Congo-Kinshasa: Kibumba - Plus de 50 miliciens interpellés par les FARDC

Après l'accalmie observée depuis plusieurs semaines sur les fronts avec le M23 au Nord-Kivu, des tirs d'armes ont été entendus mercredi 12 avril, au Mont Nyundu dans le groupement de Kibumba dans le territoire de Nyiragongo près de Goma. Une situation qui a failli mettre en péril le processus du désengagement du M23 soutenu par l'armée rwandaise. Les experts se sont accordés à reconnaitre que ces forces du M23 et RDF se retirent progressivement des villages et cités qu'ils avaient conquis par les armes depuis juin 2022. La force régionale Est-africaine se déploie dans ces zones.

Tout est rentré dans l'ordre quelques heures plus tard. Les FARDC ont indiqué qu'elles restent sur ses positions et observent le cessez-le-feu en cours. Au total, 59 jeunes miliciens appelés les «Wazalendo», ont été interpellés par les Forces Armées de la République démocratique du Congo.

Le porte-parole des FARDC au Nord-Kivu, le lieutenant-colonel Guillaume Ndjike, a fait savoir que ces jeunes ont agi de leur propre gré, n'ont aucun lien avec les FARDC avant d'ajouter que l'armée congolaise met tout en oeuvre pour faire respecter le cessez-le-feu décidé lors de différents sommets de la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC).

Et de préciser que les échanges de tirs au niveau du Mont Nyundu dans le groupement Kibumba, une position autrefois occupée par les M23 et qui était censée être déjà libérée par le M23. «Ces jeunes gens ne sont pas contrôlés par les FARDC, ce sont des gens qui se trouvent dans leurs milieux naturels et agissent de leur propre gré», a-t-il enchaîné.

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Pour le Colonel Guillaume Ndjike Kaïko, ces jeunes étaient munis de quatre armes de type AK47, ainsi que des machettes et lances.

Massacre après le départ du M23 de Kishishe

Le M23 s'est désengagé de la zone de Kishishe au centre du territoire de Rutshuru, proche du parc des Virunga. Un petit ensemble de villages dont le nom est désormais lié à un massacre que le M23 aurait commis à la fin du mois de novembre 2022. Selon l'ONU, près de 170 civils y ont été tués, entre 30 et 50 selon des organisations de défenses des droits de l'homme, alors que le groupe armé évoque la mort de huit personnes dans les affrontements. Les populations qui avaient fui sont en train de regagner la zone et une équipe de journalistes de l'AFP a pu se rendre sur place pour recueillir des témoignages.

C'est la première fois que des journalistes se rendent à Kishishe de manière indépendante depuis les événements de novembre dernier. L'équipe de l'AFP dit être arrivée sur place le 5 avril, soit trois jours après le départ des éléments du M23. Les témoignages rapportés recoupent les informations qui remontent du terrain ces derniers jours qui confirment l'hypothèse d'un massacre commis dans ce regroupement de villages d'un millier d'habitants.

Depuis le retrait des rebelles, les forces de la communauté Est-africaine sont attendues sur place, mais en attendant, « il n'y a plus d'autorités militaire, confie une source locale. Certains chefs coutumiers sont rentrés et c'est eux qui gèrent les affaires courantes. »

Porte-à-porte

Le 29 novembre, les rebelles, entrés dans la cité, ont fait du porte-à-porte. « Ils ont commencé à tuer dans tous les sens », décrit à l'AFP un habitant qui évoque aussi une tuerie dans l'Eglise adventiste ou s'était réfugié une partie de la population. Sur le nombre de victimes, les bilans divergent. Il faudra attendre les résultats des enquêtes demandées par les autorités locales.

«Ossements»

«Dans la zone de Kishishe, on retrouve actuellement beaucoup d'ossements, explique Isaac Kibira, un responsable de l'administration. On a alors fait passer le message aux populations pour qu'elles ne touchent rien. Il faut garder les preuves pour ces enquêtes ». Il ajoute comme d'autres habitants de la zone vouloir comprendre ce qu'il s'est véritablement passé à Kishishe : « Ailleurs, le M23 n'a pas commis les mêmes massacres. Pourquoi ici ? Pourquoi cet ordre a été donné ? Les responsables du M23 connaissent l'identité des auteurs. Ils doivent être jugés », estime Isaac Kibira.

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