nigéria et Soudan).