Ile Maurice: Collectif Arc-en-Ciel - La thérapie par l'art pour se découvrir

Les projets s'enchaînent au Collectif Arc-en-Ciel. Le deuxième groupe d'«art therapy» débute demain. L'occasion pour Jean-Daniel Wong, le directeur de l'ONG, de faire le bilan et de présenter les projets futurs pour améliorer la condition de vie de la communauté LGBTQIA+.

Le premier batch était composé de neuf personnes. «C'est gratuit et cela vise à aider à mieux découvrir son orientation sexuelle. Si le participant a des questions, il peut les poser dans un cadre où il peut s'extérioriser à travers l'art», explique le directeur du Collectif Arc-en-Ciel (CAEC). L'atelier, animé par Clémence Soupe, comprend diverses formes d'art. «Cette thérapie aide beaucoup car aller vers des psy est toujours difficile à Maurice.» Mais ce projet n'est pas nouveau. Avant l'ère Covid, l'art therapy était déjà à l'agenda du collectif et connaissait un franc succès. «Avec le renouveau du collectif, nous avons pensé que cette activité continuera à plaire aux personnes de la communauté.» Les séances ont lieu le samedi, de 13 heures à 15 heures, au CAEC à Quatre-Bornes. Cependant, il n'y aura pas de sessions en juin car plusieurs autres activités auront lieu pendant la Pride Month, en amont de la marche. Au programme : sensibilisation dans les entreprises ou festival de films, entre autres.

Qu'en pensent les participants ? «Les séances d'art therapy m'ont aidé à extérioriser des choses qui étaient cachées en moi. Les échanges avec les autres m'ont permis de me rendre compte que nous faisons tous face à des situations difficiles dans notre quotidien», explique une des participantes du premier batch. Ally, 45 ans, en faisait partie aussi. Il avance que cela lui a permis d'avoir plus de confiance en lui-même. «Mais le plus important a été le fait que ces sessions m'ont aidé à débloquer mes peurs», dit-il. Quant à Stacy, elle revient sur la difficulté d'utiliser les mots. «Des fois, il y a des mots que je ne sais pas dire. Il y a des émotions que je ne sais pas exprimer. C'est là que l'art m'a aidée à m'exprimer et à rendre possible l'extériorisation de tout cela», avance la jeune fille de 22 ans.

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«Counselling» aux parents bientôt

Un autre projet visant à aider la communauté LGBTQIA+ est le «counselling» aux parents, qui sera lancé à la fin d'avril. «Cela vise à accompagner les parents qui, souvent, sont pris de court lorsque leur enfant a une orientation ou une identité différente. Ou lorsqu'ils passent par le 'coming-out'. Même si, aujourd'hui, nous avons un accès plus facile à l'information, il y a quand même ce 'generation gap' dans une société très conservatrice.» Après le bien-être mental, il y a aussi le bien-être physique. Tous les mercredis, de 18 heures à 19 h 30, et les samedis, de 15 heures à 16 h 30, des sessions de zumba sont organisées dans les locaux du CAEC. Quant au dépistage, la date ne change pas. Cela reste toujours tous les samedis au collectif. Jean-Daniel Wong avance que depuis le renouveau du collectif, l'accent est mis sur la socialisation aussi. Les soirées sont plus fréquentes et bientôt, un café «gay-friendly» sera lancé en partenariat avec le Chef Yu.

Questions à Clémence Soupe, art-thérapeute : «Le but est d'exprimer ce qu'on arrive pas à dire à travers les mots»

Tout d'abord, c'est quoi la thérapie par l'art ?

L'art-thérapie est une forme d'accompagnement psychologique qui utilise l'outil artistique comme moyen d'expression. Pour certains grands artistes, l'art permettait de laisser entrevoir un état d'esprit, comme un défouloir. La parole n'est pas au centre de la séance ; nous favorisons la création et l'action pour exprimer nos émotions du moment ou nos pensées. Plusieurs formes d'art peuvent être utilisées en séance. Pour ma part, je passe par l'art-plastique, mais également par l'expression corporelle et vocale. Mais ce qui est important de souligner en art-thérapie, c'est que l'on ne cherche pas à devenir artiste ni à être dans une performance. En art-thérapie, c'est l'acte de créer qui compte avant tout. Mettre en mouvement par le corps ou sur le papier ce qui nous pèse, ce qui nous pose question et que l'on n'arrive pas à exprimer par les mots. La créativité et l'art nous aident à évoluer et à grandir mais aussi à nous apaiser.

Vous êtes l'animatrice des ateliers d'«art therapy» du CAEC. Quel en est le but ?

Ces ateliers sont proposés aux membres du CAEC pour les aider à se ressourcer, et leur offrir un espace de développement et d'expression. Une thématique générale nous rassemble durant ces sessions d'art-thérapie et chaque séance est en lien avec cette large thématique : affirmer son identité. Le but est de trouver en nous les ressources nécessaires pour mieux s'affirmer, prendre confiance en soi, tout en s'appuyant sur le collectif pour nous aider dans notre cheminement personnel.

Comment se déroule les ateliers ?

Tout atelier démarre par un temps d'accueil, d'échanges, puis, après quelques instants d'ancrage, nous abordons le thème du jour en lien avec l'affirmation de soi. Individuellement ou collectivement, je guide pas à pas les participants dans leur temps de création. Nous prenons le temps ensuite d'échanger sur ce que nous avons produit, sur ce que cela a réveillé en nous. Chaque personne est libre d'exprimer ce qu'elle ressent ou, au contraire, le garder pour elle. Nous avançons tous à un rythme différent. À la fin de la séance, je me rends disponible pour tous ceux qui souhaiteraient échanger en one-to-one. J'oriente aussi, au besoin, la personne vers la psychologue du collectif, selon sa problématique. C'est l'avantage de travailler en équipe.

Depuis le début, quelle évolution avez-vous constaté auprès des participants ?

Au fil des séances, j'ai remarqué que les personnes prenaient le temps d'échanger avec de plus en plus d'aisance, avec moi, mais aussi avec les autres participants sur la séance du jour. Beaucoup font le lien avec ce que nous avons partagé lors des séances précédentes. Le simple fait que la majorité des personnes reviennent chaque samedi est un bon signe et montre qu'il y a une envie de se transformer.

Quel est le bilan du premier «batch» de participants ?

J'ai reçu de très bons retours. Mais je ne serais pas la plus objective pour répondre à cette question !

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