Ile Maurice: Affaire Telegram - La police impuissante face aux dérives virtuelles

Cela fait deux ans que le scandale Telegram a éclaté avec des photos de milliers de femmes, jeunes filles et mineures partagées dans des groupes sans filtres. Depuis que l'affaire a été rendue publique, rien n'a été fait et ces groupes sont toujours actifs.

Les plateformes sont dynamiques. Elles se créent, elles disparaissent, les membres bougent de l'une à l'autre. Mais le contenu reste le même : des photos nues ou en sous-vêtements de filles avec leur numéro de téléphone. La semaine dernière encore, une jeune fille en a fait les frais. Elle était chez elle vendredi lorsqu'elle a reçu une photo d'elle en sous-vêtements d'un numéro inconnu. «Dimounn la inn dimann mwa si momem sa. Mo mem pa konn li.» Il s'agissait, encore une fois, de revenge porn car cette photo envoyée avait été prise pendant un moment intime avec son ex. La jeune femme soupçonne la nouvelle copine de l'ex d'être à l'origine de la fuite.

Depuis vendredi, lorsque sa photo a été partagée, elle a été submergée d'appels d'inconnus. Elle décide donc de se rendre à la Cybercrime Unit pour porter plainte. La plainte est enregistrée, les policiers sont gentils. Mais l'aveu est de taille. Comme le profil qui a partagé la photo était anonyme et avait déjà été supprimé, il ne sera pas possible de le retracer. «Ils ont dit que la seule chose qu'ils peuvent faire est de supprimer les groupes. Mais ils ont aussi dit que d'autres groupes peuvent apparaître et que la photo peut être repartagée. Donc il faudra constamment surveiller», relate la jeune fille.

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Pour rappel, l'ampleur de cette affaire avait été rendue publique en avril 2021. Un policier de la Cybercrime Unit avait même été arrêté. Le ministère de l'Égalité des genres avait mis en place un comité technique et la police avait démarré une enquête. Depuis, il ne s'est absolument rien passé, si ce n'est que les groupes se sont multipliés. Hier, un nouveau groupe au nom très explicite de Mru 2023 nude comptait 2 999 membres et d'autres y étaient rajoutés à tour de bras.

Cependant, si les autorités se disent impuissantes, d'autres ont trouvé la technique pour faire disparaître les groupes. Un témoin avance qu'à plusieurs reprises, il a infiltré les groupes, a fait des captures d'écran et a ensuite prévenu, dans le groupe, qu'il comptait remettre toutes les informations à la police. «On parle de Telegram mais ces groupes existent sur Messenger aussi», tient-il à préciser. Généralement, cela suffit à faire fuir les membres et les administrateurs du groupe. Malheureusement, face à l'inaction de la police, les groupes refont surface peu de temps après.

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