Afrique: Crise de la dette - Il faut agir maintenant

À l'occasion des Réunions de printemps du Groupe de la Banque mondiale et du FMI qui se tiendront cette semaine, je plaiderai avec force en faveur de solutions de développement robustes, à même de relever les défis de plus en plus nombreux qui se posent aux pays en développement. Trouver une issue à l'impasse dans laquelle se trouvent les processus de restructuration de la dette, en particulier pour les pays les plus pauvres du monde, sera au centre des discussions.

Mercredi, aux côtés de la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, et de la ministre indienne des Finances, Nirmala Sitharaman, je coprésiderai une réunion de la table ronde mondiale sur la dette souveraine. Avant cela, j'animerai un débat sur la dette et la croissance avec quatre intervenants très impliqués : Ahmed Shide, ministre éthiopien des Finances, Nigel Clarke, ministre jamaïcain des Finances et de la Fonction publique, Raghuram Rajan, ancien gouverneur de la Banque centrale de l'Inde, et Tina Vandersteel, responsable des investissements dans les pays émergents chez le gestionnaire d'actifs GMO. Ce sujet sera également à l'ordre du jour de ma conversation avec Bill Rhodes (a) lors de la réunion annuelle du Bretton Woods Committee, et je suis impatient de participer à tous ces échanges, car ils nous permettront de nous pencher sur la crise elle-même, mais aussi sur les enjeux de la transparence et la viabilité de la dette.

« Il est urgent d'avancer, car les pays doivent parvenir à un endettement transparent et viable afin de relancer des investissements qui sont au point mort. »

Au moment où nous réunissons la table ronde mondiale sur la dette souveraine, je constate que nous sommes face à deux problèmes majeurs : le processus de restructuration n'avance guère et il n'y a pas encore eu suffisamment de discussions sur les moyens à mettre en oeuvre pour assurer la viabilité de la dette . Les créanciers passent beaucoup trop de temps à discuter de questions qui devraient faire l'objet d'un accord préalable, à savoir les étapes du processus de restructuration, la procédure et le calendrier de réconciliation des dettes, et les modalités de gestion des échéances. Et le débat le plus important -- comment mesurer et appliquer la comparabilité du traitement de la dette, à savoir le partage équitable de la charge entre les créanciers lors d'une restructuration -- est toujours ouvert. Tous ces sujets sont inhérents à chaque restructuration et doivent être discutés et approuvés. Cette table ronde pourrait au moins lancer la discussion. Il faut aboutir à un consensus sur ces points pour passer à l'étape suivante, qui est vraiment fondamentale pour les pays dont la dette est insoutenable : trouver les moyens de restructurer la dette de manière à la rendre viable.

Et il est urgent d'avancer, car les pays doivent parvenir à un endettement transparent et viable afin de relancer des investissements qui sont au point mort. La Banque mondiale a élargi son soutien financier aux pays à haut risque et en situation de surendettement, alors que nombre d'autres créanciers ont cessé de fournir des financements indispensables. L'IDA maintient des flux positifs très importants, procure un allègement implicite de la dette grâce à ses conditions préférentielles et augmente encore la concessionnalité, y compris par l'octroi de financements constitués à 100 % de dons.

En prévision de la table ronde, les services de la Banque mondiale et du FMI ont élaboré des propositions concrètes pour lever certains de ces obstacles, que les membres de la table ronde pourront examiner et valider. Les analyses conjointes de la Banque mondiale et du FMI sur la viabilité de la dette seront communiquées en même temps à tous les créanciers concernés. La transparence et le partage de l'information faciliteront le calcul du montant de l'allègement nécessaire de la dette. De même, le processus de restructuration peut être accéléré et fiabilisé en fixant des délais précis pour les étapes importantes, notamment la formation du comité des créanciers, la fourniture de garanties de financement et, surtout, la signature de l'accord de restructuration de la dette lui-même.

Pour rendre le processus plus rapide et répondre aux préoccupations concernant l'inégalité de traitement entre les créanciers, nous avons besoin de conclure très vite un accord sur la manière d'évaluer et de mettre en oeuvre le partage des charges. J'aimerais également que l'on envisage sérieusement un « moratoire » de la dette, c'est-à-dire une suspension formelle du service de la dette à la demande du pays débiteur au début du processus de restructuration et pour le traitement des arriérés accumulés pendant le moratoire. De telles mesures favoriseraient la restructuration, contribueraient à la prévisibilité du processus et éviteraient de saper la capacité de remboursement des débiteurs.

Les Réunions de printemps seront l'occasion de réaliser des progrès sur les cas individuels de certains pays. En ce qui concerne la Zambie, je suis rassuré de voir que les services du FMI sont parvenus à un accord sur la première revue du programme, et j'espère que la réunion du comité des créanciers publics de la semaine prochaine débouchera sur de bons résultats. Si nous parvenons dans les jours à venir à un accord sur la restructuration de la dette de la Zambie, conformément à l'analyse conjointe de la viabilité de la dette réalisée par la Banque mondiale et le FMI, ce sera un grand soulagement pour le peuple zambien ainsi qu'un sérieux coup de pouce à la croissance, de même qu'un signal clair de progrès sur le front du cadre commun du G20.

Pour le Ghana, je me félicite que les réunions techniques soient en cours. Alors que nous attendons tous la mise en place du comité des créanciers publics, il est encourageant de voir les travaux techniques avancer. Enfin, il est indispensable de progresser plus rapidement dans la restructuration de la dette de l'Éthiopie, alors même que les autorités s'attaquent à des problèmes structurels profonds, en particulier l'unification du taux de change.

Face à l'aggravation de la crise de la dette, nous devons aborder les réunions de la semaine à venir avec détermination et en étant conscients de l'urgence de la situation. Le moment est venu pour toutes les parties de passer des paroles aux actes.

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