À Djibouti, un responsable de l'opposition est en détention depuis le 11 avril. Ahmed Ali Mohamed, secrétaire à l'organisation d'une des branches du parti ARD, avait été convoqué au commissariat central après une plainte pour diffamation déposée contre lui par le ministère de l'Intérieur. L'opposant a été transféré à la brigade criminelle et mis en garde à vue. L'ARD dénonce une arrestation arbitraire.
Ses déboires font suite à un communiqué, fin mars, après un incident dans le camp de réfugiés de Markazi, dans le nord du pays, où se trouvent notamment plus de 370 Érythréens.
Dans sa déclaration, Ahmed Ali Mohamed affirme que Djibouti souhaite déplacer ces Érythréens dans le sud. Ces réfugiés et demandeurs d'asile se seraient opposés à leur relocalisation, entraînant une intervention musclée des forces de sécurité qui en auraient frappé certains, faisant des blessés.
Une répression « intolérable, inadmissible », aux relents ethniques, selon le parti, qui renvoie à des vidéos sur Internet.
La préfecture d'Obock a dénoncé des propos « calomnieux » et « infondés » de l'ARD. Elle parle de vidéos mises en scène. Selon elle, ce seraient les demandeurs d'asile qui auraient fait preuve d'incivilité.
Le gouvernement projette bien de déplacer les Érythréens dans le sud, à Ali Addeh, où se trouvent déjà plus de 650 d'entre eux. Selon Daoud Houmed, porte-parole de la majorité, il s'agit de « répartir équitablement les réfugiés dans les structures d'accueil, selon les besoins et places disponibles ».
Mais il insiste sur le fait que les forces de l'ordre n'avaient frappé personne.
Selon une bonne source dans le camp, ce 28 mars, une opération d'enregistrement routinière était en cours. Certaines personnes ont exprimé un mécontentement sans lien avec la relocalisation, entraînant une agitation nécessitant l'envoi d'une ambulance.
« Des gens ont filmé et mis en ligne, faisant penser à des violences. Mais les forces de l'ordre n'ont brutalisé personne », confie cette source. Elle précise que les autorités sont venues assurer la sécurité. Quant aux réfugiés, « ils ont toujours vécu en harmonie à Djibouti », ajoute cet interlocuteur.
De son côté, le parti d'opposition RADDE demande la libération d'Ahmed Ali Mohamed. Le mouvement dit qu'au lieu d'ouvrir une enquête impartiale sur les accusations de violences envers les réfugiés, « le régime s'est précipité pour étouffer l'information et emprisonner le lanceur d'alerte ».